Question de M. GROSDIDIER François (Moselle - UMP) publiée le 04/04/2013

M. François Grosdidier attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur le mécontentement légitime des agriculteurs, qu'il n'a pas dissipé lors de son discours de clôture du 67ème congrès de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), sur le non-respect de l'accord tripartite agriculteurs-transformateurs-distributeurs du 3 mai 2011. Dans cet accord, les signataires s'engageaient à renégocier les prix des produits agricoles, en cas de fortes variations des coûts de revient et, notamment, de l'alimentation des animaux. Or les cours des céréales alimentant le bétail ont très fortement augmenté, mettant en difficulté les éleveurs et, particulièrement, les producteurs de lait. À l'inverse de l'accord, la grande distribution exerce une pression à la diminution du prix du lait. Il lui demande quelle initiative il compte prendre pour qu'en application de l'accord tripartite, l'augmentation des coûts de production des éleveurs soient répercutés sur les prix de vente aux distributeurs.

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 09/05/2013

La question de l'impact des prix agricoles sur la formation des prix alimentaires est sensible, complexe et de forte actualité. La volatilité des prix des matières premières agricoles sur les marchés entraîne des difficultés majeures pour les producteurs et les consommateurs, avec des répercussions différentes selon les secteurs, le niveau de transformation, et les circuits de distribution. Cette situation nécessite la mise en œuvre de nouveaux outils afin de permettre de sauvegarder le revenu des entreprises sans pénaliser le consommateur. Le déroulement des négociations tarifaires dans les filières agroalimentaires, et notamment la persistance de tentatives de contournement, démontre régulièrement les insuffisances des dispositifs actuels de régulation des relations commerciales résultant de la loi du 4 août 2008 de modernisation de l'économie (LME) et de la loi du 27 juillet 2010 de modernisation de l'agriculture et de la pêche, tout comme la faible efficience des chartes d'engagements volontaires, en particulier de l'accord du 3 mai 2011 de prise en compte des variations excessives de prix de l'alimentation animale dans les négociations commerciales dans certaines filières de l'élevage. C'est pourquoi, le 21 novembre 2012, le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt a lancé une première initiative en réunissant, avec le ministre délégué à l'économie sociale et solidaire et à la consommation et le ministre délégué à l'agroalimentaire, une table ronde sur l'amélioration des relations commerciales dans les filières agricoles et agroalimentaires avec l'ensemble des partenaires concernés. Les participants ont souligné l'urgence d'agir face aux difficultés grandissantes de certaines filières et notamment d'apaiser les tensions récurrentes entre les industriels et les distributeurs dans leurs relations commerciales, qui pèsent lourdement sur l'ensemble des maillons des filières. Les évolutions de prix de revient, parfois très brutales, ne sont aujourd'hui que rarement anticipées. Cette situation met en difficulté certains fournisseurs, confrontés à une explosion imprévisible de leurs coûts sans possibilité de répercussion. Dans certaines filières, cette situation peut conduire à la faillite des entreprises les plus fragiles. Le futur projet de loi sur la consommation, qui sera présenté prochainement en Conseil des ministres, puis transmis pour examen du Parlement, proposera diverses adaptations de la LME. La transparence de la négociation commerciale sera renforcée dans les plans d'affaires annuels, en matière de tarifs, d'engagements réciproques et de date de mise en application. Un mécanisme de prise en compte de la volatilité des prix des matières premières sera introduit dans les contrats, afin d'éviter que la situation actuelle ne se reproduise à chaque hausse de coût des matières premières. Enfin, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes pourra prononcer des sanctions administratives, immédiates et dissuasives. Par ailleurs, il est important de faire le bilan des différents outils de régulation des relations commerciales (contractualisation, mécanismes de médiation) et de voir lesquels doivent être améliorés ou mieux utilisés. Enfin, il est urgent que les filières concernées mettent en œuvre des stratégies concertées pour éviter que la fragilité d'un maillon ne mette en péril tout un secteur. Une mission conjointe de l'inspection générale des finances et du conseil général de l'alimentation, de l'agriculture, et des espaces ruraux, formulera des propositions prochainement sur ces différents sujets. Tout en s'attachant à résoudre les questions structurelles quant à l'organisation des filières et des relations entre les acteurs, le gouvernement joue pleinement son rôle d'impulsion et de facilitation, en rendant possible le dialogue. C'est tout le sens de l'organisation d'une table ronde sur la filière laitière le 8 avril 2013, qui a permis de faire les premiers pas dans la bonne direction. Le gouvernement ne peut évidemment pas fixer une hausse du prix du lait ou orienter le résultat des négociations entre transformateurs et distributeurs. Mais il a tout mis en œuvre pour que la dynamique enclenchée se traduise directement par une augmentation du prix du lait pour les producteurs.

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