Question de Mme ANDRÉ Michèle (Puy-de-Dôme - SOC) publiée le 22/02/2013

Question posée en séance publique le 21/02/2013

Mme Michèle André. Ma question s'adresse à Mme la ministre déléguée chargée de la francophonie.

Madame la ministre, vous vous êtes exprimée le 8 février dernier à l'Assemblée nationale devant le bureau international de l'Assemblée parlementaire de la francophonie, réuni à Paris.

Nous nous sommes alors penchés sur les situations politiques difficiles que connaissent la Guinée, Madagascar, le Mali, la République arabe syrienne, la République démocratique du Congo et la Tunisie. Vous nous avez fait part de vos engagements dynamiques pour mettre la francophonie au cœur des préoccupations. À vos côtés, nous défendons, nombreux, les valeurs démocratiques et respectueuses des droits de l'homme qu'elle sous-tend. Nous partageons, outre la langue française avec nos homologues sur tous les continents, ces mêmes idéaux.

Le Président de la République a établi des priorités pour conduire la politique de la nation : l'économie, bien sûr, pour relancer l'emploi, le défi climatique, mais également la francophonie, une richesse qui contribue au rayonnement de notre pays. Il nous faut donc construire dans cet espace francophone les conditions d'une société plus juste et plus égalitaire.

Le Président de la République a d'ailleurs développé cette thématique devant les chefs d'État réunis à Kinshasa, après s'être émerveillé devant la composition de l'Assemblée nationale du Sénégal, qui compte aujourd'hui autant de femmes que d'hommes élus. Cela fait rêver !

Mme Bariza Khiari. Oh oui !

Mme Michèle André. Nous avons en commun une préoccupation : la situation des femmes dans tous ces pays de l'espace francophone et particulièrement les violences qui leur sont faites dans certains territoires et/ou la régression des droits qu'elles subissent ou craignent de subir dans d'autres.

Ainsi, les femmes du Mali ont vécu une situation infernale dans le nord du pays jusqu'à l'arrivée de nos soldats. Elles sont reconnaissantes au Président de la République d'avoir pris la décision qui s'imposait pour rendre à ce pays l'autonomie et la sérénité qui lui sont chères.

Nous le voyons bien, la francophonie, c'est non seulement une langue commune, mais aussi un ensemble de valeurs et d'idéaux qu'il nous faut promouvoir.

Je sais combien vous êtes préoccupée, madame la ministre, par les difficultés particulières que rencontrent les femmes dans l'espace francophone. Vous vous êtes rendue à Goma, ainsi que dans la région du Kivu, pour rencontrer les femmes victimes de viols, utilisés comme des armes de guerre. Nous le savons tous, la condition des femmes est l'un des révélateurs grossissants de la situation du pays dans lequel elles vivent.

Chaque année, nous célébrons la journée de la francophonie le 20 mars. Ma question est simple, madame la ministre : quel est le programme d'activités de l'année 2013 ? Quelles actions mettez-vous en place afin de promouvoir la francophonie et les droits des femmes dans notre pays et dans l'espace francophone ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du groupe CRC et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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Réponse du Ministère chargé de la francophonie publiée le 22/02/2013

Réponse apportée en séance publique le 21/02/2013

Mme Yamina Benguigui, ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, chargée de la francophonie. Madame la sénatrice, je salue votre combat pour la cause des femmes.

J'ai décidé d'organiser le 20 mars prochain à Paris, date de la journée internationale de la francophonie, le premier forum mondial des femmes francophones. Cette décision est née d'un état d'urgence inacceptable avec les valeurs d'égalité et de solidarité que porte la francophonie.

C'est bien dans l'espace francophone que les femmes sont les premières victimes des conflits armés.

C'est bien dans l'espace francophone que des escadrons de la mort, des groupes armés et rebelles, en République démocratique du Congo, dans le Nord-Kivu, ont programmé le viol de milliers de femmes, devenues butins de guerre.

C'est bien dans l'espace francophone qu'un véritable génocide au féminin se déroule depuis des mois dans un silence assourdissant.

C'est bien dans l'espace francophone en Tunisie, au Mali et en Égypte que les acquis des femmes sont en régression.

C'est pour toutes ces raisons que j'ai promis de porter la parole de ces femmes, dont les droits sont violés.

Le 20 mars prochain, 400 femmes venues des 77 pays de l'espace francophone, dont beaucoup portent les stigmates de leurs droits bafoués, viendront à Paris faire entendre leur voix pour le respect de leur droit à la dignité, à l'égalité et à l'intégrité de leur identité.

Ce forum portera les fondations d'un nouveau statut des femmes francophones et la défense de leurs droits partout où ils sont menacés. Aux côtés de l'Organisation internationale de la francophonie, je souhaite que la France insuffle un véritable plan d'action pour les femmes et la francophonie.

Tels sont les objectifs que je porterai devant les institutions de la francophonie et auprès des États qui la composent. C'est toute l'ambition de ce premier forum mondial des femmes francophones. (Applaudissements.)

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