Question de M. SUTOUR Simon (Gard - SOC) publiée le 25/04/2013

M. Simon Sutour attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur l'avenir du centre météorologique du mont Aigoual, dans le département du Gard, à la suite de la réorganisation des activités et des tâches de Météo-France qui prive cette station de l'élaboration du bulletin quotidien de prévision météorologique dit « Massif Aigoual ».
En effet, depuis le 1er juin 2012, l'élaboration du bulletin quotidien de prévisions, rédigé et enregistré quotidiennement à l'observatoire, a été confiée au centre météorologique territorial de Nîmes-Montpellier.
Or, près d'une année après ce transfert qui se voulait transitoire, la situation n'a pas évolué, ce qui crée, dans le département du Gard et au-delà, un émoi considérable.
Rappelant l'échange survenu le 17 juillet 2012 et le souhait alors exprimé d'une implication active du ministère sur ce dossier, il souligne que le maintien d'une activité de prévision à l'observatoire météorologique du mont Aigoual est capital à plus d'un titre.
Capital parce que cette station est en activité permanente depuis 1894 et est, de ce fait, l'une des plus anciennes stations météorologiques françaises, fondamentale pour ses relevés et ses prévisions. Les prévisions locales sont, dans cette zone au temps très changeant, indispensables pour assurer, notamment, la coordination des moyens de sécurité publique à travers toutes les saisons, compte tenu de la fréquentation de ce massif qui couvre une bonne partie de la Lozère, de l'Aveyron, de l'Hérault et, bien évidemment, du Gard. À ce sujet et sans remettre en cause le professionnalisme des techniciens de Météo-France à Nîmes et Montpellier, la détérioration des prévisions locales est perceptible et les autorités publiques font état d'interventions toujours plus nombreuses des pompiers et des gendarmes à la suite de prévisions moins précises. Les coûts, pour la collectivité dans son ensemble, sont, selon les élus locaux - et celà moins d'un an après le transfert du bulletin - d'ores et déjà supérieurs aux maigres économies réalisées par Météo-France.
Le maintien de l'activité de prévision est capital car la station est située au cœur du parc national des Cévennes, seul parc habité en France, ainsi qu'au centre d'une zone « Causse Cévennes » classée au patrimoine mondial de l'UNESCO; capital car c'est l'une des dernières stations météorologiques encore habitée, à l'échelle mondiale, et la dernière en France; capital car il s'agit du seul centre de tests industriels en conditions extrêmes du fait de son altitude et de sa localisation. Enfin, le maintien est aussi capital pour Météo-France car cette station en est la vitrine la plus médiatisée, la seule à drainer un nombre toujours plus important de visiteurs et de touristes qui trouvent, sur ce site, un accueil de qualité, grâce aux investissements des collectivités locales et, en premier lieu, de la communauté de communes du pays Viganais.
C'est pourquoi, alors même que l'action ministérielle a permis à la station de bénéficier d'une mise à niveau de ses équipements, il souhaite que le ministère puisse s'engager à nouveau et permettre aux techniciens présents sur le site de l'observatoire météorologique d'élaborer, à nouveau, le bulletin quotidien du massif de l'Aigoual.

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Réponse du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie publiée le 11/09/2013

Réponse apportée en séance publique le 10/09/2013

M. Simon Sutour. Monsieur le ministre, je souhaite attirer votre attention sur l'avenir du centre météorologique du mont Aigoual, situé dans le département du Gard, à la suite de la réorganisation des activités et des tâches de Météo France, qui prive cette station de l'élaboration du bulletin quotidien de prévision météorologique dit « Massif Aigoual », et plus généralement sur la volonté de Météo France de participer au développement de ce site, dernier observatoire encore habité dans notre pays.

En effet, depuis le 1er juin 2012, l'élaboration du bulletin quotidien de prévisions, rédigé et enregistré quotidiennement à l'observatoire, a été confiée au centre météorologique territorial de Nîmes-Montpellier, alors que la mise à niveau technique du site a d'ores et déjà été opérée.

Or, plus d'une année après ce transfert, qui se voulait transitoire, la situation n'a pas évolué, ce qui crée dans le département du Gard et au-delà un émoi considérable.

Comme j'avais déjà pu en informer votre prédécesseure ici même le 17 juillet 2012, le maintien d'une activité de prévision et, donc, de personnels de Météo France à l'observatoire météorologique du mont Aigoual est capital à plus d'un titre.

Capital, parce que cette station est en activité permanente depuis 1894. Elle est de ce fait l'une des plus anciennes stations météorologiques françaises, fondamentale pour ses relevés et ses prévisions. Les prévisions locales sont, dans cette zone au temps très changeant, indispensables pour assurer notamment la coordination des moyens de sécurité publique, compte tenu de la fréquentation, quelle que soit la saison, de ce massif, qui couvre une bonne partie de la Lozère, de l'Aveyron, de l'Hérault et, bien évidemment, du Gard.

Capital, parce que la station est située au cœur du parc national des Cévennes, seul parc habité en France, ainsi qu'au centre d'une zone Causses-Cévennes, classée récemment au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Capital, parce que la station, du fait de son altitude et de sa localisation, constitue le seul centre de tests industriels en conditions extrêmes.

