Question de M. ANDREONI Serge (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 02/05/2013

M. Serge Andreoni appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur l'aide à l'enrichissement du vin par moût concentré (MC) et moût concentré rectifié (MCR). En effet, la différence économique entre les vignerons du nord ayant traditionnellement accès à l'enrichissement par adjonction de saccharose à bas coût et les vignerons du sud n'ayant accès qu'à l'utilisation de moûts concentrés et moûts concentrés rectifiés, beaucoup plus onéreuse, doit être compensée. Or, la suppression, en 2012, de l'aide à l'enrichissement par moûts concentrés et moûts concentrés rectifiés pour les vins a fait disparaître cette compensation. Certes, l'enrichissement doit rester une pratique exceptionnelle, lorsque les conditions climatiques la rendent nécessaire mais tous les vignerons doivent pouvoir y avoir accès de manière équivalente, en cas de besoin. Dans cette optique, le Parlement européen a voté, le 13 mars 2013, la réintroduction de l'aide à l'enrichissement par moûts concentrés et moûts concentrés rectifiés pour les vins dans le texte de l'Organisation commune de marché (OCM). Il lui signale que la réintroduction de l'aide à l'enrichissement par moûts concentrés et moûts concentrés rectifiés ne pèse pas sur le budget puisqu'il ne s'agit pas de faire varier les enveloppes allouées aux États membres mais simplement de leur laisser le choix d'utiliser ce type de soutien à une pratique œnologique, au demeurant qualitative et ayant pour but d'obtenir les produits les plus adaptés au marché. Chaque État membre reste, ensuite, libre d'y avoir recours ou non. La réintroduction de cette mesure dans le programme nationale viticole de l'OCM étant essentielle au rétablissement de l'équité, le vote du Parlement européen est une grande avancée saluée par la profession. Les négociations de la politique agricole commune (PAC) sont néanmoins encore loin de leur point final. C'est pourquoi il est essentiel que le Conseil européen suive la position du Parlement européen sur ce point. Aussi, lui demande-t-il de prendre les mesures nécessaires pour peser au niveau du Conseil européen en faveur d'une réintroduction définitive de cette mesure et ce, afin de rétablir l'équité entre les producteurs de vin des différentes régions viticoles.

- page 1394


Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 25/07/2013

La nouvelle organisation commune de marché (OCM) pour la filière viti-vinicole, entrée en vigueur en juillet 2008, prévoyait une aide à l'utilisation de moût de raisin concentré et/ou rectifié pour augmenter le titre alcoométrique volumique naturel (enrichissement). Comme prévu en 2008, cette aide, dont l'objectif était de prendre le relais, à titre transitoire, de mesures classiques liées au marché et financées jusque là sur fonds communautaires, a pris fin au 31 juillet 2012. L'augmentation du titre alcoométrique volumique des raisins, moûts ou des vins nouveaux encore en fermentation (ou enrichissement) est considérée comme une pratique œnologique d'amélioration de la qualité des vins, qui est subordonnée à l'autorisation de l'État membre pour une récolte donnée, lorsque les conditions climatiques sont défavorables. Cet enrichissement peut s'effectuer selon différentes méthodes, par addition de saccharose (chaptalisation) ou de moût concentré (MC) et/ou rectifié (MCR) ou par concentration partielle (techniques soustractives d'enrichissement). Au niveau communautaire, il n'existe pas de restriction géographique pour l'addition de MC/MCR ou l'utilisation de techniques soustractives. En revanche, la chaptalisation ne peut être effectuée que dans les zones viticoles correspondant au Nord de l'Europe et de la France. La chaptalisation est interdite en Italie, en Espagne et au Portugal ainsi que dans certains départements français relevant des cours d'appel d'Aix-en-Provence, Nîmes, Montpellier, Toulouse, Agen, Pau, Bordeaux et Bastia. Il est toutefois prévu dans l'OCM, par dérogation, de pouvoir autoriser à titre exceptionnel, la chaptalisation dans ces départements français. Ainsi, dans les régions où la chaptalisation est interdite, l'enrichissement s'effectue par addition de MC/MCR. Cette technique ayant un coût plus important lié au processus de fabrication des produits enrichissants, l'aide octroyée visait à compenser la différence de coût entre le recours au MC/MCR et le saccharose. Dans le cadre de la négociation concernant la politique agricole commune pour l'après 2013, la possibilité de revenir sur la suppression de l'aide à l'enrichissement a été envisagée par le Parlement européen, mais n'a pas été retenue à l'issue des négociations entre le Parlement, le Conseil et la Commission. Dans ce contexte, des réflexions menées au niveau national sur l'enrichissement mettent en évidence plusieurs pistes alternatives qui ont été présentées lors du conseil spécialisé viti-vinicole de Franceagrimer (FAM) en juin 2012 puis approfondies en groupe de travail du Conseil spécialisé de FAM lors de trois réunions organisées entre juillet 2012 et février 2013. Depuis 2013, le programme national d'aide à la filière-vitivinicole permet également de soutenir, à un taux de 40 %, les investissements en matériel permettant l'utilisation d'alternatives à l'enrichissement par MC/MCR. Il s'agit notamment de matériel pour mettre en œuvre les méthodes soustractives d'enrichissement et également d'investissements visant au développement d'une filière de production de MC/MCR en France. L'expérimentation de nouvelles méthodes d'enrichissement est également une voie à laquelle travaillent les différentes administrations concernées, en lien avec la profession.

- page 2170

Page mise à jour le