Question de M. BOURQUIN Martial (Doubs - SOC) publiée le 04/04/2013

M. Martial Bourquin attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur les pullulations de campagnols terrestres qui provoquent des dégradations importantes sur les parcelles fourragères indispensables à l'alimentation des animaux.

Depuis 30 ans, on assiste à une augmentation de la fréquence et de la sévérité des pullulations de campagnols terrestres dans les zones herbagères d'altitude. Il faut savoir que le campagnol prolifère entre 600 mètres et 1 100 mètres d'altitude et qu'il se reproduit rapidement : à partir d'un couple on trouvera, en un an, 428 descendants (un campagnol consomme 30 kg de matières végétales par an et on peut compter jusqu'à 1 200 individus à l'hectare).

Ces pullulations sont essentiellement dues à une spécialisation rapide, en monoculture d'herbe, des zones de montagne et de moyenne montagne qui a conduit à une homogénéisation du milieu et, donc, à une simplification des écosystèmes. Le déséquilibre engendré se traduit alors par la prolifération de quelques espèces bien adaptées à ces milieux tels que le campagnol terrestre.

Ces pullulations ont des conséquences désastreuses. Le manque de pâturages, de fourrage, l'achat et le réensemencement ont un coût. En 2012, en Franche-Comté, la perte économique des exploitations s'élevait à près de 22 millions d'euros pour 60 000 hectares touchés. Elles ont aussi des répercussions sur l'équilibre floristique des prairies et sur le paysage. De plus, ce redoutable rat des champs est porteur de maladies bactériennes et virales transmissibles à l'homme, sa pullulation est donc aussi un problème de santé publique.

Pour toutes ces raisons, la lutte contre ce rongeur s'avère nécessaire, pour limiter sa population de façon durable. Au cours des dernières décennies, la lutte chimique a été privilégiée, avec des risques pour la faune sauvage, sans pour autant enrayer les pullulations. La prairie, ou toute autre surface herbeuse, demeure l'habitat de prédilection des campagnols. Il est d'ailleurs établi que, plus la surface en herbe est importante et plus la surface cultivée en céréales est faible, plus les campagnols prolifèrent.

Il lui demande donc quelles mesures il entend prendre pour lutter contre ce phénomène.

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 22/08/2013

Un projet d'arrêté relatif à la lutte contre les campagnols est en cours d'élaboration. La combinaison de tous les moyens de lutte existants, notamment préventifs (piégeage, destruction des taupes, alternance fauche et pâture...) est nécessaire pour réussir la lutte contre les campagnols. Concernant la lutte chimique, la seule molécule chimique aujourd'hui disponible est la bromadiolone, qui est un anticoagulant. Sa mauvaise utilisation peut conduire à des mortalités non intentionnelles sur les espèces sauvages prédatrices du campagnol, dont certaines sont des espèces protégées comme le Milan royal. C'est pourquoi la bromadiolone doit être utilisée à basse densité de campagnols uniquement, sur des appâts enfouis et dès l'apparition des premiers indices de présence du rongeur. Elle ne doit en aucun cas être utilisée lorsque les populations ont trop augmenté, entraînant alors un risque d'effets non intentionnels important. De ce fait, les consultations interministérielles, ainsi que la consultation large des parties prenantes sur le projet d'arrêté, notamment l'assemblée permanente des chambres d'agriculture, le conseil national de la protection de la nature, le conseil national de la chasse et de la faune sauvage, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, et la consultation ouverte sur internet, ont abouti à la proposition d'un seuil de 33 %, sauf dans les cas de mise en place de contrats de lutte pour lesquels le seuil pourrait être relevé à 50 %. Un nouveau projet d'arrêté ainsi modifié sera prochainement soumis à la consultation du public et des parties prenantes.

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