Question de M. DESESSARD Jean (Paris - SOC-R) publiée le 26/07/2007

M. Jean Desessard attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et européennes sur la désignation du président du Fonds monétaire international (FMI). Depuis plusieurs décennies, la coutume veut que les États-Unis désignent le président de la Banque mondiale, et l'Union européenne le directeur général du FMI. Comme le disait un ancien directeur du FMI lui-même à la fin de ses mandats, cette répartition des postes est aujourd'hui caduque, en raison de l'engagement croissant dans le fonctionnement des institutions de Bretton Woods des pays émergents comme le Brésil, la Chine ou l'Inde, qui comptent plus d'habitants que les pays riches, mais disposent de moins de pouvoir au sein de ces institutions qui les concernent pourtant en premier lieu. De plus, le privilège pour les Européens de choisir le directeur du FMI implique de laisser aux États-Unis le soin d'imposer leur candidat pour la Banque mondiale. Quelles que soient les compétences des candidats présentés par l'Union européenne ces dernières années, la désignation des dirigeants de ces institutions ne devrait-elle pas s'effectuer uniquement en fonction du mérite des candidats, et non selon leur nationalité ? Il lui demande donc comment il compte dès aujourd'hui contribuer à la démocratisation de cette procédure.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 30/08/2007

La tradition de nomination d'un ressortissant américain à la présidence de la Banque mondiale et d'un ressortissant européen à la direction du Fonds monétaire international s'explique par le poids économique de ces deux zones au moment de la création des institutions de Bretton Woods, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elle fait l'objet d'un certain nombre d'interrogations, exprimées notamment par les pays émergents à l'occasion de l'élection d'un ressortissant américain à la tête de Banque mondiale, M. Robert Zoellick, et de la candidature de M. Dominique Strauss-Kahn au poste de directeur général du Fonds monétaire international. La France, pour sa part, a indiqué à ses partenaires qu'elle était sensible à cette question et disposée à revoir et améliorer le processus de désignation des dirigeants des institutions de Bretton Woods. Naturellement, une telle réflexion devrait être conduite simultanément pour la Banque mondiale et pour le Fonds monétaire international. L'arrivée la même année d'un nouveau président de la Banque mondiale et d'un nouveau directeur général à la tête du FMI offrira l'occasion, lors du renouvellement de leur mandat, d'ouvrir un tel débat. Cette question n'est cependant qu'un élément parmi d'autres dans la réflexion sur le nécessaire renforcement de la représentativité et de la légitimité des institutions financières internationales. À cet égard, la France souhaite que ces dernières prennent davantage en compte le poids des pays émergents dans l'économie mondiale, mais estime également nécessaire que la place des pays les plus pauvres soit accrue. Dans ce contexte, Dominique Strauss-Kahn, candidat présenté par l'ensemble de l'Union européenne et qui a obtenu le soutien officiel de nombreux autres pays, a déjà eu l'occasion d'indiquer son engagement en faveur d'un processus de sélection du directeur général ouvert et fondé sur les mérites propres des candidats et toute l'importance que revêtirait, à ses yeux, la promotion de la place des pays émergents et en développement au sein du FMI.

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