Question de M. BODIN Yannick (Seine-et-Marne - SOC) publiée le 30/06/2006

Question posée en séance publique le 29/06/2006

M. le président. La parole est à M. Yannick Bodin.

M. Yannick Bodin. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Monsieur le ministre, l'annonce faite par le Gouvernement de la suppression de 15 000 postes dans la fonction publique, dont la moitié dans l'éducation nationale, inquiète profondément l'ensemble de la communauté éducative, et l'opinion en général.

Vos discours parlent de l'avenir de la jeunesse mais, selon la pratique habituelle de votre gouvernement, après les effets d'annonce suit la triste réalité, qui marque un nouveau renoncement.

De tous les ministères, celui de l'éducation nationale sera le plus touché : 8 500 postes seront supprimés dans l'enseignement scolaire. Vous allez sans doute nous répondre que les postes diminuent parce que les effectifs scolaires sont en baisse.

M. Dominique Braye. Vous avez trouvé cela tout seul ?

M. Yannick Bodin. Bref, pour vous, c'est une simple opération comptable. Or, c'était pourtant une belle occasion d'améliorer la qualité de l'enseignement. Il est donc inopportun de ne pas remplacer les départs à la retraite.

M. Dominique Braye. Plus on augmente, plus cela baisse !

M. Yannick Bodin. Vous ne ferez pas croire qu'à la rentrée prochaine le taux d'encadrement des élèves, ainsi que les horaires des différentes disciplines, seront strictement maintenus. En effet, une réduction du personnel entraînera une baisse de l'offre d'options, des classes plus chargées, des dédoublements de classe non assurés et des remplacements qui ne seront plus effectués. Le temps de travail des enseignants sera remis en cause et des défaillances apparaîtront dans l'encadrement assuré en dehors de la classe.

Les 1 500 postes créés dans l'enseignement supérieur et la recherche sont une bien faible compensation ; ils ne répondent d'ailleurs pas aux mêmes besoins et sont en outre insuffisants.

Au moment où chacun réclame plus d'adultes dans les établissements, où la violence est trop souvent constatée et en progression,...

M. Dominique Braye. À cause de vous !

M. Yannick Bodin. ...que deviennent vos engagements, monsieur le ministre, en faveur des aides-éducateurs, des orienteurs, des psychologues scolaires et des infirmières ?

Votre seule réponse, c'est la diminution des postes. Une nouvelle fois, le service public de l'enseignement est maltraité et méprisé.

M. Dominique Braye. La question !

M. Yannick Bodin. Ma question est la suivante (Ah ! sur les travées de l'UMP) : monsieur le ministre, avec ces annonces de réduction de personnel, comment entendez-vous tenir vos engagements pris depuis plusieurs mois ?

Comment allez-vous répondre aux appels de la jeunesse de France, qu'elle se soit exprimée en banlieue à l'automne 2005 ou lors des manifestations contre le CPE au printemps 2006 ?

Allez-vous enfin prendre les mesures qui s'imposent en faveur d'une jeunesse qui, à juste titre, est très inquiète pour son avenir ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 30/06/2006

Réponse apportée en séance publique le 29/06/2006

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur Bodin, je vous remercie de votre question et vous allez, j'en suis sûr, écouter la réponse !

Je suis content de préciser devant vous que la France a le budget de l'éducation nationale le plus important du monde (Exclamations et applaudissements sur les travées de l'UMP et sur certaines travées de l'UC-UDF), soit 80 milliards d'euros en comptant l'enseignement supérieur, ou 59 milliards d'euros pour l'enseignement scolaire.

M. Jacques Mahéas. C'est l'école publique !

M. Gilles de Robien, ministre. Regardez, monsieur Bodin, ce qui s'est passé au cours des années passées : nous avons eu 75 000 élèves en moins et 4 800 postes en plus !

