Question de M. LEFÈVRE Antoine (Aisne - UMP) publiée le 13/02/2015

Question posée en séance publique le 12/02/2015

M. Antoine Lefèvre. Ma question s'adressait à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

Lors de sa dernière conférence de presse, le Président de la République a évoqué ce qu'il a nommé « l'esprit du 11 janvier », réponse de nous tous aux drames que nous avons vécus en ce début d'année. Le verbe de M. Hollande se livre d'ailleurs plus au commentaire qu'il n'offre la perspective d'une action réelle. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)


M. François Marc. C'est minable !


M. Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics. Ce n'est pas l'esprit du 11 janvier !


M. Antoine Lefèvre. Certes, il fut question du nécessaire vivre ensemble et de laïcité, mais peu, vraiment trop peu – voire pas du tout – de pistes ont été dégagées en réponse aux attentes économiques et sociales de nos concitoyens.

Depuis deux ans et demi, nous assistons, impuissants, au creusement de la dette – c'est ce que craignait Bruxelles –…


M. Daniel Raoul. Qu'avez-vous fait, vous ? Vous êtes amnésiques ?


M. Antoine Lefèvre. … et à l'augmentation du déficit public,…


M. Simon Sutour. Vous parlez en spécialiste !


M. Antoine Lefèvre. … lequel a été qualifié de « très inquiétant » ce matin même encore dans cet hémicycle par le Premier président de la Cour des comptes, qui s'exprimait à l'occasion du dépôt du rapport annuel de l'institution qu'il préside.

Deux ans et demi durant lesquels les mesures de la précédente majorité, qui avaient été programmées pour être mises en place dans cette période, ont été consciencieusement balayées pour des motifs idéologiques ; deux ans et demi durant lesquels ni le logement, ni la sécurité, ni la santé, ni la défense n'ont été encouragés ; deux ans et demi durant lesquels la courbe du chômage, en particulier de longue durée, n'a fait que croître !

Les chiffres sont là, ils sont inquiétants : il y a 2,25 millions de chômeurs inscrits depuis plus d'un an à Pôle emploi, chiffre qui a crû de plus de 10 % en 2014. En ce tout début d'année 2015, la France métropolitaine compte plus de 700 000 chômeurs sans emploi depuis plus de trois ans, avec une progression de plus de 19 % en un an. Alors même que le taux de chômage dans la zone euro était en baisse de 0,1 point en décembre 2014 – 0,2 point pour l'Irlande et 0,4 point pour l'Italie –, la France affiche une hausse de 0,8 point.

Lundi soir, le ministre du travail a présenté un énième plan anti-chômage de longue durée – c'est une nouvelle sémantique – avec une conviction qui l'honore. Dès le lendemain, il a indiqué « espérer » une baisse du nombre de chômeurs « à la fin de l'année ». Espérer c'est bien, agir c'est tout de même mieux !

Les Français ne vous croient plus. Depuis plus de deux ans et demi, ils ont pu constater plus d'effets d'annonce que de réels faits.


M. David Assouline. Quelle est la question ?


M. Antoine Lefèvre. Les jeunes, particulièrement touchés par le chômage, ne croient plus en la parole publique.


M. Simon Sutour. La question !


M. Antoine Lefèvre. En guise de relance, on nous propose une loi Macron, jour après jour rognée, et qui de toute façon ne peut pas être considérée comme une réforme structurelle de notre économie.


M. le président. Posez votre question ! (Ah ! sur les travées du groupe socialiste.)


M. Antoine Lefèvre. Dans ces conditions, que répondre aux chômeurs de longue durée, qui avouent finir par douter de leurs capacités ?

Face à ce chômage récurrent, cette plaie, cette « maladie française » comme la nomment les économistes, la flexibilité et la formation sont les seuls remèdes. Dès lors, pensez-vous réellement que la batterie de dispositifs compliqués que vous nous proposez – d'ailleurs pas ou peu financés – apportera une réponse réaliste à la situation dégradée de l'emploi en France ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP, ainsi que sur quelques travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement publiée le 13/02/2015

Réponse apportée en séance publique le 12/02/2015

M. Jean-Marie Le Guen,secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur, je vous demande de bien vouloir excuser l'absence de François Rebsamen, qui réunit actuellement au ministère du travail les acteurs de la lutte contre le travail illégal.

Si j'ai bien compris, l'objet principal de votre question concerne le plan que le ministre du travail a présenté lundi. Ce plan est le fruit d'une réflexion qui a duré plusieurs mois ; elle a impliqué tous les partenaires sociaux, les régions, Pôle emploi et les acteurs de l'insertion. Cette concertation a permis de prendre le temps de mettre sur la table tous les défis auxquels nous sommes confrontés, afin de lutter contre ce fléau qu'est le chômage de longue durée. S'il touche aujourd'hui quatre demandeurs d'emploi sur dix, il est malheureusement la marque d'un système qui existe depuis de très nombreuses années dans notre pays.

Cette méthode de concertation a permis deux choses : imaginer et proposer vingt mesures très concrètes, qui vont changer le quotidien de ces personnes ; engager une volonté commune de travailler ensemble, pour que ce plan soit non pas un aboutissement, mais le premier pas d'une mobilisation générale d'ampleur.

Vingt mesures ont été présentées, qui répondent à trois objectifs.

Le premier est d'augmenter les moyens d'accompagnement des demandeurs d'emploi. Cela se traduira par le doublement du nombre des personnes qui profiteront d'un suivi renforcé par Pôle emploi - elles seront 460 000, contre à peine 230 000 à la fin de l'année 2014 -, mais aussi par un droit réel à la formation qualifiante et gratuite pour les demandeurs d'emploi, via les comptes personnels de formation, mis en place récemment par le Gouvernement, qui seront abondés en conséquence.

Le deuxième objectif est d'apporter une aide pour surmonter les obstacles de la vie, avec la garantie du loyer pour les chômeurs qui acceptent de déménager afin de reprendre un emploi et des places en crèche d'entreprise pour faciliter les entretiens ou durant la période d'essai.

Le troisième objectif est d'aider les employeurs à s'engager pour recruter 100 000 contrats aidés marchands, grâce à des périodes de mise en situation professionnelle, ou encore à la création d'un suivi pour accompagner l'employeur et le salarié recruté jusqu'à la fin de la période d'essai.

Vous le savez bien, monsieur le sénateur, cette mobilisation ne s'arrête pas là ; c'est seulement un premier pas que nous avons annoncé. Tous les acteurs sont mobilisés pour continuer à trouver des solutions innovantes et pragmatiques afin de lutter contre le chômage en général et le chômage de longue durée en particulier. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

M. Charles Revet. Il n'y a pas grand-chose !

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