Question de M. BRET Robert (Bouches-du-Rhône - CRC) publiée le 14/04/2006

Question posée en séance publique le 13/04/2006

M. le président. La parole est à M. Robert Bret. (Applaudissements sur les travées du groupe CRC.)

M. Robert Bret. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

M. Roland Muzeau. Il n'est pas là ! (M. le Premier ministre entre dans l'hémicycle et gagne le banc du Gouvernement. - Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. Robert Bret. Ah, le voilà ! (Exclamations sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.) Il suffisait de le demander ! (Sourires.)

Monsieur le Premier ministre, vous avez enfin cédé : vous avez dû vous résoudre au retrait du CPE !

En janvier, vous disputiez la paternité de ce contrat au président de l'UMP. Aujourd'hui, personne ne veut de la dépouille ! Reconnaissez-le enfin : vous avez été battus !

Je tiens à saluer cette victoire du mouvement social. (Oh ! sur les travées de l'UMP.) Les salariés, les étudiants, les lycéens ont mené, dans l'unité, un combat déterminé et responsable pour abattre cette disposition visant à institutionnaliser la précarité et à livrer sans défense les jeunes salariés à l'arbitraire patronal.

Avec votre majorité, vous avez subi une défaite. Vous devez l'assumer. De grâce, monsieur le Premier ministre, ne faites pas lâchement payer l'addition à des jeunes qui n'ont eu qu'un seul tort, celui de ne pas vouloir du CPE !

Aussi, nous nous opposons à l'acharnement répressif et judiciaire (Exclamations sur les travées de l'UMP) et nous vous demandons l'amnistie des jeunes anti-CPE.

M. Josselin de Rohan. Et les « casseurs » ?

M. Robert Bret. Ce mouvement massif, toutes générations confondues, portait loin, dessinait une voie aux antipodes du libéralisme et de votre politique. Cette victoire, que vous avez tant de mal à admettre, montre le chemin.

Les jeunes ont dénoncé avec raison la loi dite « de l'égalité des chances » et son cortège de mesures inégalitaires...

M. André Lardeux. Quelle est la question ?

M. Robert Bret. ...telles que l'apprentissage à quatorze ans, le travail de nuit à quinze ans, le contrat de responsabilité parentale.

Les jeunes et les salariés exigent aujourd'hui que le contrat nouvelles embauches, le CNE, soit abrogé : ils ont raison ! Il faut en effet rappeler que le CNE s'applique aux jeunes comme à tous dans les entreprises de moins de vingt salariés. Il comporte aussi une période d'essai de deux ans et l'absence de motivation de la fin de contrat. Pour l'essentiel, il se substitue à des emplois existants.

M. Dominique Leclerc. La question !

M. Robert Bret. Ensemble, les organisations syndicales de salariés, de lycéens et d'étudiants exigent l'ouverture de véritables négociations sur la précarité et l'emploi, des moyens à la hauteur des besoins pour l'éducation nationale, de la maternelle à l'université, et pour un véritable statut de l'étudiant. (Brouhaha sur les travées de l'UMP.)

M. le président. Mes chers collègues, un peu de silence, s'il vous plaît !

M. Robert Bret. Comment votre gouvernement entend-il favoriser l'ouverture sans délai de ces discussions ?

Monsieur le Premier ministre, allez-vous cesser le jusqu'au-boutisme libéral (Oh ! sur les travées de l'UMP),...

M. Dominique Braye. Stalinien !

M. Robert Bret. ...comme l'atteste le projet de privatisation de GDF, dont l'examen est annoncé pour le mois de juin, dans la perspective d'une fusion avec Suez ?

Monsieur le Premier ministre, allez-vous cesser la surenchère au profit de la finance et du patronat ? Allez-vous enfin écouter le peuple ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

M. Josselin de Rohan. C'est poussif !


Réponse du Ministère délégué à l'emploi, au travail et à l'insertion professionnelle des jeunes publiée le 14/04/2006

Réponse apportée en séance publique le 13/04/2006

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué. (Applaudissements sur les travées de l'UMP. - Protestations sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

M. Robert Bret. Ce n'est pas le Premier ministre qui répond ?

M. René-Pierre Signé. Il ne sait pas quoi dire !

M. Gérard Larcher, ministre délégué à l'emploi, au travail et à l'insertion professionnelle des jeunes. Monsieur Robert Bret, depuis ce matin, nous débattons ici même de la proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, ayant pour objet d'apporter un certain nombre de réponses à une urgente nécessité : résoudre la question du chômage très élevé des jeunes éloignés de l'emploi.

M. René-Pierre Signé. Il est temps !

M. David Assouline. On a perdu du temps !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. Entre le 16 janvier et le 12 avril, le chômage des jeunes n'a guère régressé, la situation que nous avons connue aux mois d'octobre et de novembre derniers dans nos banlieues...

M. Yannick Bodin. S'est détériorée !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. ...n'a guère évolué, avec des taux de chômage compris entre 40 % et 50 % dans les 700 quartiers difficiles de notre pays. Voilà la réalité !

Le Gouvernement entend y répondre immédiatement par des mesures fortes, telles que l'insertion professionnelle, l'insertion dans l'entreprise des jeunes les plus éloignés de l'emploi. Nous aurons encore l'occasion d'en débattre tout au long de l'après-midi.

M. David Assouline. Vous êtes un bon petit soldat !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. Après le temps d'écoute constructive souhaité par le Président de la République et par le Premier ministre autour des présidents de groupe de la majorité, nous allons maintenant procéder à une large concertation avec les partenaires sociaux, les organisations étudiantes et de jeunesse...

M. Yannick Bodin. Enfin !

M. Robert Bret. Il est temps !

M. Jean-Pierre Michel. Quel humour, monsieur le ministre !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. ...autour de l'insertion professionnelle des jeunes, parallèlement à un débat sur les liens entre l'université et l'emploi, sous l'autorité de Gilles de Robien et de François Goulard. Naturellement, des questions d'orientation, d'évaluation, de professionnalisation de l'université se posent afin de mieux répondre aux besoins et aux attentes de ceux qui, demain, seront les diplômés de l'université.

Enfin, il appartient aux partenaires sociaux de se saisir d'un certain nombre de sujets et de les traiter aussi entre eux. Qu'il s'agisse des différentes formes de précarité ou de flexibilité, nous attendrons leurs propositions. Puisque certains n'ont eu de cesse de nous réclamer le dialogue social, il appartient aux partenaires sociaux, au-delà des mots, des slogans ou des attitudes, de nous faire des propositions ! (Marques d'approbation et applaudissements sur les travées de l'UMP, de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. René-Pierre Signé. Il a fallu trois mois pour en arriver là !

Mme Marie-France Beaufils. Vous n'avez pas répondu sur GDF et Suez !

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