Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - UMP) publiée le 21/01/2011

Question posée en séance publique le 20/01/2011

M. Jacques Legendre. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.

Vous avez décidé, monsieur le ministre, de procéder chaque année à une évaluation nationale des acquis en français et en mathématiques des élèves de CM2, une classe charnière avant l'entrée au collège. Les résultats de ces évaluations doivent servir aux enseignants à repérer les difficultés des élèves et à mobiliser en conséquence les ressources nécessaires pour les corriger. Leur collation et leur analyse au niveau national doivent permettre, dans un second temps, d'infléchir la politique éducative afin d'améliorer la performance globale de notre école – c'est nécessaire et souhaitable !

Cependant, ces évaluations sont vivement contestées depuis quelques semaines par des organisations syndicales et des fédérations de parents d'élèves. Qu'un débat puisse s'instaurer sur les modalités de mise en œuvre et sur l'exploitation des résultats des évaluations me semble normal et légitime, mais il est singulier et, pour tout dire, préoccupant que nous en soyons désormais au stade du boycott, voire du sabotage. Le mot est fort, mais comment qualifier autrement la mise en ligne des sujets d'examen ou leur distribution dans des écoles parisiennes, dont la presse s'est fait l'écho ?

Pourtant, les comparaisons internationales, comme le test PISA orchestré par l'OCDE, mais aussi les enquêtes de la Cour des comptes ont souligné, à la fois, un affaissement inquiétant des résultats de nos enfants et la difficile acclimatation d'une culture de l'évaluation au sein du système scolaire.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous rappeler quelles étaient vos intentions lorsque vous lanciez cette campagne d'évaluation, ce que vous en attendez pour assurer la réussite de tous les élèves, et quelle suite vous entendez donner aux initiatives pour le moins fâcheuses qui se sont multipliées ?

Nous ne progresserons pas en entretenant des polémiques ; au contraire, nous devons rechercher, avec la coopération de tous, l'amélioration de la qualité de l'enseignement, car c'est le meilleur service que nous puissions rendre à notre jeunesse et à notre pays ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

M. Alain Gournac. Très bien !

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative publiée le 21/01/2011

Réponse apportée en séance publique le 20/01/2011

M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative. Monsieur le président Legendre, l'intérêt de ces évaluations de CM2, après celles de CE1, peut se résumer en trois mots : comprendre pour progresser.

Vous l'avez très justement rappelé, notre système éducatif a besoin d'être évalué.

Tout d'abord, nous devons connaître son état de performance : on ne peut pas, à la fois, déplorer les résultats obtenus par le système éducatif français dans l'enquête PISA, que vous avez évoquée, et regretter la mise en place d'un système transparent d'appréciation des performances de notre système éducatif.

Ensuite, ainsi que vous l'avez dit, ces évaluations servent aux professeurs et aux parents pour améliorer les performances des élèves. Il est important de pouvoir connaître et relever, à quelques mois du passage au collège, les difficultés des écoliers de CM2, de manière à apporter les remèdes nécessaires dans les quatre mois qui précèdent ce passage, lequel représente toujours un événement dans la scolarité de nos enfants.

Ces évaluations sont donc importantes. À la suite d'une concertation menée cet été, nous y avons apporté des améliorations, notamment dans le mode de calcul des résultats, la prise en compte de différentes formes de réponses des élèves, sortant ainsi d'un système binaire. Nous avons donc engagé une discussion qui a permis des améliorations.

Comme vous l'avez indiqué, monsieur Legendre, une minorité d'enseignants et de parents d'élèves ont choisi de dénoncer ces évaluations. Pis, depuis le début de la semaine, certains – une infime minorité ! – ont choisi de les boycotter et ont divulgué sur Internet les résultats.

M. Gérard Longuet. C'est inadmissible

M. Luc Chatel, ministre. Ces actes sont en effet inadmissibles et irresponsables. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Alain Gournac. C'est inacceptable !

M. Roland du Luart. Leurs auteurs méritent la révocation !

M. Luc Chatel, ministre. Monsieur Legendre, ces agissements sont indignes de l'école de la République et très éloignés du comportement de la très grande majorité de nos enseignants, qui respecte la déontologie et l'éthique de notre système éducatif.

J'ai donc décidé de faire preuve d'une extrême fermeté face à ces comportements. Après consultation de mes services juridiques, j'ai porté plainte, afin que des poursuites judiciaires soient engagées à l'encontre des auteurs de ces faits.

Mme Monique Papon. Très bien !

M. Luc Chatel, ministre. L'école de la République, monsieur le président Legendre, n'admet pas la triche ni la désobéissance ! (Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.) L'école de la République, c'est tout mettre en œuvre pour la réussite de chacun de nos élèves.

M. Guy Fischer. Non, c'est la sélection !

M. Luc Chatel, ministre. Ce système éducatif transparent, nous devons le faire progresser ensemble ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

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