Question de M. MASSON Jean Louis (Moselle - NI) publiée le 10/10/2013

M. Jean Louis Masson expose à M. le ministre de l'intérieur le fait que les communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) sont tenus d'indiquer sur les titres de recettes qu'ils émettent les voies et délais de recours et aussi, la juridiction compétente pour connaître d'une éventuelle contestation de la créance recouvrée. Or la question de la compétence des juridictions est extrêmement complexe, de sorte que les communes sont souvent dans l'incapacité de déterminer avec précision quelle est la juridiction compétente pour telle ou telle créance. Il lui demande quelles sont les conséquences juridiques en cas d'erreur de la commune et comment on pourrait simplifier la procédure.

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Transmise au Ministère de l'intérieur


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 05/06/2014

Conformément aux dispositions de l'article L. 1617-5 du code général des collectivités territoriales, le titre de recettes individuel ou l'extrait du titre de recettes collectif doit mentionner les voies et délais de recours. En l'absence d'une telle mention, les délais de recours contre le titre de recettes ne sont pas opposables. L'article R. 421-5 du code de justice administrative dispose, en effet, que « les délais de recours contre une décision administrative ne sont opposables qu'à condition d'avoir été mentionnés, ainsi que les voies de recours, dans la notification de la décision ». S'agissant des voies de recours, le juge administratif considère que le titre de recettes ne doit pas se borner à mentionner que le redevable peut le contester en saisissant directement dans un délai de deux mois suivant la notification, le tribunal judiciaire ou le tribunal administratif compétent selon la nature de la créance, mais doit indiquer, s'agissant de la créance à recouvrer, lequel des deux ordres de juridictions doit être saisi. À défaut, la notification ne comporte pas une indication des voies de recours suffisamment claire pour qu'elle puisse être regardée comme conforme aux dispositions de l'article R. 421-5 du code de justice administrative et les délais de recours ne sont en conséquence pas opposables au redevable (CAA Marseille, 7 avril 2008, Assistance publique des hôpitaux de Marseille c/ Société Onyx, req. n° 05MA01046). Afin de déterminer la juridiction compétente pour connaître de la contestation d'une créance, les autorités communales et intercommunales peuvent utilement s'appuyer sur les précisions apportées par la circulaire interministérielle NOR BCRE1107021C du 21 mars 2011 relative à la forme et au contenu des pièces de recettes des collectivités territoriales et de leurs établissements publics et par l'instruction n° 11-022-M0 du 16 décembre 2011 de la direction générale des finances publiques relative au recouvrement des recettes des collectivités territoriales et des établissements publics locaux. Lorsqu'une recette communale ou intercommunale a été mise en recouvrement, le redevable dispose de deux voies de recours. Il peut contester le bien-fondé de la créance, c'est-à-dire son existence, sa quotité ou son exigibilité. En outre, lorsque des poursuites ont été engagées à son encontre parce que la somme due n'a pas été acquittée dans le délai de trente jours suivant la notification du titre de recettes, il peut contester la régularité des poursuites. En cas de contestation du bien-fondé de la créance, la compétence juridictionnelle dépend de la nature de la créance contestée : elle est administrative si la créance est elle-même administrative, elle est judiciaire dans les autres cas (TC, 8 novembre 1982, Sté Maine viande et a, Lebon). Relèvent ainsi de la compétence des juridictions judiciaires toutes les créances qui trouvent leur origine dans un rapport de droit privé. Tel est notamment le cas des créances se rapportant à la gestion du domaine privé communal ou intercommunal ou de celles qui ont trait aux relations entre un service public communal ou intercommunal à caractère industriel et commercial et ses usagers. L'opposition à poursuites n'est susceptible de viser que la régularité formelle des actes de poursuites. La compétence juridictionnelle en la matière est toujours judiciaire (TC, 23 février 2004, TPG de la Haute-Corse ; CE, 5 février 1964, Jacquemot, req. n° 60584 ; CE, 22 décembre 1969, Vincent, req. n° 73549). Au sein de l'ordre judiciaire, cette compétence est exclusivement réservée au juge de l'exécution dont les fonctions sont exercées par le président du tribunal de grande instance (Articles L. 213-5 et L. 213-6 du code de l'organisation judiciaire) et, par exception, par le juge du tribunal d'instance qui exerce les pouvoirs du juge de l'exécution en matière de saisie des rémunérations conformément à l'article R. 3252-7 du code du travail. Le titre de recettes doit donc mentionner les deux voies de recours dont dispose le redevable et préciser, s'agissant de la contestation du bien-fondé de la créance, lequel des deux ordres de juridiction doit être saisi compte tenu de la nature de la créance en cause.

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