Question de M. CAMBON Christian (Val-de-Marne - Les Républicains) publiée le 24/03/2016

M. Christian Cambon appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et du développement international sur le drame humanitaire que vit la République du Yémen.

La crise au Yémen peut se comparer sur quelques aspects à la crise syrienne: une guerre entre sunnites et chiites, une participation militaire étrangère puissante (l'Arabie saoudite) et des pourparlers de paix arrêtés. Pourtant, il y a une différence majeure : le lourd silence de la communauté internationale.

Dans son dernier rapport du 28 janvier 2016, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a divulgué ces chiffres saisissants : 14,5 millions de personnes dont 1,3 million d'enfants - soit la moitié de la population totale du Yémen- se trouvent en situation d'insécurité alimentaire et de malnutrition.

Depuis le début du conflit, on dénombre 6 000 morts, entre 28 000 et 35 000 blessés sans compter les 1,5 million de personnes déplacées. Si pour le moment ces réfugiés de guerre se rendent essentiellement à Djibouti ou en Somalie, on commence à voir se multiplier des départs à destination de l'Égypte en vue de rejoindre l'Europe.

Cette situation fait dire aux spécialistes du Moyen-Orient que la prochaine crise des réfugiés viendra du Yémen. L'Union européenne, et dans une moindre mesure la France, est déjà durement impactée par les populations venues d'Irak et de Syrie.

La France ne peut pas se permettre de rester indifférente face au drame menaçant le Yémen. Aussi, il souhaite savoir si le Gouvernement va prendre des dispositions avec ses partenaires européens et répondre aux appels pressants des organisations internationales et des organisations non gouvernementales.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 15/09/2016

La France s'est mobilisée en avril 2015, avec ses partenaires au Conseil de sécurité des Nations unies, en faveur du rétablissement de la légalité au Yémen, en co-parrainant la résolution 2216 du CSNU. Elle a soutenu le gouvernement légitime, qui a appelé à l'intervention d'une coalition de pays arabes pour restaurer la stabilité et l'unité du pays. Elle maintient le dialogue avec l'ensemble de ses partenaires pour aider à la résolution du conflit. En dépit de la suspension des négociations depuis le début du mois d'août, la France demande aux parties à la crise au Yémen de réaffirmer leur attachement à la recherche d'une solution politique durable et inclusive et à reprendre au plus vite les négociations. Seule une solution politique permettra de mettre fin au conflit qui dure déjà depuis bien trop longtemps. La France réitère son plein soutien à la médiation de l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies. Cette solution politique est rendue d'autant plus urgente par le drame que vit la population yéménite qui préoccupe vivement la France. La destruction des infrastructures vitales et la poursuite des combats ont des effets dévastateurs sur les civils. L'accès humanitaire aux populations dans le besoin est entravé, les acteurs humanitaires et les soins de santé sont pris pour cible, en violation du droit international humanitaire et des principes de l'action humanitaire. La France condamne sans équivoque ces actes dans toutes les enceintes multilatérales et lors des multiples échanges bilatéraux. Elle œuvre pour que cessent les attaques contre les populations civiles, les infrastructures vitales et les soins de santé, et appelle les parties au conflit à respecter leurs obligations internationales. Elle reste pleinement mobilisée pour que soit garanti l'acheminement de l'aide humanitaire aux populations affectées. La protection des populations civiles, des infrastructures vitales et des soins de santé doit être un impératif absolu. La France a apporté son soutien à la mise en place et veille au suivi du mécanisme d'inspection et de vérification des Nations unies pour permettre aux denrées de première nécessité d'entrer dans le pays. La France demande aux parties de maintenir le cessez-le-feu, aujourd'hui très fragilisé, qui seul peut permettre d'améliorer la situation humanitaire et d'alléger les souffrances du peuple yéménite.

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