Question de M. LONGEOT Jean-François (Doubs - UDI-UC) publiée le 30/09/2016

Question posée en séance publique le 29/09/2016

M. Jean-François Longeot. Monsieur le Premier ministre, je tiens ici, dans cet hémicycle, à exprimer ma colère et mon indignation à la suite de la décision d'Alstom Transport de fermer le site de Belfort, dans l'attente certaine d'une nouvelle annonce pour les autres sites.

Même si aujourd'hui quelques aménagements sont envisagés, cette situation est d'autant plus incompréhensible que mon collègue Claude Kern vous avait alerté le 31 mars dernier, vous faisant part de ses inquiétudes.

Je vous ai moi-même signalé, le 13 février 2015, c'est-à-dire il y a tout de même quelque temps, que le comité stratégique de la filière ferroviaire avait, dans sa séance du 13 novembre 2014, dressé un constat alarmiste au regard du plan de charge. Des collègues du groupe Les Républicains vous ont également alerté ainsi que le Président de la République de cette situation.

Cette situation allait inévitablement engendrer un énorme problème d'emplois. Malheureusement, nous y sommes aujourd'hui.

À ma question du 13 février 2015, votre secrétaire d'État, Mme Axelle Lemaire, répondait : « En France comme à l'étranger, le train français regarde vers l'avenir. Il a de beaux jours devant lui, parce qu'il se modernise. » Vous avez une conception bien à vous des beaux jours et de la modernité !

Monsieur le Premier ministre, ma question est la suivante : face à la colère des salariés d'Alstom venus manifester mardi dernier au siège de Saint-Ouen, allez-vous réellement vous engager pour sauver durablement l'activité du groupe et éviter une situation similaire à la fermeture des hauts fourneaux de Florange en Lorraine ou vous réfugier derrière des commandes artificielles et clientélistes ?


M. le président. Il faut conclure !


M. Jean-François Longeot. Ne serait-il pas judicieux de développer en France une culture de localisation de l'emploi en lien avec la commande publique ? (Applaudissements sur les travées de l'UDI-UC, ainsi que sur quelques travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 30/09/2016

Réponse apportée en séance publique le 29/09/2016

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur Longeot, Axelle Lemaire et moi-même avons eu l'occasion il y a un instant de répondre à deux de vos collègues sur ce sujet.

Je ne veux pas polémiquer sur ce dossier complexe. Vous nous le rappelez à d'autres occasions : nous sommes dans une économie ouverte où la concurrence bat son plein, dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres.

Alstom, comme d'autres entreprises, conquiert des marchés à l'export – je pense notamment à l'Inde ou aux États-Unis – et souvent grâce à l'action du Gouvernement, quel qu'il soit d'ailleurs, et du Président de la République. En effet, des représentants d'Alstom comme ceux d'autres grandes entreprises font partie de nos délégations officielles à l'étranger. Dès qu'elle le peut, « l'équipe France » cherche à remporter des marchés.

Reconnaissons-le – j'aurais pu le rappeler dans ma réponse à votre collègue communiste –, il y a aussi quelques succès, autres encore que ceux que j'ai évoqués, comme celui d'Airbus ou du Rafale. C'est là que l'État joue pleinement son rôle.

Mais revenons-en à Alstom.

Mme Fabienne Keller. Oui !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Comme je l'ai dit tout à l'heure, Alstom rencontre un problème qui ne date pas d'aujourd'hui – vous avez eu raison de le rappeler, monsieur le sénateur – de surcapacité et une difficulté sur la période dont j'ai donné les dates il y a un instant.

Nous travaillons actuellement sur ce dossier et Emmanuel Macron a déjà eu l'occasion de répondre ici sur le sujet. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mesdames, messieurs les sénateurs, je suis toujours attentif à ce qu'on rappelle l'action des différents ministres ou d'anciens membres du Gouvernement, d'autant plus que vous avez souvent eu l'occasion d'interroger le Gouvernement sur ces questions.

Aujourd'hui, nous sommes en effet surpris et gênés de l'annonce faite par Alstom, et même en colère. La méthode n'était pas acceptable et nous avons eu…

Mme Fabienne Keller. Mais vous le saviez !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Madame la sénatrice, ne remettez pas en cause ma parole dans cette affaire-là ou alors on entre dans un autre débat ! Moi, je souhaite évoquer ici les différents dossiers concernant Alstom. Quand je viens à Strasbourg, vous avez un autre comportement. Ne soyez pas différente à Strasbourg et ici pour des raisons de basse politique ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. – Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Fabienne Keller. Je suis la même !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Nous faisons tout pour sauver cette entreprise !

Nous tenons compte de ce que vous venez de dire et qui me paraît extrêmement juste, monsieur le sénateur : nous agissons évidemment sur la commande publique, tout en ayant le souci de respecter les règles dans ce domaine, et incitons également Alstom à réaliser les investissements nécessaires. En effet, comme l'a dit l'un de vos collègues, l'entreprise Alstom a bénéficié de soutiens des pouvoirs publics. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur certaines travées du groupe écologiste.)

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