Question de M. REQUIER Jean-Claude (Lot - RDSE) publiée le 03/02/2016

Question posée en séance publique le 02/02/2016

M. Jean-Claude Requier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture.

Pour éradiquer l'épizootie de grippe aviaire qui touche le Sud-Ouest, les élevages de palmipèdes des dix-huit départements concernés devront « geler » leur production – c'est une première en France ! –, et ce durant plusieurs mois, avec la mise en place d'un vide sanitaire. Cette mesure consiste à ne plus faire naître et à ne pas introduire de canetons durant une période d'au moins quatre mois.

Face à cette situation, et sans remettre en cause la nécessité de lutter contre l'épizootie, je souhaite néanmoins insister sur une autre nécessité, celle de sauver cette production du Sud-Ouest, attachée à la qualité, aux méthodes traditionnelles et aux produits sous labels issus des filières courtes.

Tout en saluant le soutien financier apporté par l'État, à hauteur de 130 millions d'euros, en faveur des éleveurs et des accouveurs du Sud-Ouest, et dans l'attente des aides de l'Europe et des régions, je propose deux mesures spécifiques.

La première consisterait à permettre l'entrée, après le vide sanitaire, d'animaux issus de régions indemnes de la grippe aviaire et prêts à gaver, au lieu de repartir avec de petits canetons, ce qui permettrait de gagner jusqu'à douze semaines.

La seconde serait de prendre en compte tous les acteurs de la filière aval touchés par cet arrêt de la production - abatteurs, conserveurs et commercialisateurs -, en leur apportant une compensation financière, sans oublier les charges fixes, en cette période bien sombre pour la filière « gras ».

Monsieur le ministre, comment accueillez-vous ces deux propositions ? (Applaudissements sur les travées du RDSE, ainsi que sur plusieurs travées de l'UDI-UC et du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 03/02/2016

Réponse apportée en séance publique le 02/02/2016

M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur, vous avez évoqué l'influenza aviaire, qui touche toute une région et la filière de palmipèdes à foie gras, une filière qui fait aussi la renommée de notre agriculture.

J'ai réuni l'ensemble des professionnels de cette filière - tous ! -, les industriels, le syndicat représentant l'ensemble de l'interprofession, les accouveurs et les éleveurs petits, moyens et grands !

Concernant votre proposition de faire entrer des canards prêts au gavage, la réponse est très simple : si l'on veut réussir à éradiquer l'influenza aviaire - et tel est l'objectif ! - , il ne faut appliquer que des mesures relevant d'un vide sanitaire strict. Si on laisse à penser que l'on va pouvoir faire venir des canards prêts à gaver de zones indemnes ou d'ailleurs - les canards importés d'autres pays font aussi partie du débat, je le sais ! -, on prend un risque, alors que, encore une fois, tout doit être fait pour réaliser ce vide sanitaire et ainsi éradiquer la grippe aviaire. C'est pourquoi je réponds « non » à votre première suggestion.

D'ailleurs, lorsque j'ai posé la question à tous les professionnels - c'est moi qui ai fait cette proposition ! -, tous ont affirmé qu'il valait mieux s'appliquer à réussir le vide sanitaire, en reprenant la production avec des canetons.

Concernant votre seconde proposition, il va bien sûr falloir tenir compte des industries liées à l'ensemble de cette filière.

La première chose que nous avons faite, c'est débloquer 130 millions d'euros pour les éleveurs et les accouveurs : les premiers touchés aujourd'hui par la grippe aviaire sont les producteurs de canetons - et de poussins, d'ailleurs, car les producteurs de volaille sont aussi concernés.

Ensuite, nous réaliserons avec les régions - j'ai rencontré les deux présidents de région, Carole Delga et Alain Rousset -...

M. le président. Je vous demande de conclure, monsieur le ministre.

M. Stéphane Le Foll, ministre. ... une évaluation et, au cas par cas, le remboursement de ce qu'aura été le coût pour l'ensemble de la filière agricole liée à la production du foie gras. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur quelques travées du groupe écologiste.)

M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Requier, pour la réplique.

M. Jean-Claude Requier. Monsieur le ministre, je regrette que vous n'acceptiez pas le recours aux canards prêts à gaver, ce qui aurait permis de raccourcir les délais d'interruption du gavage.

En conclusion, et en réponse à la venue - malvenue, mais très médiatisée -, de Pamela Anderson à l'Assemblée nationale (Exclamations amusées.), permettez-moi de dire simplement que, si elle est contre le gavage, moi, je suis contre le silicone et contre le Botox (Rires et applaudissements.),...

M. le président. Et moi, je suis pour le respect du temps de parole ! (Sourires.) Veuillez conclure, mon cher collègue.

M. Jean-Claude Requier. ... ce Botox qui, injecté dans les rides, finit non pas dans le foie, mais dans le cerveau ! (Rires et applaudissements sur les travées du RDSE, sur quelques travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur les travées de l'UDI-UC et du groupe Les Républicains.)

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