Question de M. PLANCADE Jean-Pierre (Haute-Garonne - RDSE) publiée le 19/12/2008

Question posée en séance publique le 18/12/2008

M. Jean-Pierre Plancade. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et européennes.

La France reçoit en ce moment, dans le cadre du programme d'accueil des « personnalités d'avenir », un représentant du Hezbollah libanais.

Je m'interroge beaucoup au sujet de cette réception : était-il obligatoire, pour dialoguer, d'inviter pendant plusieurs jours, aux frais de l'État, un membre d'une organisation terroriste dont les actions ont pris pour cibles la France et les Français ?

Peut-être M. le ministre des affaires étrangères et européennes a-t-il obtenu des contreparties à cette main tendue à un membre du Hezbollah, par exemple l'application de la résolution des Nations unies demandant le désarmement de cette organisation ?

Peut-être, au nom de la Realpolitik, dont on a entendu parler récemment, considère-t-il déjà, puisqu'il est question d'un programme d'avenir, que le Hezbollah sera demain le maître du Liban et que ce serait là, précisément, une façon de préserver l'avenir ?

J'ai bien conscience de l'avancée que représentent les accords de Doha, mais ils sont d'une extrême fragilité. Cela ne justifie pas, pour l'heure en tout cas, une invitation d'État.

C'est pourquoi je souhaiterais que l'on m'indique quelles sont les conceptions du Gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme, quelle politique mène la France pour, in fine, protéger nos concitoyens de ce fléau, de cette menace qui, quelle qu'en soit l'origine, pèse chaque jour un peu plus sur la paix et la tranquillité du monde. (Applaudissements sur les travées du RDSE.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.


Réponse du Secrétariat d'État chargé de la coopération et de la francophonie publiée le 19/12/2008

Réponse apportée en séance publique le 18/12/2008

M. Alain Joyandet, secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie. Monsieur le sénateur, je comprends votre émotion.

Je tiens à vous préciser qu'il s'agit non pas d'une réception officielle, mais d'une invitation qui s'inscrit dans une démarche diplomatique du ministère des affaires étrangères et européennes visant à nouer des contacts avec des personnalités de tous pays afin de s'informer de la situation politique de ceux-ci et de pouvoir conduire une politique d'influence.

Ne voyez donc pas dans cette invitation une quelconque forme de reconnaissance, monsieur le sénateur. Certes, le fait que ce professeur d'université du Liban soit lié au Hezbollah peut vous interpeller, je le comprends bien, mais la France a besoin d'entretenir des contacts y compris avec cette organisation, dont je rappelle qu'elle est représentée au Parlement libanais, pour savoir ce qui se passe mais aussi transmettre un certain nombre de messages.

Tel est le sens de ce programme d'invitations de « personnalités d'avenir ». Cette réception ne vaut bien sûr pas approbation de la ligne d'action du Hezbollah. Notre pays entend avoir une diplomatie universelle, or pour pouvoir faire évoluer le monde, il faut dialoguer sans exclusive, conformément au souhait du Président de la République et du Gouvernement que conduit M. François Fillon.

L'action du ministère des affaires étrangères et européennes n'est donc motivée que par la volonté de maintenir cette diplomatie universelle, dans l'intérêt non seulement de la France, mais aussi de la paix et du monde. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Alain Gournac. Très bien !

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