Question de Mme HERMANGE Marie-Thérèse (Paris - UMP) publiée le 13/05/2010

Mme Marie-Thérèse Hermange attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur la difficulté d'identifier les sources du saturnisme infantile. Ainsi, en Ile-de-France, de plus en plus d'enquêtes environnementales réalisées par les services santé environnement des DDASS (directions départementales des affaires sanitaires et sociales) ne permettent pas de trouver l'origine de l'intoxication de l'enfant atteint de saturnisme. Ainsi, on compte 68 cas en Seine-Saint-Denis depuis 2005 et 9 cas dans le Val-d'Oise depuis 2007 pour lesquels aucune présence de peinture au plomb (ou présence en très faible quantité) n'est détectée dans le logement ou les lieux fréquentés par l'enfant. De plus, aucun apport particulier par l'eau, les sols ou les aliments n'est mis en évidence. Ces cas concernent principalement des familles dont les parents sont originaires d'Afrique sub-saharienne. Face à ce problème, une étude récente du CNRS sur les cas d'intoxications dans des logements sans sels de plomb, menée par un médecin anthropologue et une ethnologue, a mis en exergue l'importance des facteurs psychosociaux dans la genèse du saturnisme infantile aiguë. Au regard de cette étude, elle souhaiterait savoir quelles mesures seront prises pour tenir compte de ces éléments afin de mieux comprendre les causes de certains cas de saturnisme infantile et de pouvoir y remédier.

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Transmise au Secrétariat d'État chargé de la santé


Réponse du Secrétariat d'État chargé de la santé publiée le 10/02/2011

Aujourd'hui, l'amélioration des procédures d'enquêtes environnementales mises en oeuvre par les agences régionales de santé (ARS), en application des dispositions de l'article L. 1334-1 du code de la santé publique, permet de découvrir la source d'intoxication pour la grande majorité des cas de saturnisme dépistés. Cependant, en 2009, 68 cas de saturnisme restaient inexpliqués depuis 2005 en Seine-Saint-Denis et 9 cas depuis 2007 dans le Val-d'Oise. Les sources habituelles telles que les peintures dans les logements ou les lieux de vie fréquentés par les enfants ont été examinées et aucun apport particulier par l'eau, les sols ou les aliments n'est mis en évidence. Des sources plus inhabituelles d'imprégnation ou d'exposition au plomb chez l'enfant et la femme enceinte existent. L'Institut de veille sanitaire (InVS) a précisé en janvier 2006 certaines d'entre elles : les récipients utilisés pour l'usage alimentaire (céramiques, plats à tajine, plats artisanaux), les cosmétiques (khôl), les remèdes traditionnels au plomb ou l'ingestion de corps étrangers contenant du plomb. Devant ces cas inexpliqués de saturnisme infantile en Île-de-France, l'ARS d'Île-de-France a lancé une étude pour tenter de retrouver les causes de ces intoxications. Cette étude a été réalisée à l'automne 2009 par un médecin anthropologue et une ethnologue en collaboration avec la direction territoriale de Seine-Saint-Denis, les services de la protection maternelle et infantile et l'association Habitat santé développement. Elle a permis de mieux appréhender l'importance de développer un bon échange relationnel avec la famille de l'enfant intoxiqué, afin de pouvoir déterminer l'origine de l'intoxication, en particulier dans ces cas complexes. Au-delà des gestes techniques mis en place par les procédures réglementaires de la lutte contre le saturnisme infantile, il est nécessaire de pouvoir comprendre plus largement le contexte de la vie de l'enfant intoxiqué. L'anthropologue résume ainsi la situation : « Il ne faut pas chercher où l'enfant s'intoxique mais pourquoi il s'intoxique. » Ceci demande de pouvoir établir une « proximité » avec l'enfant, qu'une simple recherche technique de peinture dégradée ne permet pas d'obtenir. Si cette « proximité » n'est pas obtenue, l'origine de l'intoxication ne pourra pas être cernée. À la suite d'une déclaration d'un cas particulier de saturnisme et des résultats de l'enquête sur la source d'intoxication, les agents, qui réalisent les enquêtes environnementales, ont été sensibilisés à l'importance d'identifier le plus en amont possible les cas où la recherche de cette source d'intoxication va être à la fois plus difficile et plus longue à mener. Il convient, dès les premières rencontres avec la famille, d'établir une relation de coopération qui permettra de mieux diagnostiquer la source d'intoxication et de mettre en place les mesures nécessaires afin de cesser l'exposition au plomb de l'enfant.

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