Question de Mme DURRIEU Josette (Hautes-Pyrénées - SOC-EELVr) publiée le 16/11/2011

Question posée en séance publique le 15/11/2011

Concerne le thème : La désindustrialisation

Mme Josette Durrieu. Je tiens avant tout à exprimer notre solidarité avec les salariés de Peugeot SA. Je le fais d'autant plus volontiers que je suis l'élue d'un département, les Hautes-Pyrénées, qui a perdu 10 000 emplois en moins de dix ans. Je m'inspirerai d'ailleurs, pour illustrer mon propos, d'exemples concrets que je connais bien.

Après la fermeture d'un site tel que celui de GIAT, à Tarbes, qui comptait plus de 3 200 salariés, il ne reste qu'un seul défi à relever : la réindustrialisation du département. Pour gagner ce pari, nous avons choisi, d'une part, d'encourager la recherche et, d'autre part – c'est au ministre chargé de l'économie numérique que je m'adresse ! –, d'équiper ce territoire d'un réseau haut et très haut débit.

Pour encourager la recherche, les collectivités locales, en l'occurrence les départements et les régions, financent, par l'intermédiaire de fonds spéciaux, les travaux et thèses scientifiques, les laboratoires, et même les projets d'investissements. Dans les Hautes-Pyrénées, nous menons également cette démarche dans le cadre des pôles de compétitivité, qui constituent, selon nous, des espaces privilégiés.

Au demeurant, nous rencontrons des problèmes, dans la mesure où les sociétés gestionnaires, qui sont des entreprises de rentes – j'y insiste, même si c'est un lieu commun ! –, font des bénéfices, mais n'investissent pas. Les menaces d'OPA sont réelles. L'entreprise ESK, installée dans les Hautes-Pyrénées, a ainsi perdu l'an dernier 97 emplois, qui sont partis en Allemagne, en même temps que les brevets et le savoir-faire.

Monsieur le ministre, que faites-vous pour protéger ces entreprises ?

Par ailleurs, en l'absence d'équipement en haut et très haut débit, l'industrie n'a aucun avenir. Le conseil général achève donc le déploiement intégral de ce réseau sur le territoire. C'est également le cas dans d'autres départements, mais ils sont peu nombreux. Le coût de cet équipement, 29 millions d'euros, est lourd pour cette collectivité. Or celle-ci n'a pas reçu un seul euro de l'État pour la réalisation de ce projet ; c'est invraisemblable !

M. Roland Courteau. Surprenant !

Mme Josette Durrieu. Ce projet, qui a obtenu le prix de l'aménagement du territoire, n'a bénéficié d'aucun crédit au titre du grand emprunt, du Fonds national d'aménagement et de développement du territoire, du Fonds européen agricole pour le développement rural ou encore, tout au moins pour le moment, du Fonds européen de développement régional !

Où sont passés, monsieur le ministre, les quelque 750 millions d'euros destinés à l'équipement des zones peu denses ? Des territoires seraient-ils abandonnés ? Je rappelle que 40 % à 60 % des industries de ce pays sont localisées en secteur rural ! Tous les efforts des collectivités seraient-ils vains ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste-EELV et du groupe CRC, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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Réponse du Ministère chargé de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique publiée le 16/11/2011

Réponse apportée en séance publique le 15/11/2011

M. Éric Besson, ministre. Je ne pourrai vous répondre sur tous les sujets que vous avez évoqués, madame la sénatrice. Permettez-moi de citer un seul chiffre : plus de 6 milliards d'euros de financement public et privé ont été mobilisés depuis 2005 en faveur des pôles de compétitivité. C'est considérable !

L'équipement en haut et très haut débit, auquel vous avez consacré l'essentiel de votre propos, est effectivement un objectif majeur. Notre pays est dans le peloton de tête pour le très haut débit en Europe. Sachez d'ailleurs que deux de nos opérateurs majeurs, France Télécom-Orange et SFR, viennent de signer un accord très important, dont nous nous félicitons, par lequel ils s'engagent à couvrir 60 % de la population dans les dix ans.

Par ailleurs, dans les zones de carence de l'initiative privée, les collectivités locales contribuent au déploiement de ce réseau, et le Gouvernement a ouvert en juillet 2011 un premier guichet de 900 millions d'euros.

J'espère, madame la sénatrice, que trois projets interdépartementaux ou régionaux d'importance seront récompensés d'ici à la fin de l'année ; ils devraient être suivis d'une douzaine d'autres en 2012.

Il est vrai qu'il nous a fallu du temps pour mettre en œuvre ce dispositif, car nous étions contraints de respecter scrupuleusement la réglementation européenne.

Pour les zones très rurales ou très reculées, la solution ne passe par la fibre optique, mais par le satellite. Nous consacrons 40 millions d'euros à la recherche et développement, au titre des investissements d'avenir, afin d'améliorer cette offre satellitaire.

Enfin, la loi du 17 décembre 2009 relative à la lutte contre la fracture numérique prévoit que les collectivités locales peuvent demander aux opérateurs des informations sur les réseaux déployés. Le décret d'application a été adopté une première fois par le Gouvernement en janvier 2009, mais cette version, qui convenait aux collectivités locales, a été annulée par le Conseil d'État.

Nous avons, depuis lors, modifié la base juridique par la loi du 22 mars 2011, qui a habilité le Gouvernement à transposer le « paquet télécom ». La nouvelle version du décret, plus solide sur un plan juridique, devrait désormais être rapidement publiée. Je vais donc saisir cette semaine l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes et la commission consultative des communications électroniques.

Comme vous le voyez, nous avons la volonté de doter les collectivités territoriales des zones rurales de tous les outils nécessaires au déploiement de leur réseau. C'est d'ailleurs leur souhait, comme en témoigne votre intervention.

M. le président. La parole est à M. Jean-Jacques Mirassou, pour la réplique.

M. Jean-Jacques Mirassou. Votre réponse ne nous satisfait pas, monsieur le ministre, même si nous savons que le temps vous est compté. L'exercice auquel nous nous livrons trouve d'ailleurs là ses limites.

Nous venons d'évoquer la situation des collectivités locales, qui, souvent hors compétence, investissent financièrement dans le tissu industriel de leur territoire.

Comment se fait-il donc, alors même que vous évoquez sans cesse les comités stratégiques de filières et les états généraux de l'industrie, que ces collectivités ne soient jamais informées de la situation de l'industrie dans leurs territoires, et plus largement dans notre pays, autrement que par les réponses aux questions lapidaires que nous avons le droit de poser dans cet hémicycle tous les trois mois ? Pourquoi les élus de Haute-Garonne et de la région Midi-Pyrénées, par exemple, ne sont-ils pas informés de la situation de l'aéronautique ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste-EELV, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

Un sénateur du groupe socialiste-EELV. Bien envoyé !

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