Question de M. FERRAND André (Français établis hors de France - UMP) publiée le 01/02/2013

Question posée en séance publique le 31/01/2013

Concerne le thème : Le commerce extérieur

M. André Ferrand. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, je voudrais tout d'abord me réjouir de l'organisation, aujourd'hui au Sénat, d'une séance tout entière consacrée au commerce extérieur.

Notre pays n'a en effet que trop rarement pris conscience de la très grande importance du sujet !

Je voudrais ensuite vous adresser, personnellement, chère ancienne collègue et rapporteur générale du budget, mes compliments et encouragements. Nous apprécions votre saine estimation de la gravité de la situation, votre volontarisme affiché – et au demeurant bien réel, je le crois –, ainsi que votre volonté de mobiliser tous les acteurs des secteurs public et privé, en France comme à l'étranger, pour les faire agir collectivement. J'ai lu avec une attention particulière la feuille de route que vous avez adressée aux conseillers du commerce extérieur de la France.

Cependant, madame la ministre, permettez-moi aussi de regretter que tous les membres du Gouvernement n'aient pas la même conscience de la gravité de la situation.

Si c'était le cas, les priorités seraient différentes et vous ne seriez pas privée, dans votre action, de l'apport si précieux de beaucoup d'entrepreneurs que nous voyons avec grande tristesse partir à l'étranger, où ils créent ces richesses et ces emplois dont nous avons tant besoin.

Quand la maison brûle, n'y a-t-il pas mieux à faire pour notre pays que d'occuper la scène médiatique et parlementaire avec des sujets dont l'urgence est pour le moins discutable ?

Mais je reviens à votre mission. On ne peut qu'approuver et soutenir les priorités que vous avez affichées dans votre plan d'action. Il reste à les mettre en œuvre. D'où mes trois questions.

Comment, concrètement, obtenir enfin un jeu collectif qui impliquerait tous les acteurs ? Je n'ose pas parler d'équipe de France, car je crois avoir compris que vous préfériez d'autres expressions… (Sourires.)

J'espère vivement que l'expérience du « comité Asie », que vous avez installé avec votre collègue Guillaume Garot, ministre délégué chargé de l'agroalimentaire, sera un tel succès que ce comité pourra servir de modèle.

Ma deuxième question a trait à l'articulation entre l'aval du processus, c'est-à-dire notre dispositif à l'étranger, et l'amont, c'est-à-dire, en France, les secteurs ou filières professionnelles et les régions.

À supposer que, en aval, un dispositif très performant permette d'identifier des marchés prometteurs, comment s'assurer que les acteurs français de la filière sont bien informés et réagissent efficacement. Ensuite, s'il faut effectivement mobiliser les régions, comment articuler la connexion entre filières et régions ?

Avec votre autorisation, madame la présidente, je poserai très rapidement ma troisième et dernière question, car je m'aperçois que j'ai dépassé mon temps de parole.

Mme la présidente. J'allais vous le dire, mon cher collègue !

M. André Ferrand. Il me semble que chacun s'accorde sur le fait que, à l'étranger, l'ambassadeur doit avoir la responsabilité de coordonner l'action et d'assurer la nécessaire synergie entre tous les acteurs.

Que pensez-vous, dès lors, de l'idée d'une cosignature par vous-même et le ministre des affaires étrangères de la partie économique des lettres de mission de nos ambassadeurs ?

M. Jean-Pierre Sueur. Bonne question !

M. André Ferrand. Quoi qu'il en soit, madame la ministre, je vous souhaite de réussir, car il y va de l'intérêt supérieur de notre pays. (Applaudissements sur les travées de l'UMP, du RDSE et du groupe socialiste.)

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Réponse du Ministère du commerce extérieur publiée le 01/02/2013

Réponse apportée en séance publique le 31/01/2013

Mme Nicole Bricq, ministre. Monsieur Ferrand, vous avez en fait, en un temps record, posé quatre questions et formulé une suggestion. (Sourires.)

Pour ce qui est de cette dernière, je vous fais confiance ! (Sourires.) Je pense l'avoir expliqué tout à l'heure, en matière de diplomatie économique, sur le plan opérationnel et de manière très concrète, c'est moi qui suis l'animatrice sur le terrain.

Vous avez évoqué les chiffres du commerce extérieur. J'ai pour habitude de dire qu'il s'agit là du véritable juge de paix de nos faiblesses. Or il est clair que, de ce point de vue, la situation actuelle n'est pas du tout satisfaisante.

Mais le tocsin de l'année 2011 a tout de même permis de mobiliser les énergies. J'ai déjà assisté à onze réunions dans onze régions différentes, je me rends partout à l'étranger et, à chaque déplacement, je vois des entrepreneurs et des personnels extrêmement mobilisés. Je constate aussi qu'il y a tout de même des secteurs qui marchent : nous devons nous appuyer sur eux comme sur des leviers afin d'être plus efficaces à court terme.

Je l'ai dit, il nous faut jouer collectif. Vous savez que je me méfie des grandes formules, et notamment de celles qui font référence à l'équipe de France de football, qui n'a pas toujours donné le meilleur exemple par le passé. Le match France-Allemagne aura lieu très bientôt : attendons le résultat ! (Nouveaux sourires.)

Au-delà des formules, je souhaite que l'on soit plus opérationnel, que l'on avance groupé. Voilà qui est clair ! Chaque filière, quelle que soit sa taille - grande, moyenne, petite -, doit avancer de manière groupée, notamment en matière d'offre commerciale.

C'est pour cette raison que j'ai défini quatre familles correspondant à quarante-sept pays qui vont assurer 80 % de la demande mondiale. Cela ne signifie pas qu'il faille laisser tomber l'Europe, c'est évident. En Europe, les parts de marché valent très cher. C'est aussi ce qui explique que nos principaux partenaires européens soient souvent nos principaux concurrents à l'étranger. Nous devons donc, pour être plus efficaces, déployer notre intelligence économique de manière plus collective.

Je finirai par là où j'ai commencé : il me semble que le commerce extérieur est devenu une priorité pour ce gouvernement. Dès le mois d'août, le Premier ministre a repris à son compte la stratégie que je lui ai proposée. Ce qui a été fait au travers du pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi en témoigne. En effet, ce pacte ne se limite pas au crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi : il comporte aussi tout un volet sur la modernisation de l'action publique. Soyez attentifs, mesdames, messieurs les sénateurs, à ce volet.

Je pense que nous arriverons - le Premier ministre y tient - à ce que la modernisation de l'action publique constitue enfin la véritable réforme de l'État. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du RDSE. - M. André Ferrand et Mme Christiane Kammermann applaudissent également.)

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