Enfin, le maintien de cet observatoire est également capital pour Météo France, cette station en étant la vitrine la plus médiatisée, la seule à drainer un nombre toujours plus important de visiteurs et de touristes, qui trouvent sur ce site un accueil de qualité, grâce aux investissements des collectivités locales, et, je tiens à le souligner, en premier lieu de la communauté de communes de l'Aigoual. Cette dernière s'est d'ailleurs rapprochée de la direction nationale de Météo France pour lui présenter un projet global et ambitieux de rénovation et de revalorisation du site : outre l'engagement pris par les collectivités de rénover l'observatoire et le « météosite » avec, notamment, une mise aux normes des bâtiments, un comité scientifique en phase de création permettra de faire de l'observatoire de l'Aigoual le premier centre national d'interprétation des changements climatiques.

C'est pourquoi, alors même que votre action a permis à la station de bénéficier d'une mise à niveau de ses équipements, je souhaite que vous puissiez vous engager à maintenir une activité de prévision, conforter le personnel existant, et renforcer la collaboration entre Météo France et les élus sur les nombreux projets en cours concernant le devenir de l'observatoire.

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.

M. Philippe Martin, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie. Monsieur le sénateur, je vous remercie d'avoir évoqué cette question, qui, je le sais, préoccupe nombre d'élus de la région.

Comme vous, comme les Français, peut-être parce que je suis issu d'un département rural qui sait l'importance des stations météo, je reste très attaché aux missions de service public de Météo France.

L'implantation du mont Aigoual est, comme vous le soulignez, exceptionnelle : c'est un site historique de Météo France, situé au cœur des Cévennes et attirant de nombreux touristes.

Je connais le dévouement et le professionnalisme des agents qui animent ce météosite. Je sais qu'ils sensibilisent les visiteurs à la météorologie et au climat, durant la période estivale. Et Dieu sait s'il est important à l'heure actuelle - nous le mesurons chaque jour davantage - de mobiliser l'ensemble de nos concitoyens autour de la question climatique.

Je peux vous assurer, monsieur le sénateur, que la pérennité de ce site n'est pas menacée. L'évolution de ses fonctions pédagogiques et culturelles à l'égard du grand public contribue, au contraire, à sa valorisation.

Par ailleurs, il est prévu que le site pourra être utilisé, en tant que de besoin, pour tester des matériels en conditions extrêmes.

Si la réalisation sur place des prévisions météorologiques locales ne se justifie plus, c'est en grande partie en raison de l'évolution des métiers de la météorologie liée aux progrès scientifiques et technologiques de ces dernières décennies.

Les prévisions locales ne sont plus réalisées isolément sur la base d'observations in situ. Elles s'inscrivent désormais dans un système national d'observation et de prévision, mis en œuvre et piloté depuis un centre national situé à Toulouse, en Midi-Pyrénées.

Ces prévisions sont ensuite exploitées et adaptées au plan interrégional, puis déclinées au plan local, au travers de centres compétents pour un ou plusieurs départements.

Au sein de cette chaîne opérationnelle, le centre météorologique de Nîmes réalise l'ensemble des prévisions pour les départements du Gard et de la Lozère.

Le site du mont Aigoual n'est pas un maillon de cette chaîne de prévision, mais ses instruments d'observation n'en continueront pas moins d'alimenter la base de données nationale des observations météorologiques, qui nourrit le travail de prévision et forge la connaissance du climat des différentes régions de notre pays.

Concernant le bulletin téléphonique quotidien de prévision que vous évoquez, le site avait, par exception, conservé sa réalisation jusqu'en 2012.

Dans un souci de cohérence de son organisation interne, Météo France a réattribué cette mission au centre de Nîmes, qui en avait déjà la charge les week-ends pendant la période hivernale.

Monsieur le sénateur, soyez assuré de l'importance accordée par moi-même, à titre personnel et en tant que ministre de tutelle de Météo France, et par le Gouvernement à la protection des biens et des personnes et, donc, au maintien de la qualité des prévisions de Météo France.

Je sais plus que d'autres l'importance de ces prévisions pour les biens des personnes, et notamment des agriculteurs. Croyez en mon entier dévouement et en ma volonté que ce site de Météo France continue d'être un lieu important de votre région et de votre département.

Mme la présidente. La parole est à M. Simon Sutour.

M. Simon Sutour. Monsieur le ministre, je vous remercie de la tonalité générale de votre réponse. Si je regrette le fait que la station du mont Aigoual n'émettra plus le bulletin météorologique, auquel les Gardois étaient très attachés, notamment dans cette zone géographique, je comprends les explications que M. le ministre a bien voulu me donner.

Pour l'avenir, je souhaite que le travail en cours entre Météo France et la communauté de communes de l'Aigoual, sur la restructuration du site et son confortement, soit accentué.

À cette occasion, monsieur le ministre de l'écologie, je me permets de vous inviter à la station météorologique du mont Aigoual. Vous avez, je le sais, un emploi du temps très chargé. Toutefois, votre présence, au cœur du parc des Cévennes, dans cette zone classée par l'UNESCO, permettrait de conforter les acteurs de terrain.

Cette zone, marquée par l'histoire, n'est pas quelconque. Les Camisards s'y sont battus pour la liberté de culte ; on y a résisté durant la dernière guerre. Permettez-moi d'insister et de renouveler mon invitation.

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