M. Jacques Mahéas. C'est invraisemblable, vous dites n'importe quoi !

M. Gilles de Robien, ministre. Les yeux dans les yeux, me direz-vous que le système éducatif s'est amélioré en France ?

M. Roger Karoutchi et plusieurs sénateurs de l'UMP. Non !

M. Gilles de Robien, ministre. Je ne le crois pas ! Vous ne savez raisonner qu'en nombre de postes...

M. Jacques Mahéas. Avec la méthode syllabique, c'est sûr que cela ne va pas s'améliorer !

M. Dominique Braye. Certainement pas avec des hommes comme vous !

M. le président. Monsieur Braye, un peu de silence !

M. Gilles de Robien, ministre. Pour nous, la qualité de l'éducation nationale, c'est d'abord la qualité de l'enseignement, c'est là où les évolutions sont les plus pertinentes.

Je prends quelques exemples. Qui a fait la réforme de la lecture ? C'est nous ! (Rires et exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. Jacques Mahéas. C'est la meilleure ! (M. Dominique Braye proteste.)

M. Gilles de Robien, ministre. Qui a relancé l'éducation prioritaire ? C'est nous ! Qui assure le mieux le remplacement des absences de courte durée des professeurs ? C'est nous ! Qui a mis en place l'apprentissage junior à partir de quinze ans ? C'est nous !

M. Didier Boulaud. Vous ne savez pas ce que vous dites !

M. Gilles de Robien, ministre. Qui a instauré la note de vie scolaire au collègue ? C'est nous ! Qui a mis en place les trois heures de découverte professionnelle au collègue ? C'est encore nous, monsieur le sénateur ! (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.)

M. Dominique Braye. Voilà !

M. Gilles de Robien, ministre. Tout le temps que vous passez à discuter du nombre de postes, c'est du temps que vous perdez à ne pas imaginer l'amélioration du système éducatif français !

M. Dominique Braye. Très bien !

Mme Nicole Bricq. Vous êtes mal placés pour nous donner des conseils !

M. Didier Boulaud. Vous n'aimez pas le système éducatif, vous n'aimez pas l'école !

M. le président. Un peu de silence, mes chers collègues !

M. David Assouline. Il nous provoque, monsieur le président !

M. Gilles de Robien, ministre. Tous les ans, nous améliorons le système éducatif. Nous évaluerons en CE1, à l'entrée en 6ème et au brevet les progrès réalisés par les élèves, parce qu'il nous semble inadmissible que 150 000 d'entre eux entrent en 6ème sans savoir lire ! Vous en faites une fatalité : nous ne nous résoudrons jamais à cette fatalité-là !

M. Didier Boulaud. Vous n'aimez pas l'école publique, vous n'aimez que l'argent !

M. David Assouline. Ce n'est pas sérieux !

M. Gilles de Robien, ministre. Je prends l'engagement devant vous, monsieur Bodin, que, en 2007, il y aura un professeur des écoles pour moins de dix-neuf élèves...

M. David Assouline. Par classe ou en moyenne ?

M. Gilles de Robien, ministre. ...et que la moyenne des classes en France sera inférieure à vingt-quatre élèves.

M. Jacques Mahéas. Ce n'est pas le cas en Seine-Saint-Denis !

M. Gilles de Robien, ministre. Enfin, je voudrais vous dire une dernière chose : chaque euro, surtout à l'éducation nationale, doit être utilisé au mieux. Nous avons en effet un double devoir.

M. Dominique Braye. Ils ne savent pas la valeur de l'argent !

M. le président. Un peu de silence !

M. Gilles de Robien, ministre. Le premier, c'est d'offrir un système éducatif de grande qualité ; le second, c'est de ne pas laisser aux jeunes que nous prétendons instruire une dette excessive ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP, ainsi que sur certaines travées de l'UC-UDF.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. La jeunesse est mal partie !

M. le président. Nous en avons terminé avec les questions d'actualité au Gouvernement.

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