Question de M. CAMBON Christian (Val-de-Marne - Les Républicains) publiée le 18/02/2016

M. Christian Cambon attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les mesures préventives pour lutter contre la propagation du virus Zika.

L'Amérique du sud est frappée de plein fouet par un virus découvert il y a soixante ans en Tanzanie, puis en Ouganda et dont on avait presque oublié le nom : Zika. La Colombie et le Brésil (plus précisément l'État du Pernambouc), deux grandes puissances régionales, sont actuellement fortement impactées par cette maladie assez proche du chikungunya qui se transmet par une piqûre de moustique tigre.

Suspecté d'entraîner des malformations chez les nouveau-nés (microcéphalie) et des maladies neurologiques chez l'adulte, le virus Zika se rapproche de plus en plus de la France métropolitaine. Pour preuve, l'organisation mondiale de la santé, le 28 janvier 2016, par la voix de sa directrice, s'est montrée « particulièrement inquiète » d'une possibilité de propagation internationale.

Le virus touche à présent les Antilles (dont la Martinique). La Guyane, pour le moment épargnée, qui a plus de 700 km de frontière avec son voisin brésilien, garde un souvenir traumatisant de la gestion des cas de chikungunya par les pouvoirs publics.

Il l'interroge sur les mesures qui vont être prises pour protéger nos concitoyens des Antilles, de Guyane et de France métropolitaine afin de ne pas revivre l'épisode du chikungunya.

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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 07/04/2016

Comme la dengue et le chikungunya, le virus Zika est une arbovirose transmise par des moustiques du genre Aedes. La fièvre Zika est la plupart du temps spontanément résolutive, les symptômes durant de 4 à 7 jours. Cependant, des signes neurologiques graves (syndrome de Guillain Barré) au décours d'une infection par le virus Zika et des augmentations significatives de microcéphalies chez les nouveaux nés ont été rapportés suite aux épidémies de Zika en Polynésie française et au Brésil. Aucun vaccin ni traitement curatif spécifique ne sont aujourd'hui disponibles. L'apparition de cette arbovirose dans les départements français d'Amérique (DFA) se fait dans un contexte de lutte anti-vectorielle (LAV) récurrente : les services de LAV, formés à la lutte contre le moustique vecteur Aedes aegypti, qui est également le vecteur de la dengue, sont opérationnels. Des programmes de surveillance, d'alerte et de gestion des épidémies sont élaborés localement. Cependant, l'absence totale d'immunité au chikungunya et au virus Zika au sein de la population impose une lutte rapide et massive, avec comme objectif d'empêcher l'extension de l'épidémie et son endémisation. La recherche est aujourd'hui fondamentale pour limiter l'impact du virus Zika, et le Gouvernement a souhaité renforcer l'intervention des acteurs dans ce domaine. L'institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) est mobilisé, en lien avec l'institut Pasteur et l'institut de recherche et de développement (IRD), au sein du consortium REACTing. Ces travaux se font en lien avec leBrésil : la Fiocruz et l'université de Sao Paulo. Les gynécologues obstétriciens français et brésiliens sont également en contact. Parmi les actions d'ores et déjà entreprises, des études observationnelles ont été lancées en janvier 2016, sur les conséquences de l'infection par le virus zika au cours de la grossesse pendant l'épidémie. Elles devraient permettre le suivi de 5000 femmes enceintes en Guadeloupe, Guyane et Martinique, avec l'appui du centre d'investigation clinique sous l'égide de l'INSERM. La communauté des neurosciences, a également été mobilisée sur le plan clinique et fondamental. Un consortium international a été constitué pour préparer un projet de recherche en réponse à un appel d'offre européen. L'émergence des résistances des moustiques vecteurs aux biocides autorisés pour la LAV et le nombre restreint de substances disponibles offrent également un champ de recherche important pour des moyens de lutte alternatifs (technique de l'insecte stérile, moustique génétiquement modifié, autres substances chimiques biocides…). L'institut Pasteur de la Guyane a lancé une étude sur la résistance des moustiques pour mener des tests de résistance. Le centre national d'étude des vecteurs travaille également en lien avec l'agence nationale de sécurité de l'environnement, du travail et de l'alimentation, afin de déterminer les nouvelles molécules ou méthodes de lutte qui pourraient être utilisées. Enfin, la ministre des affaires sociales et de la santé a eu l'occasion lors de son déplacement dans les Antilles et en Guyane, en février 2016, de prendre la mesure de la situation et de la gestion au niveau local de l'épidémie de virus zika. Elle a pu rappeler les mesures prises par le Gouvernement pour lutter contre l'épidémie de zika et prévenir les cas graves, notamment de malformations congénitales, et s'engager à fournir les renforts nécessaires, en tant que de besoin.

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