Question de M. MARC François (Finistère - SOC) publiée le 05/07/2013

Question posée en séance publique le 04/07/2013

M. François Marc. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué chargé de l'agroalimentaire.

Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, les industries agroalimentaires, ou IAA, constituent en France le premier secteur de l'industrie.

Jusqu'à présent, les IAA se sont caractérisées par une certaine robustesse dans un contexte marqué par une décroissance importante de l'industrie française, dont on sait qu'elle a perdu la moitié de ses emplois depuis 1970.

Les choses ont malheureusement évolué négativement pour ce secteur.

La France recule dans les classements mondiaux des pays exportateurs de produits agroalimentaires, et il est vrai que l'agroalimentaire traverse en France une mauvaise passe, ce qui prend un tour dramatique dans les zones à forte production animale. Je pense à la Bretagne, considérée jusqu'alors comme le fer de lance de l'agroalimentaire français.

C'est vrai de la filière « volaille », avec le dépôt de bilan de la société Doux ; c'est vrai de la filière « saumon », avec le dépôt de bilan annoncé de Marine Harvest ; c'est vrai de la filière « légumes », avec la fermeture annoncée de Boutet-Nicolas.

Toutefois, le problème le plus crucial concerne aujourd'hui la filière porcine : si rien n'est entrepris dans les prochains jours, la société Gad, spécialisée dans l'abattage-découpe, va être mise en liquidation, avec, au cœur de l'été, la suppression probable de mille emplois.

La situation est donc des plus inquiétantes, d'autant que plusieurs questions brûlantes minent la bonne compréhension du sujet.

Pourquoi faire plus de mille kilomètres aujourd'hui pour aller abattre des porcs en Allemagne plutôt qu'en France ?

M. Charles Revet. Bonne question !

M. François Marc. Qu'a-t-on fait depuis dix ans pour mieux réguler les salaires des travailleurs en Europe ?

Pourquoi la filière porcine française est-elle incapable de mieux se structurer ?

Face à ces questions cruciales, je le sais, monsieur le ministre, le Gouvernement a élaboré un plan visant à favoriser une vraie politique de filière et une restructuration aujourd'hui indispensable. Mais permettez-moi ici d'attirer votre attention sur la détresse de plusieurs milliers de travailleurs du secteur agroalimentaire, qui risquent d'être sous peu privés de leur emploi.

Quelles dispositions le Gouvernement envisage-t-il de mettre en œuvre pour répondre à l'angoisse de tous ces salariés et de leur famille ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, ainsi que sur les travées du RDSE.)


Réponse du Ministère chargé de l'agroalimentaire publiée le 05/07/2013

Réponse apportée en séance publique le 04/07/2013

M. Guillaume Garot, ministre délégué auprès du ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, chargé de l'agroalimentaire. Monsieur Marc, comme vous l'avez très bien rappelé, certains pans de l'industrie agroalimentaire traversent une véritable crise.

Vous avez évoqué des entreprises comme Gad, Marine Harvest ou Doux, qui sont aujourd'hui dans une situation de grande difficulté. Pour chacun de ces sites, nous sommes entièrement mobilisés. (Marques d'ironie sur les travées de l'UMP.) Nous avons reçu dans chaque cas les salariés concernés, ainsi que les membres de la direction, afin de trouver les meilleures solutions pour sauvegarder un maximum d'emplois.

Nous sommes parfaitement conscients de l'inquiétude, de l'angoisse, de la détresse des salariés. Notre seule préoccupation est de trouver des solutions à la fois réalistes, concrètes et, surtout, durables.

À cette fin, nous avons pris, avec Stéphane Le Foll, des orientations fortes.

D'abord, il s'agit de relancer la production porcine de notre pays et de redonner de la compétitivité à la filière. Nous voulons en particulier faire de la performance écologique un véritable levier de la performance économique. Nous avons aussi avancé quant à la possibilité, qui sera mise en œuvre très prochainement, d'adapter les démarches administratives pour les installations classées.

En outre, le 19 juin dernier, avec Arnaud Montebourg et Stéphane Le Foll, nous avons signé ce que nous appelons le « contrat de filière alimentaire » avec l'ensemble des acteurs de la filière. Je puis vous certifier que les mesures seront mises en œuvre sans tarder dans votre région, pour apporter des réponses et de véritables perspectives à l'ensemble des départements bretons.

M. Alain Gournac. Pipeau...

M. Guillaume Garot, ministre délégué. Je pense en particulier au Finistère, qui, vous l'avez rappelé, souffre beaucoup.

Monsieur le sénateur, nous sommes très conscients de la situation que connaît aujourd'hui la Bretagne. Sachez que nous travaillons d'arrache-pied pour consolider et développer son potentiel agroalimentaire, car la filière doit plus que jamais demeurer une force pour cette grande région ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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