Question de M. ANDREONI Serge (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 27/09/2012

M. Serge Andreoni interroge Mme la ministre de la culture et de la communication sur ses intentions concernant le seuil obligatoire de recours à un architecte. En effet, plusieurs fédérations, dont la Fédération française des artisans coopérateurs du bâtiment et la Fédération nationale des dessinateurs indépendants, s'inquiètent de son annonce, lors de la 13ème Biennale d'architecture de Venise, en faveur de l'abaissement du seuil de recours obligatoire à l'architecte à 150 m² au lieu des 170 m² actuellement en place. Cet abaissement de 170 à 150 m² du seuil obligatoire de recours à un architecte dans le cadre de la maison individuelle avait certes été préconisé dans le rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPCST) du 4 décembre 2009 rédigé par les députés Birraux et Bataille, sur la performance énergétique des bâtiments. C'est également une mesure réclamée depuis plusieurs années par le Conseil national de l'ordre des architectes. Cependant, pour les particuliers qui souhaiteraient acquérir une maison neuve individuelle, une intervention obligatoire de l'architecte à partir de 150 m² entraînerait un coût supplémentaire, qui s'ajouterait à l'enveloppe globale déjà consacrée à leur projet. Ce sont donc les ménages les plus modestes qui pâtiraient les premiers de cette mesure. En outre, pour le secteur du bâtiment, ce surcoût risque de freiner une activité déjà en situation économique difficile. Enfin, pour les dessinateurs indépendants, cet abaissement de 20 m² pourrait sensiblement diminuer leur chiffre d'affaires, au risque de voir fermer certaines entreprises. Aussi, il lui demande de bien vouloir lui préciser ses intentions à ce sujet.

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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 15/11/2012

La loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l'architecture pose le principe du recours obligatoire à un architecte pour quiconque désire entreprendre des travaux soumis à autorisation de construire. Elle a toutefois prévu une dispense pour les personnes physiques ou exploitations agricoles à responsabilité limitée à associé unique désirant édifier ou modifier pour elles-mêmes des constructions de faible importance, laissant le soin au pouvoir réglementaire de fixer le seuil de cette exemption. Le décret n° 77-190 du 3 mars 1977 a fixé à 170 m² de surface de plancher hors œuvre nette le plafond de cette dispense de recours à un architecte pour les constructions non agricoles. Le calcul de ce seuil de dérogation a toutefois été récemment modifié à la suite de la réforme des surfaces prises en compte dans le droit de l'urbanisme, et fait aujourd'hui l'objet d'un débat. En effet, le décret n° 2012-677 du 7 mai 2012 relatif à une des dispenses de recours à un architecte conduit, dans de nombreux cas, à élever le seuil de la dispense de 20 m². Abaisser ce seuil à 150 m² permettrait ainsi de remplir l'objectif de neutralité poursuivi par la réforme des surfaces. Une mission d'expertise vient d'être confiée conjointement aux inspections générales du ministère de la culture et de la communication et du ministère de l'égalité des territoires et du logement. Elle est chargée d'examiner l'ensemble des questions posées par ces dispositions et de proposer des mesures correctives. Ses conclusions sont attendues pour la fin du premier trimestre 2013. Traduction concrète de l'intérêt public reconnu par la loi sur l'architecture, l'intervention de l'architecte constitue une garantie majeure de qualité et de durabilité des constructions, et au-delà, de l'insertion harmonieuse de ces dernières dans le cadre de vie. En tant que garant de la coordination de l'ensemble des professionnels qui interviennent aux différentes phases d'un projet, l'architecte, qui porte la cohérence globale des projets, de leur conception jusqu'à leur achèvement, est ainsi le mieux à même de maîtriser les coûts, et de répondre aussi bien aux besoins des usagers qu'aux impératifs de performance énergétique, de qualité architecturale et d'adaptation à l'environnement, autant de sources d'économies sur le long terme.

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