Question de M. BONHOMME François (Tarn-et-Garonne - Les Républicains-R) publiée le 19/06/2015

Question posée en séance publique le 18/06/2015

M. François Bonhomme. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement, et porte sur la crise de la viande bovine.

Après plusieurs jours de blocus des abattoirs, les éleveurs bovins, en situation de cessation de paiement ou en voie de l'être, viennent de suspendre leur action de protestation.

Monsieur le ministre, vous avez présidé hier une table ronde réunissant les différents acteurs de la filière. À l'issue de celle-ci, la grande distribution et les abatteurs ont consenti un prix revalorisé. Il est prévu de payer aux producteurs 5 centimes de plus par kilo de carcasse et d'incrémenter les prix d'un même montant toutes les semaines, jusqu'à ce que le prix d'achat aux éleveurs couvre les coûts de production.

D'autres mesures ont été annoncées : un projet de plateforme d'aide à l'exportation des viandes et une clause de revoyure afin de vérifier la réalité des engagements pris.

Mais voilà, le récent rapport au Parlement de Philippe Chalmin, qui préside l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, est clair : la baisse des prix des bovins a principalement profité à la partie aval, notamment en raison de la concentration des centrales d'achat, qui se retrouvent en position de force. Plus généralement, sur 100 euros de valeur alimentaire produite, 8 euros seulement reviennent au producteur. C'est donc un problème de fond.

Vous le savez, la filière bovine, et plus largement les éleveurs, ne sont pas du genre à se plaindre, et ils ont autre chose à faire que de défiler ou de mener des actions. Cette désespérance des éleveurs n'est donc pas qu'une simple montée de température. C'est la crise profonde d'une profession très fragilisée, qui ne peut accepter durablement d'être une variable d'ajustement.

J'ajoute que, en quelques années, la filière viande bovine a subi une baisse de 30 % des installations. En l'absence de revenu, les exploitations ne peuvent plus être transmises, ce qui empêche tout projet professionnel pour les jeunes qui veulent se lancer.

Tout cela est d'autant plus absurde que la France n'est pas autosuffisante en viande bovine, malgré une baisse de la consommation, et qu'elle doit chaque année importer des volumes importants de viande pour répondre à la demande des consommateurs.


M. le président. Votre question !


M. François Bonhomme. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous indiquer quelles mesures durables et fortes vous entendez prendre pour rétablir des prix rémunérateurs pour les producteurs et redonner un avenir à cette filière qui participe à notre modèle alimentaire ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur plusieurs travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires étrangères et du développement international, chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger publiée le 19/06/2015

Réponse apportée en séance publique le 18/06/2015

M. Matthias Fekl,secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger. Monsieur le sénateur, je vous prie de bien vouloir excuser le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, qui se trouve en ce moment même au Congrès national des jeunes agriculteurs, lesquels représentent l'avenir de notre agriculture. (M. Pierre-Yves Collombat applaudit.)

Hier encore, de nombreux abattoirs de viande bovine étaient bloqués par des éleveurs qui, vous l'avez rappelé, font face à une situation très difficile. Les raisons de la crise sont multiples : l'embargo russe, l'arrivée de vaches laitières de réforme sur le marché, lequel en a été perturbé... Tout cela se traduit, vous avez eu raison de l'indiquer, par des prix trop bas par rapport aux coûts de production. Cette situation risque de mettre en péril l'avenir même des éleveurs, et donc de la filière. Or l'élevage bovin est d'une importance majeure pour l'économie de nombreux territoires.

La priorité pour l'élevage s'est traduite récemment dans les choix faits par la France pour la mise enœuvre de la PAC, la politique agricole commune.

Au-delà des aides, il faut aussi donner des perspectives économiques positives. C'est dans cet état d'esprit que Stéphane Le Foll a réuni les acteurs économiques de la filière, d'abord en mai dernier, puis hier, et qu'il a appelé l'ensemble de ces professionnels, en particulier les abatteurs et les distributeurs, à faire preuve de responsabilité.

Hier, un accord très important a été obtenu en vue d'une remontée progressive du prix d'achat des animaux, laquelle prendra effet dès cette semaine et sera répercutée par tous les maillons de la chaîne. Car c'est bien là l'enjeu ! En conséquence, les éleveurs ont accepté de débloquer les abattoirs partout en France.

Stéphane Le Foll a aussi annoncé le doublement de l'enveloppe débloquée en mai pour la prise en charge des cotisations sociales des éleveurs, la portant à 7 millions d'euros pour répondre aux situations urgentes de défaut de trésorerie.

M. Didier Guillaume. Très bonne mesure !

M. Matthias Fekl,secrétaire d'État. Au-delà des problèmes conjoncturels, nous faisons face à des difficultés structurelles. C'est pourquoi le ministre de l'agriculture a défini hier une feuille de route pour y remédier. Il faut ainsi une plus grande transparence sur les prix à la production, mais aussi sur des produits emblématiques, comme le steak haché.

Par ailleurs, nous nous sommes engagés avec Stéphane Le Foll, dans le cadre de ce que nous avons appelé ensemble « la diplomatie des terroirs », à aider notre agriculture à exporter à l'international.

M. le président. Il faut conclure !

M. Matthias Fekl,secrétaire d'État. Nous avons d'ores et déjà obtenu des avancées, en particulier au Vietnam, à la suite de mon récent déplacement dans ce pays.

Stéphane Le Foll, moi-même et l'ensemble des membres du Gouvernement sommes totalement mobilisés aux côtés de cette filière, qui le mérite bien. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. Marc Daunis. Très bien !

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