Question de Mme MEUNIER Michelle (Loire-Atlantique - SOC) publiée le 18/06/2015

Mme Michelle Meunier attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur la gynécologie médicale, spécialité qui joue un rôle important dans la santé des femmes françaises, puisque 60 % d'entre elles consultent régulièrement un ou une gynécologue.

Les professionnels assurent la prise en charge des femmes tout au long de leur vie pour les questions relatives à la contraception, à l'obstétrique, aux infections sexuellement transmissibles, à l'éducation à la sexualité et à la prévention, à la ménopause, aux dépistages de cancers, à l'accompagnement des couples infertiles, ou encore à la procréation médicalement assistée.

Après la réforme de l'internat en 1984, la gynécologie médicale a été supprimée du cursus universitaire.
Cette discipline a été, fort heureusement, rétablie en 2003 par la création du diplôme d'études spécialisées de gynécologie médicale.

Toutefois, compte-tenu de cette absence de formation pendant dix-sept années consécutives et malgré les efforts consentis, les années passées, à l'initiative du ministère des affaires sociales et de la santé, il faut constater que le nombre de gynécologues médicaux récemment formés ne permettra pas de compenser les départs à la retraite prévisibles.

En effet, près de 60 % des professionnels actuellement en fonction cesseront leur activité d'ici à 2020.

Dès lors, elle lui demande comment les pouvoirs publics comptent traiter la question du renouvellement des gynécologues médicaux, afin de compenser les nombreux départs à la retraite en prévision et, ainsi, permettre à chaque femme, où qu'elle vive sur notre territoire, d'accéder aux services d'un médecin spécialisé en gynécologie médicale.

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Réponse du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes publiée le 22/07/2015

Réponse apportée en séance publique le 21/07/2015

gynécologie médicale

M. le président. La parole est à Mme Michelle Meunier, auteur de la question n° 1176, adressée à Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes.

Mme Michelle Meunier. Madame la secrétaire d'État, la gynécologie médicale est une spécialité cruciale pour la santé et la qualité de vie des femmes, car elle assure leur prise en charge tout au long de leur vie. Elle les accompagne dans l'éducation à la sexualité et à la contraception, dans la prévention des infections sexuellement transmissibles, mais elle agit aussi en matière d'obstétrique et de dépistage des cancers ; en outre, elle intervient auprès des couples infertiles et en matière de procréation médicalement assistée ; enfin, elle accompagne les femmes au moment de la ménopause. Par ailleurs, ces professionnels, du fait de leur proximité avec les femmes, jouent aussi un rôle important dans la lutte contre les violences.

La gynécologie médicale a contribué, pour une très large part, à l'amélioration des indices de santé pour les femmes. J'en veux pour preuve la division par quatre du nombre de cancers du col de l'utérus en vingt ans. Seulement 6,7 % des femmes de cinquante ans ont subi une hystérectomie en France, alors que ce taux atteint 40 % aux États-Unis et de 20 % à 30 % dans le reste de l'Europe. Ce résultat est principalement dû à un suivi gynécologique personnalisé tout au long de la vie des femmes.

Or, alors que 60 % des femmes françaises consultent régulièrement un gynécologue, le conseil national de l'ordre des médecins a dressé un constat alarmant de la démographie des gynécologues médicaux. La réforme de l'internat de 1984 a supprimé la gynécologie médicale du cursus universitaire pour près de vingt ans ; il a fallu attendre 2003 pour qu'elle soit rétablie par la création d'un diplôme d'études spécialisées.

Cette absence de formation de professionnels pendant le temps d'une génération a provoqué une diminution de près de cinq cents spécialistes entre 2008 et 2013, soit le quart des effectifs. La moyenne d'âge des 1 350 gynécologues médicaux aujourd'hui en exercice est de cinquante-huit ans, et près de 60 % de ces professionnels cesseront leur activité d'ici à 2020.

Chaque année, le nombre de départements sans spécialiste augmente. Malgré les efforts consentis ces dernières années, le nombre de gynécologues récemment formés ne permettra pas de compenser les départs à la retraite envisagés.

Madame la secrétaire d'État, comment le Gouvernement pense-t-il compenser les nombreux départs à la retraite prévus et permettre ainsi à chaque femme, où qu'elle vive sur notre territoire, d'accéder aux services d'un médecin spécialisé en gynécologie médicale ?

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Pascale Boistard,secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée des droits des femmes. Madame la sénatrice, la réponse aux inégalités de santé et l'amélioration du parcours de santé des patients et des patientes dans toutes ses composantes - soins, prévention, dépistage, éducation à la santé -représentent des enjeux majeurs pour le Gouvernement.

La ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, Mme Marisol Touraine, souhaite donc garantir aux Françaises la possibilité de consulter un gynécologue médical si elles le souhaitent.

Un certain nombre de mesures ont été prises pour consolider la formation des futurs gynécologues médicaux. En particulier, le nombre de postes d'internes en gynécologie médicale a été augmenté régulièrement et substantiellement, en concertation avec l'ensemble des acteurs, pour tenir compte des enjeux démographiques et des capacités de formation.

Ainsi, alors que, en 2012, le nombre de postes offerts en gynécologie médicale à l'issue des épreuves classantes nationales de médecine s'élevait à trente pour toute la France, Mme la ministre a porté ce nombre à quarante pour 2013, à quarante-huit pour 2014 et à soixante-huit pour 2015. Vous le voyez, le nombre de postes d'internes en gynécologie médicale a plus que doublé en trois ans.

Enfin, madame la sénatrice, vous avez raison d'insister sur la nécessité de permettre à toute femme, où qu'elle vive sur le territoire, d'accéder à un médecin spécialiste. C'est pourquoi le Gouvernement s'est mobilisé très rapidement pour améliorer l'accessibilité aux soins. Cette volonté politique a notamment trouvé sa traduction à travers le « pacte territoire santé ».

L'un des engagements du pacte a ainsi conduit à simplifier, en 2013, le dispositif du contrat d'engagement de service public, bourse versée aux étudiants en médecine en contrepartie d'un engagement à s'installer en zone sous-dense. Ce contrat est désormais ouvert aux étudiants et internes en médecine de toutes spécialités, dont la gynécologie médicale, en fonction des besoins identifiés localement et des projets professionnels des candidats.

M. le président. La parole est à Mme Michelle Meunier.

Mme Michelle Meunier. Je vous remercie de l'annonce que vous venez de faire, madame la secrétaire d'État : soixante-huit postes ouverts en gynécologie médicale pour l'année 2015-2016, c'est vingt de plus que l'année dernière, ce qui est significatif.

Toutefois, nous le savons, il nous faudra encore revenir à cette question et poursuivre les efforts dans les années à venir pour que, comme vous le dites, chaque femme, là où elle se trouve en France, puisse avoir accès à la gynécologie médicale.

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