Question de Mme BOUCHOUX Corinne (Maine-et-Loire - ECOLO) publiée le 17/04/2015

Question posée en séance publique le 16/04/2015

Mme Corinne Bouchoux. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

La réforme du collège, qui se fera pour l'essentiel par décret en 2016, est une impérieuse nécessité. Nous en partageons tous, me semble-t-il, les finalités : favoriser le travail de groupe, permettre davantage d'interventions conjointes et de pratiques interdisciplinaires des équipes enseignantes sont en effet des mesures essentielles.

L'augmentation des heures d'accompagnement nous conduit à nous interroger, dans la mesure où ces aides ne font l'objet d'aucune analyse des pratiques en aval, et de peu de formations permettant de les concevoir en amont, si l'on en croit le référé sur la formation continue des enseignants rendu par la Cour des comptes le 14 avril dernier, ainsi que l'excellent rapport qu'elle a produit sur l'aide individuelle.

La question – de forme comme de fond – se pose de l'articulation de la réforme du collège et des choix curriculaires et interdisciplinaires du Conseil supérieur des programmes, ou CSP. Qu'en est-il ?

Par ailleurs, toutes ces réformes seront vaines si rien ne bouge en matière de « non-mixité sociale » de nombreux collèges, où l'homogénéité des publics scolaires grandit.

En face, des enseignants ont profité, grâce à la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République, de quelques formations à la coopération, à la coproduction numérique, au travail en équipe. Un accompagnement des équipes, associant les acteurs éducatifs, pour poursuivre l'apprentissage du travail en commun serait néanmoins le bienvenu.

« Mieux apprendre pour mieux réussir », tel est le slogan choisi pour cette réforme. Pour ce faire, ne faut-il pas d'abord et surtout accompagner au sein même des collèges l'évolution des pratiques pédagogiques ? Ne faut-il pas aussi que les collèges comptent des publics plus mélangés ?

Cette question, mes chers collègues, est dédiée à Claude Dilain, ainsi qu'aux enseignants, aux familles, au personnel et à l'équipe de direction du collège Jean Lurçat d'Angers. (Applaudissements sur les travées du groupe écologiste, du groupe socialiste et du groupe CRC.)

- page 3902


Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de la ville, de la jeunesse et des sports, chargé de la politique de la ville publiée le 17/04/2015

Réponse apportée en séance publique le 16/04/2015

Mme Myriam El Khomri,secrétaire d'État auprès du ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, chargée de la politique de la ville. Madame la sénatrice, la ministre de l'éducation nationale a lancé cette réforme du collège pour l'année 2016, afin de lutter, justement, contre les inégalités, de consolider les apprentissages fondamentaux, tout en permettant l'interdisciplinarité et un meilleur apprentissage des langues vivantes.

L'accompagnement personnalisé pour tous les élèves est un axe fort de la mise en œuvre de la nouvelle organisation du collège. Tous les élèves jouiront, pendant les vingt-six heures hebdomadaires d'enseignement, de trois heures d'accompagnement personnalisé en classe de sixième, et d'au moins une heure d'accompagnement personnalisé en classe de cinquième, de quatrième et de troisième.

Cet accompagnement leur permettra d'acquérir des méthodes, de progresser dans différentes matières et d'approfondir leurs connaissances.

Mais, vous avez raison, madame la sénatrice, pour que cette ambition se concrétise, un accompagnement des équipes est primordial. Celles-ci pourront ainsi profiter de formations pour les accompagner dans la mise en œuvre de leurs futurs projets tout au long de l'année scolaire 2015-2016. Les principaux, les inspecteurs pédagogiques seront guidés dès ce printemps, de sorte que des formations puissent être organisées sur site, dans les collèges.

Vous le soulignez, vous le préconisez même, l'articulation entre la réforme du collège et les programmes scolaires, entre la forme et le fond, est nécessaire. C'est précisément la mission qui a été confiée au CSP, lequel a publié le 13 avril dernier les projets de contenu des enseignements au collège, dans le cadre de cette nouvelle organisation.

Dans la mesure où cette réforme est globale, nous agissons aussi pour lutter contre la ghettoïsation et pour favoriser la mixité sociale. Sur la base d'un diagnostic partagé avec les collectivités territoriales, grâce à l'appui d'outils mis à disposition par les différents acteurs, notamment le ministère compétent, de nouveaux secteurs de recrutement des collèges pourront être définis avec les conseils départementaux volontaires, pour regrouper plusieurs établissements et favoriser ainsi une meilleure mixité sociale.

Dans ce cas, une procédure d'affectation renouvelée sera mise en place. C'est l'une des mesures fortes qui a été prise lors du comité interministériel à l'égalité et à la citoyenneté du 6 mars dernier qui s'est tenu sous l'égide du Premier ministre.

Vous avez eu raison de rendre hommage à Claude Dilain dans votre intervention, car cette mesure est extrêmement importante pour tous les habitants des quartiers populaires, notamment. En tant que secrétaire d'État chargée de la politique de la ville, je peux vous dire que la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche et moi-même travaillons ensemble, et de façon extrêmement forte, en ce sens. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste,du groupe écologiste et du RDSE.)

- page 3902

Page mise à jour le