Question de M. MERMAZ Louis (Isère - SOC) publiée le 28/11/2008

Question posée en séance publique le 27/11/2008

Ma question s'adresse à M. le Premier ministre, mais, en son absence, je crois que c'est Mme la ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi qui me répondra.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Encore !

M. Louis Mermaz. Madame la ministre, la mort d'un SDF qui vient d'intervenir, c'est un pic dans la détresse qui s'étend brutalement dans notre pays.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Elle s'occupe également de ce sujet ?

M. Louis Mermaz. Les conditions d'accueil des plus pauvres, faute de structures adaptées et de personnels en nombre suffisant, ne permettent pas de répondre à cet excès de misère et d'abandon. Le Gouvernement se doit de prendre immédiatement des initiatives.

Madame la ministre, pouvez-vous nous dire ce que le Gouvernement envisage de faire pour humaniser les conditions d'accueil trop souvent compromises par la promiscuité, devant lesquelles les personnes les plus démunies ont un réflexe de recul ?

Dans le même temps, les organisations non gouvernementales et les organisations caritatives lancent un cri d'alarme. Elles voient venir à elles ces nouveaux pauvres, qui sont dans une situation de détresse de plus en plus grave et dont la crise économique, les fermetures d'usines, les délocalisations, le chômage qui repart à la hausse accroissent le nombre. Ce sont des centaines de milliers de familles qui n'ont plus les moyens de boucler leur fin de mois, de se nourrir et de nourrir leurs enfants, de trouver un logement, de payer leur loyer, de se soigner, de vivre.

Je veux rendre hommage à toutes celles et à tous ceux, fonctionnaires de l'État, agents des collectivités locales, bénévoles des associations, citoyens qui ont à cœur de pallier les insuffisances de notre société et qui, pas seulement au seuil de l'hiver, mais toute l'année, sont au service des plus démunis.

M. René-Pierre Signé. En effet !

M. Louis Mermaz. Le Gouvernement annonce des plans de soutien et de relance dans tel ou tel secteur de l'économie, dont on ne sait, hélas ! quels résultats ils donneront, alors que chacun a le sentiment que la crise risque de durer et de s'approfondir. Jusqu'à quand, d'ailleurs ? 2009 ? 2010 ? 2011 ?

Ne pensez-vous pas qu'il est d'une urgence extrême pour le Gouvernement de se porter sans plus tarder au secours de tous ceux qui n'en peuvent plus ?

M. Jean-Marc Pastor. Eh oui !

M. Louis Mermaz. Qu'attendez-vous pour dégager les moyens financiers nécessaires alors que dans d'autres domaines – ce que nous ne contesterons pas forcément –, vous avez trouvé des crédits importants ?

M. le président. Posez votre question, mon cher collègue, car il vous faut conclure !

M. Louis Mermaz. Ma question s'adresse également à vous, monsieur le président (Sourires) : qu'attendez-vous pour impliquer durablement l'État, pour mobiliser les administrations, les préfets, pour réunir les ONG et pour les soutenir concrètement et financièrement ? Qu'attendez-vous pour lancer un plan de lutte contre la misère à hauteur du drame national qui est en train de se nouer ?

M. le président. S'il vous plaît, monsieur Mermaz !

M. Louis Mermaz. Madame la ministre, monsieur le président, dites-nous ce que vous ferez, ce qu'il est de votre responsabilité de faire ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. le président. Je rappelle que les questions s'adressent au Gouvernement, et non au président.

La parole est à Mme la ministre.


Réponse du Ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi publiée le 28/11/2008

Réponse apportée en séance publique le 27/11/2008

Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi. Monsieur Mermaz, le Gouvernement est sensible à toutes les situations de détresse.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Cela se voit !

Mme Christine Lagarde, ministre. Soyez assuré que tous les services de l'État sont mobilisés à cet effet.

M. Jean-Marc Todeschini. Le bouclier fiscal, par exemple !

Mme Christine Lagarde, ministre. Ma collègue Christine Boutin est sur le pont jour et nuit. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Bernard Piras. Ce n'est pas sérieux !

M. Jean-Louis Carrère. Elle fait payer des amendes de 1 200 euros ! C'est scandaleux !

Mme Christine Lagarde, ministre. L'histoire économique nous apprend au moins une chose : pour que les économies fonctionnent, pour que des investissements soient effectués, pour que des emplois soient maintenus,…

M. Bernard Piras. On fait comment entre-temps ?

Mme Christine Lagarde, ministre. …il faut que le système financier qui sert de soutien à l'économie fonctionne. Vérifiez dans vos manuels ! (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.) La première priorité est donc que le système fonctionne.

La deuxième priorité, c'est l'emploi, parce que le Gouvernement ne souhaite pas voir augmenter le nombre de personnes qui sont dans cette situation. Pour ce faire, votre assemblée vient d'adopter le revenu de solidarité active. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP. – M. Joseph Kergueris applaudit également ; exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. Alain Gournac. Ils ont voté contre !

M. Bernard Piras. Ce n'est pas la réponse !

Mme Christine Lagarde, ministre. Le revenu de solidarité active a précisément pour objet de soutenir l'ensemble des Français que nous voulons accompagner vers le marché du travail…

M. Bernard Piras. Quel résultat !

Mme Christine Lagarde, ministre. …afin de leur redonner non seulement de quoi vivre mais aussi leur dignité au travail.

M. Bernard Piras. Ce n'est pas la réponse !

Mme Christine Lagarde, ministre. C'est ça, le revenu de solidarité active, que le Gouvernement soutient. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP. – Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. Bernard Piras. Que fait-on entre-temps ? Cette réponse n'est pas digne du Gouvernement !

Mme Christine Lagarde, ministre. L'activité est la première priorité pour tous. Nous sommes tous mobilisés en faveur de ceux qui sont dans une grande détresse. Il faudrait peut-être faire œuvre de solidarité et adopter des comportements collectifs pour lutter…

M. Bernard Piras. Que croyez-vous que font les maires ?

Mme Christine Lagarde, ministre. Je sais que les collectivités agissent. Le Gouvernement agit aussi ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Bernard Piras. C'est lamentable !

M. René-Pierre Signé. Qui a le pouvoir ?

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