Question de Mme BATAILLE Delphine (Nord - Socialiste et républicain) publiée le 08/10/2015

Mme Delphine Bataille attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur la forte recrudescence de rats musqués dans la région Nord-Pas-de-Calais.
Le rat musqué est une espèce invasive qui a été introduite en France pour l'élevage et la commercialisation de sa fourrure. Cette espèce aquatique, qui prolifère depuis dans nos régions, participe à la dégradations de nos marais et de nos cultures dans les zones humides.
Elle est aussi à l'origine de nombreux dégâts le long des berges, sur tout le réseau hydraulique, et même sur les routes et chemins, à cause des galeries souterraines qui affaiblissent la voirie.
Les rats musqués sont aussi vecteurs de la leptospirose, maladie qui se transmet par contact des muqueuses et de la peau, dont une forte augmentation du nombre de cas signalés a été constatée.

L'interdiction de piégeage chimique ainsi que l'absence d'hivers rigoureux depuis deux saisons ont favorisé leur reproduction sur notre territoire.

Ainsi, l'année 2014 constitue un record de prises avec une hausse brutale de 50 % par rapport à 2013 et cette tendance se confirme au premier semestre de 2015.

Les organismes chargés de contrôler la prolifération de ces nuisibles dénoncent les risques majeurs qui accompagnent cette forte recrudescence, un risque économique pour l'agriculture locale, un risque environnemental et hydraulique et un réel risque sanitaire et de salubrité.

Aussi, elle souhaite connaître les mesures qu'elle envisage pour accompagner efficacement les communes dans la lutte contre cette infestation de rats musqués et faire face aux risques qui en découlent.

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Transmise au Ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargé des relations internationales sur le climat


Réponse du Ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargé des relations internationales sur le climat publiée le 16/03/2017

Les chasseurs et les piégeurs sont très attachés à l'activité de régulation de spécimens d'espèces sauvages classées en tant que « nuisibles », en particulier non indigènes telles que le rat musqué et le ragondin, susceptibles d'occasionner des dommages non seulement aux activités humaines, mais aussi à la faune et à la flore autochtones. L'arrêté ministériel du 30 juin 2015 relatif aux classements et aux modalités de destruction des espèces nuisibles non indigènes renforce le dispositif précité où les piégeurs agréés ont toute leur place. L'union nationale des piégeurs agréés de France (UNAPAF), interlocuteur privilégié du ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargé des relations internationales sur le climat, pour les dossiers relatifs au piégeage, assure la promotion du « piégeage utile », en tant que régulation durable participant à la préservation des équilibres agro-sylvo-cynégétiques conformément aux dispositions réglementaires en vigueur. Les rats musqués sont classés « nuisibles » sur l'ensemble du territoire métropolitain de la France et peuvent faire l'objet d'une pression de destruction élevée : ils peuvent, toute l'année, être piégés en tout lieu, détruits à tir et déterrés, avec ou sans chien, en particulier dans le Nord et le Pas-de-Calais. Le rat musqué est également une espèce de gibier dont la chasse est autorisée de l'ouverture à la clôture générales, sans préjudice de la régulation par piégeage précitée, y compris en temps de neige sur l'ensemble du territoire métropolitain de la France par application de l'arrêté ministériel du 26 novembre 2004. Les piégeurs peuvent également intervenir dans le cadre d'opérations de régulations administratives ordonnées par les préfets ou les maires (articles L. 427-4 à L. 427-6 du code de l'environnement). La destruction à tir ou par piégeage (à l'exception du collet) du rat musqué est également autorisée pour les propriétaires ou fermiers, en cas de dégât avéré ou imminent, conformément à l'article L. 427-9 du code de l'environnement qui définit la lutte contre « les bêtes fauves » et qui intègre dans sa jurisprudence le rat musqué. Dans le milieu naturel, hors de toute détention ou apprivoisement en captivité, le rat musqué est juridiquement considéré comme « res nullius ». De fait, l'indemnisation des particuliers ou des collectivités par l'État des dommages que cette espèce provoque n'est pas possible, en l'absence de base législative spécifique. Rien n'interdit cependant aux membres de la représentation nationale de mobiliser leur réserve parlementaire pour financer ce type d'actions. Enfin, si des spécimens de cette espèce peuvent éventuellement être porteurs de la leptospirose, il convient de rappeler que cette maladie grave est surtout transmise par l'urine des rats et souris, ainsi que par les chiens et les chats. Pour incriminer spécifiquement cette espèce au regard de motifs sanitaires, il conviendrait d'étayer une telle affirmation par des données scientifiques et techniques à jour qui démontreraient cet état de fait. Au vu de la pression de destruction possible compte tenu des différents dispositifs réglementaires précités, il convient d'examiner localement les modalités de coordination des efforts des chasseurs, des piégeurs qui sont cinq à dix fois plus nombreux dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais que dans la moyenne des autres départements, et des lieutenants de louveterie, avec les services du préfet pour lutter contre la propagation de cette espèce non indigène tout en préservant la biodiversité autochtone et les activités humaines.

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