Question de M. VIAL Jean-Pierre (Savoie - UMP) publiée le 08/11/2013

Question posée en séance publique le 07/11/2013

Concerne le thème : La montagne : aménagement du territoire, problématiques foncières, développement économique

M. Jean-Pierre Vial. Madame le ministre, le très haut débit constitue une infrastructure au cœur de l'avenir des territoires. Or la montagne connaît à cet égard une situation spécifique dont les handicaps ne sauraient être, une nouvelle fois, sous-estimés.

Après les zones d'ombre, les zones blanches et les zones grises, le haut débit n'a pas encore trouvé sa couleur !

Nous avons bien noté les engagements pris par le Gouvernement au travers du plan « France très haut débit ». Il a ainsi été souligné que ce service devrait s'appuyer sur toutes les technologies permettant d'apporter le plus rapidement possible le meilleur débit à tous nos concitoyens via différentes technologies.

Nul ne peut le contester, le déploiement d'un tel réseau ne peut être envisagé sans un engagement et un investissement lourds des collectivités ; à défaut, un tel déploiement ne serait pas envisageable en dehors des zones AMII.

Il est donc nécessaire de donner aux collectivités un certain nombre d'assurances tant sur les moyens financiers que sur les dispositifs techniques et réglementaire.

Le premier engagement est bien évidemment d'ordre financier. Si le Gouvernement dit assumer sa part avec une contribution de 3,3 milliards d'euros de subvention, encore convient-il que les territoires puissent avoir l'assurance que le handicap de la montagne sera pris en compte dans les critères d'accompagnement de l'État.

La deuxième question concerne le déploiement des technologies nécessaires, qui pourrait faire craindre aux collectivités de s'engager dans des investissements lourds, avec des risques importants.

Il s'agit notamment de l'activation et du maintien du réseau cuivre, qui suscitent de nombreuses interrogations, et des risques de substitution ou de l'investissement dans les fibres optiques, dont l'usage pourrait être évité par les opérateurs.

La troisième garantie est d'ordre réglementaire et concerne l'activation des réseaux de fibre optique, qui ne saurait être laissée à la seule discrétion des opérateurs.

Parmi les priorités des collectivités en matière de desserte du très haut débit, il y a bien sûr les espaces économiques, dont les stations touristiques sont une composante forte.

Pouvez-vous préciser les conditions dans lesquelles l'opérateur d'un réseau d'initiative publique, un RIP, peut intervenir sur le segment entreprises, notamment sur les secteurs où il existe déjà une offre de gros, y compris à l'intérieur du périmètre des zones d'intervention conventionnée AMII ? Pouvez-vous aussi préciser quelles sont les modalités d'attribution des aides de l'État au titre du plan « France très haut débit » sur le segment de marché entreprises dans ces zones géographiques ?

Enfin, une bonne part des zones prioritaires imposées aux opérateurs pour le déploiement de la couverture 4G est située en secteur de montagne.

Est-il possible d'imposer aux opérateurs titulaires des licences 4G de s'engager sur une départementalisation de leur calendrier de couverture, notamment pour l'échéance intermédiaire de 2017, ne faisant référence qu'à des objectifs chiffrés au niveau national, sans cartographie précise ?

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Réponse du Ministère de l'égalité des territoires et du logement publiée le 08/11/2013

Réponse apportée en séance publique le 07/11/2013

Mme Cécile Duflot, ministre. Monsieur le sénateur Vial, je tiens tout d'abord à rappeler que le plan « France très haut débit » introduit des éléments prenant en compte la spécificité des territoires difficiles à équiper, comme les zones de montagne.

Les taux d'intervention ont en effet été majorés et les critères de calcul tiennent compte de la dispersion de l'habitat comme du taux de ruralité, ce qui permet de coller à la réalité des coûts, notamment dans les territoires de montagne. Le périmètre des dépenses éligibles est en outre assez large, car il comprend les réseaux de collecte et les raccordements finaux.

Ce programme « France très haut débit » concerne en priorité le déploiement de la fibre au plus près de l'usager, ce qui constitue une première étape du déploiement du réseau optique. Les équipements d'activation du réseau cuivre ne sont pas financés par l'État et la collectivité reste maîtresse du choix de la technologie qu'elle déploie.

En ce qui concerne précisément le basculement du cuivre vers la fibre, le Gouvernement a par ailleurs créé une mission spécifique, dont la conduite a été confiée à M. Paul Champsaur, ancien président de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, l'ARCEP.

Sur le cas particulier que vous avez cité du segment marché entreprises dans les zones AMII, conformément à la réglementation européenne, les aides de l'État ne soutiennent les RIP que sur les territoires dépourvus d'initiative privée. Il faut absolument rentrer dans ce cadre, quoi que nous en pensions.

Enfin sur la question de la 4G, les obligations des opérateurs sont bien départementalisées puisque le taux de couverture devra être de 99,6 % de la population nationale en 2027 et d'au moins 90 % de la population de chaque département français en 2024 et 95 % en 2027. Il y a donc bien un objectif départementalisé.

En outre, l'accélération de ce déploiement est envisageable, sur tel ou tel territoire, suivant des modalités à identifier entre opérateurs et collectivités. Je veillerai à ce que cette mobilisation soit menée, en particulier dans les territoires ruraux où le déploiement de la 4G pour des usages fixes ou mobiles est encore plus important et urgent.

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Vial, pour la réplique.

M. Jean-Pierre Vial. Je vous remercie, madame le ministre, de vos réponses extrêmement précises, notamment sur le premier point en ce qui concerne l'aide de l'État avec un taux majoré, que j'ai bien noté.

Sur la situation du cuivre, j'ai noté qu'une mission avait été confiée à M. Champsaur. Cette question est tout à fait importante, car les décisions qui seront prises - vous connaissez les inquiétudes des élus sur ce sujet, compte tenu de ce qui a été dit - constitueront bien évidemment un élément non négligeable dans le choix des schémas mis en place par les collectivités.

Je voudrais insister sur les zones d'entreprises dans les secteurs couverts, les zones AMII. Il est tout de même pour le moins paradoxal que les opérateurs puissent déclarer préempter un territoire sur lequel les zones économiques constituent une priorité, alors même que les collectivités n'ont que très peu de garanties, pour ne pas dire aucune.

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