Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - UMP) publiée le 01/05/2009

Question posée en séance publique le 30/04/2009

La parole est à M. Jacques Legendre.

M. Jacques Legendre. Madame la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, je tiens à m'exprimer aujourd'hui avec une particulière gravité sur un sujet qui angoisse bien des familles et désespère de nombreux étudiants : le blocage de certaines universités.

M. René-Pierre Signé. À qui la faute ?

M. Jacques Legendre. Cette situation devient catastrophique pour des milliers d'étudiants qui craignent de ne pouvoir passer leurs examens, de perdre une année et peut-être, singulièrement pour les moins favorisés, de devoir mettre un terme à leurs études.

M. David Assouline. On nous la fait à chaque fois !

M. Jacques Legendre. Dans le moins grave des cas, les examens risquent d'être repoussés au mois de septembre.

Et que dire de la situation de nombreux étudiants étrangers ayant engagé des frais pour un séjour universitaire en France qui ne se conclura peut-être pas par l'obtention d'un diplôme ?

M. David Assouline. Il veut nous faire pleurer !

M. Jacques Legendre. Ils avaient choisi la France. Ils avaient rêvé de faire leurs études à Paris, à la Sorbonne. Ils devaient devenir ensuite, dans leur pays, les témoins de l'excellence française. Croit-on qu'ils seront demain les ambassadeurs de la culture de notre pays, qui aura ainsi trahi leur confiance ?

Croit-on que ces blocages vont faire progresser nos universités dans le classement de Shangaï ?

Il est légitime que nous débattions et que, parfois, nous nous opposions vivement sur la politique universitaire à conduire. Mais est-il raisonnable, est-il légitime de porter un tel préjudice à l'enseignement supérieur français, pour lequel nous avons tous de grandes ambitions ?

M. René-Pierre Signé. C'est à cause de l'entêtement de la ministre !

M. Jacques Legendre. On a justifié ce mouvement par la volonté d'obtenir des moyens supplémentaires : j'ai eu la curiosité d'examiner les moyens attribués aux universités lilloises, dans le département dont je suis l'élu.

Lille 1 voit les moyens qui lui sont alloués augmenter de 992 500 euros, soit trois fois plus qu'en 2008, tandis que triplent ses crédits de mise en sécurité. Et pourtant, on bloque l'université !

Lille 2 voit ses crédits de moyens augmenter de 25 %. Et pourtant, certains enseignants font de la rétention de notes !

Lille 3 voit son allocation de moyens majorée de 6,5 %, soit nettement plus que l'an dernier. Et pourtant, là aussi, on appelle au blocage !

Pourquoi un tel acharnement, au risque de mettre en péril l'avenir des étudiants ?

M. Charles Gautier. La question !

M. Jacques Legendre. Que penser des incidents qui se multiplient, au cours desquels les étudiants hostiles au blocage sont molestés, pris à partie ?

M. le président. Veuillez poser votre question, mon cher collègue ! (La question ! sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste.)

M. Jacques Legendre. Madame la ministre, pouvez-vous nous dire quelles mesures vous entendez prendre pour sauver ce qui peut être sauvé de l'année universitaire,…

Mme Brigitte Gonthier-Maurin. Répondez aux revendications !

M. Jacques Legendre. … assurer aux étudiants la liberté d'étudier et poursuivre la politique de réformes qui a pour but de permettre au maximum d'étudiants de réussir leurs études et à notre pays de demeurer une des grandes nations de la société du savoir ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 01/05/2009

Réponse apportée en séance publique le 30/04/2009

La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Bernard Frimat. Surprise par la question ! (Sourires sur les travées du groupe socialiste.)

Mme Valérie Pécresse, ministre. Monsieur le président Legendre, je suis entièrement mobilisée pour organiser les rattrapages de cours dans les universités qui, depuis deux mois, ont connu des perturbations. D'ores et déjà, une trentaine d'entre elles organisent des cours de rattrapage et certaines ont prévu de décaler de quelques semaines les examens ; ceux-ci auront donc bien lieu.

Ma responsabilité de ministre est double.

Je suis d'abord responsable vis-à-vis des étudiants et, plus particulièrement, des plus fragiles d'entre eux. C'est pourquoi j'ai saisi les recteurs et les directeurs des centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires pour qu'ils aménagent les conditions de la vie étudiante de manière à permettre aux intéressés de ne pas souffrir de ces décalages de cours et d'examens, qu'il s'agisse du versement des bourses ou des conditions d'occupation des logements étudiants.

Je suis par ailleurs responsable de l'image de l'université française et de la qualité des diplômes nationaux. À cet égard, je vous le dis, nous serons intransigeants : il ne sera pas question de brader les diplômes délivrés cette année ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.) Aucun diplôme ne sera décerné sans rattrapage de cours !

Aujourd'hui, après la réécriture du décret statutaire relatif aux enseignants-chercheurs, après l'annonce par le Premier ministre de la sanctuarisation des emplois universitaires, après l'ouverture d'une très large concertation sur la réforme de la formation des maîtres,…

M. François Marc. Que de temps perdu !

Mme Valérie Pécresse, ministre. … de plus en plus de voix, parmi les étudiants et les enseignants-chercheurs, s'expriment majoritairement en faveur de la reprise des cours !

Je souhaite que, dans ce mouvement, les motifs politiques ne prennent plus le pas sur les motifs universitaires ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. René-Pierre Signé. C'est un souhait politique !

Mme Valérie Pécresse, ministre. C'est pour cette raison que je ne comprends toujours pas le silence du parti socialiste sur les violences,… (Protestations sur les travées du groupe socialiste.)

M. David Assouline. Arrêtez, ce n'est pas de votre niveau !

Mme Valérie Pécresse, ministre. … les blocages, les séquestrations de présidents d'université, les menaces et, pire encore, sur l'appel totalement irresponsable, lancé hier par la coordination nationale des universités, à bloquer et boycotter les examens ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP. –Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

M. Charles Gautier. Provocation !

M. David Assouline. Vous devenez très politicienne !

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