Question de M. MARC François (Finistère - SOC) publiée le 14/05/2004

Question posée en séance publique le 13/05/2004

M. François Marc. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre, et je le remercie d'être arrivé à point nommé.

Mme Nicole Borvo. Ah oui, à point nommé !

M. François Marc. Elle concerne ce que beaucoup appellent aujourd'hui « les incohérences de la politique économique du Gouvernement ».

Les promesses que votre gouvernement a fait miroiter il y a deux ans n'ont en rien été suivies des résultas escomptés. Monsieur le Premier ministre, votre méthode ne marche pas !

M. René-Pierre Signé. Non !

Mme Nicole Borvo. C'est vrai !

M. François Marc. Vous vouliez créer la confiance : la consommation et l'investissement ne décollent pas. Vous annonciez une maîtrise accrue des finances publiques : le déficit a presque triplé en deux ans.

M. Josselin de Rohan. Ce sont des mots !

M. François Marc. Votre ministre de l'économie prédisait ici même une croissance allant jusqu'à 3 % en 2003 : elle n'a atteint que 0,5 %. On compte 170 000 chômeurs de plus entre mai 2002 et mars 2004. Le pouvoir d'achat est en baisse.

M. Joël Billard. Et la cagnotte ?

M. François Marc. Vous avez déclaré récemment que les deux années qui viennent de s'écouler ont permis à la France de se remettre dans le bon sens.

M. Serge Vinçon. Oui !

M. François Marc. On comprend que les Français soient très inquiets en entendant de tels propos, d'autant que désireux de garder le cap, vous annoncez la continuité d'une politique libérale de l'offre, dont on voit les résultats décevants.

Mais l'inquiétude vient surtout du constat de très grande confusion au sommet de l'Etat. En effet, alors que vous faites la critique du volontarisme économique et de l'Etat providence, M. le Président de la République tient des propos tout à fait inverses, en préconisant, ces jours derniers, une action forte de l'Etat pour l'emploi et la cohésion sociale.

Dans un registre différent, un registre d'ailleurs bien à lui, votre nouveau ministre des finances s'affranchit du catéchisme libéral gouvernemental en parlant d'un nécessaire soutien à la consommation et annonce une série de mesures à effet médiatique assuré.

Il est clair, monsieur le Premier ministre, que les Français ne s'y retrouvent plus du tout dans les déclarations contradictoires et les actions décousues de votre politique économique.

Pour l'emploi, vous nous disiez pouvoir compter sur la responsabilisation accrue des chefs d'entreprise.

MM. Josselin de Rohan et Alain Gournac. La question !

M. François Marc. Or, vous ne récoltez qu'une flambée indécente des stock options et des salaires patronaux.

M. Dominique Braye. La question !

M. François Marc. Monsieur le Premier ministre, les Français ont aujourd'hui le sentiment que l'action gouvernementale prépare mal l'avenir du pays. Comment comptez-vous corriger les incohérences de la politique économique du Gouvernement ?

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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie publiée le 14/05/2004

Réponse apportée en séance publique le 13/05/2004

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Cette question tombe à point, car elle permet au Gouvernement de dire aux Français que la croissance est de retour,...

Mme Nicole Borvo. Vous avez considéré que ce n'était pas possible.

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat. ...et cela devrait réjouir tous ceux qui pensent à ceux de nos compatriotes qui, malheureusement, n'ont pas encore d'emploi.

Quels sont les éléments qui nous permettent de dire que la croissance est de retour ?

M. Paul Raoult. Cela fait un an qu'il dit cela.

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat. L'INSEE a annoncé, il y a moins de quarante-huit heures, que la croissance avait été de 0,8% au premier trimestre 2004. Tous les Français devraient se réjouir de ce chiffre, même les membres du groupe socialiste. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Claude Estier. Nous nous en réjouissons !

Mme Nicole Borvo. Le chômage a augmenté !

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat. Mais ce n'est pas tout. Ce matin même, la Banque de France vient d'annoncer une prévision de croissance de 0,6°%pour le deuxième trimestre 2004. Tout le monde, y compris le groupe socialiste, devrait applaudir cette prévision. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Bernard Piras. Et le chômage ?

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat. Mais ce n'est pas tout. L'OCDE vient d'annoncer ses prévisions pour l'économie française en 2004. Alors même que le Gouvernement, prudemment et sagement, avait parié sur une croissance de 1,7 %, l'OCDE vient d'annoncer que l'économie française devrait réaliser une performance de 2 % en 2004.

Mme Danièle Pourtaud. Et combien d'emplois en moins ?

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat. Ce n'est pas tout. Dans le même temps, l'OCDE rappelait que la moyenne des économies dans la zone euro serait de 1,6 %. Cela signifie donc que la France fait mieux que la moyenne de la zone euro et la quasi-totalité des pays de ces pays. (Applaudissements sur les mêmes travées.)

M. Jacques Mahéas. Deux fois moins que la moyenne mondiale !

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat. Je ne doute pas qu'avec la cohérence bien connue du parti socialiste si la France avait fait moins vous nous l'auriez reproché et vous auriez dit que c'était la faute de l'absence de politique économique du Gouvernement. Comme la France fera mieux, je ne doute pas qu'avec la même cohérence vous nous en féliciterez.

M. Paul Raoult. Trucage !

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat. Quand nous ne nous situons pas au-dessus de la moyenne, c'est notre faute ; quand nous sommes en dessous, ce ne l'est plus ! (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)

Dernier point, il faut faire plus et mieux. Plus, parce que nous devons créer davantage d'emplois,...

M. Jacques Mahéas. C'est le contraire en ce moment !

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat. ...et c'est un véritable problème. Comment allons-nous le faire ?

Premièrement, en réduisant les déficits que vous nous avez laissés, parce qu'ils minent la confiance (Protestations sur les travées du groupe socialiste et applaudissements sur les travées de l'UMP.).

Deuxièmement, en faisant les réformes de structure que vous n'avez pas faites !

M. Dominique Braye. Très bien !

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat. Troisièmement, en soutenant la demande, notamment en permettant la déduction des intérêts pour les prêts à la consommation, ce que vous n'avez pas fait non plus.

M. René-Pierre Signé. C'est lamentable !

M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat. Merci, monsieur le sénateur, de m'avoir permis de rappeler la politique économique du Gouvernement.

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