Question de M. DASSAULT Serge (Essonne - Les Républicains) publiée le 28/04/2016

M. Serge Dassault attire l'attention de Mme la ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social sur l'impact de la réforme de la collecte de la taxe d'apprentissage pour le financement des centres de formation des apprentis (CFA) et de l'apprentissage.

Depuis plusieurs années, l'apprentissage constitue une voie d'accès privilégiée à l'emploi pour nos jeunes, en leur offrant un réel avenir professionnel. Le Gouvernement s'était d'ailleurs donné un objectif de 500 000 apprentis en 2017.

Depuis, le Gouvernement a annoncé la mise en place d'une réforme de la collecte de la taxe d'apprentissage dès 2015 permettant d'assurer le développement de cette voie de formation. Or, cette première année d'application de la réforme laisse craindre le contraire, particulièrement pour les CFA dispensant des formations de niveaux V et IV correspondant respectivement au certificat d'aptitudes professionnelles (CAP) et au bac.

Selon les dernières estimations, il s'avère que la collecte globale de la taxe d'apprentissage en Île-de-France pour 2015 est en baisse de 7 % par rapport à 2014, passant de 334,5 millions d'euros à 310 millions d'euros. Pour exemple, les CFA du réseau des chambres des métiers d'Île-de-France sont largement impactés par cette réforme : leurs budgets sont en baisse de 8 % à 30 %.

Plusieurs explications peuvent déjà être avancées : premièrement, la partie hors quota de la taxe d'apprentissage, dont ne peuvent plus bénéficier les CFA, n'est pas compensée par la nouvelle contribution dite « contribution supplémentaire à l'apprentissage (CSA) collectée » auprès des entreprises de plus de 250 salariés qui ne respectent pas l'obligation d'accueil de 5 % d'alternants. Ce phénomène ne fera que s'aggraver dans le temps dans la perspective d'un comportement plus vertueux de ces grandes entreprises pour respecter le quota.

Deuxièmement, la nouvelle obligation, pour les entreprises, de verser leur taxe d'apprentissage à un organisme collecteur de la taxe d'apprentissage (OCTA) unique privilégie naturellement les OCTA de branche et donc le versement des fonds libres au CFA de branche.

Ces effets combinés rendent la situation financière de certains CFA, dont ceux du réseau des chambres de métiers et de l'artisanat, extrêmement fragile dès cette année et cela risquera de conduire à la fermeture de plusieurs d'entre eux si aucune mesure rectificative n'est prise.

Dans ce contexte, il lui demande pourquoi ne pas reprendre l'une des propositions portées par l'assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat (APCMA) qui consiste à garantir un montant minimum d'affectation des recettes de la taxe d'apprentissage à un CFA, en fonction du nombre d'apprentis accueillis dans l'établissement.

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Transmise au Secrétariat d'État, auprès du ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, chargé de la formation professionnelle et de l'apprentissage


Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, chargé de la formation professionnelle et de l'apprentissage publiée le 12/01/2017

La loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale et ses décrets d'application ont porté la rationalisation du nombre d'organismes collecteurs de la taxe d'apprentissage, afin de simplifier l'acte de collecte pour les entreprises. Depuis le 1er janvier 2016, seuls peuvent être habilités à collecter et reverser les fonds de la taxe d'apprentissage : - au niveau national, les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) au titre de la formation professionnelle continue sur le territoire national et dans leur champ de compétence professionnel ou interprofessionnel ; - au niveau régional, une chambre consulaire par région. De ce fait, le nombre de collecteurs a ainsi été ramené de 147 à 38 (20 OCPA et 18 collecteurs régionaux). La question du champ des entreprises ne relevant pas d'une branche professionnelle (non adhérente à une convention collective) s'est posée. La règle qui a été retenue est celle qui s'applique en matière de collecte de la contribution à la formation professionnelle : une entreprise adhérente à une branche professionnelle ne peut choisir que le collecteur de sa branche (exemple : une entreprise adhérente à la fédération française du bâtiment peut verser sa collecte à Constructys, son OPCA de branche) ou l'organisme consulaire de sa région. Ce faisant, cette règle renforce le pilotage des politiques de formation des branches professionnelles. En 2014, lors de la rédaction du décret d'application, les OPCA interprofessionnels ont souhaité l'aménagement d'une période de transition qui permet aux entreprises, jusqu'au 31 décembre 2017, de continuer à verser leur taxe d'apprentissage à leur OPCA de rattachement ou à un OPCA interprofessionnel. À ce stade, il ne paraît pas pertinent de prolonger cette période pour deux raisons. Premièrement, cela reviendrait à remettre en cause l'objectif visant à permettre aux branches de développer de véritables politiques en matière de formation « tout au long de la vie ». Pour les construire, il est nécessaire d'établir des liens entre la formation initiale et la formation continue, afin de penser en termes de parcours professionnel. Dès lors, il est cohérent d'organiser la collecte de la taxe d'apprentissage comme celle de la contribution à la formation professionnelle. Deuxièmement, le problème n'est pas celui des ressources collectées par les OPCA mais celui du soutien financier aux CFA qui proposent des formations transversales. Aujourd'hui, même si tous les enseignements de la dernière collecte n'ont pas encore été établis, aucune alerte sur le fait que ces CFA seraient en difficulté n'a été formulée dans un contexte où la réforme du financement de l'apprentissage a permis d'augmenter la ressource régionale de 95 M€ en 2015, et de 51 M€ de plus en 2016. Avec ces ressources, les conseils régionaux disposent de toutes les marges leur permettant d'exercer leur rôle de régulation en matière de financement des CFA. Bien entendu, il convient d'être vigilant et d'observer dans le temps la situation des CFA interprofessionnels, ce qui a été demandé aux services du ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social qui ont mis en place avec les organismes collecteurs un dispositif de veille pour s'assurer de la mise à disposition, en fonction des besoins des territoires, de formations notamment sur des métiers transverses.

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