Question de Mme IMBERT Corinne (Charente-Maritime - Les Républicains-R) publiée le 30/09/2016

Question posée en séance publique le 29/09/2016

M. le président. La parole est à Mme Corinne Imbert, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Mme Corinne Imbert. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Ça va mieux ! Oui, sauf pour les chômeurs, les entrepreneurs, les investisseurs, l'économie nationale, les plus fragiles, la ruralité. Somme toute, ça va mieux, sauf pour les Français ! (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.) Comme le dirait lui-même le Président de la République : « Pas de bol » !

Le Gouvernement commente avec une certaine forme de déni et finalement d'indécence les résultats calamiteux du chômage publiés à la fin de chaque mois et plus encore ceux du mois d'août. Pourtant, à cette période, les résultats sont habituellement stimulés par les contrats saisonniers.

Le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A a augmenté de 50 200, soit une hausse de 1,4 %. C'est historique depuis la crise de 2008 ! Nous enregistrons un triste record malgré la malice et les tours de passe-passe statistiques, sans compter le renfort des escadrons d'emplois aidés créés depuis 2012.

Vous espériez une inversion de la courbe, mais force est de constater que la croissance ne concerne que le chômage ! Quel que soit le critère observé, on ne constate aucune baisse. Pis encore, le nombre de chômeurs des catégories D et E, c'est-à-dire les chômeurs en stage, en formation, en maladie et en contrat aidé, s'est envolé et le nombre de personnes passées des catégories A, B ou C à la catégorie D a littéralement explosé pour atteindre le chiffre de 90 800 en 2016, soit plus du double en l'espace d'une année !

Derrière ces chiffres, on trouve des hommes et des femmes qui souffrent et vivent de réelles difficultés, parfois des familles qui se déchirent. Les Français souffrent, la France coule, et il vous reste sept mois, monsieur le Premier ministre !

Ma question est donc simple : que comptez-vous faire pour éviter la noyade ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur quelques travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social publiée le 30/09/2016

Réponse apportée en séance publique le 29/09/2016

M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail.

Mme Myriam El Khomri, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Madame Imbert, je sais tout comme vous que, derrière ces statistiques froides, il y a évidemment des hommes et des femmes qui se battent, que les familles sont durement touchées, que l'on observe parfois une perte d'estime de soi et de confiance en soi chez ces personnes et que les enfants eux-mêmes sont affectés. Nous en sommes tous conscients.

On ne peut m'accuser d'aucune dérobade. Je crois pouvoir dire dans cet hémicycle que j'ai toujours assumé notre bilan. Oui, les chiffres du mois d'août sont en effet mauvais ! Ils révèlent une hausse de 50 200 demandeurs d'emploi de catégorie A. Cependant, il faut également rester lucide : ces chiffres ne remettent pas en cause la trajectoire.

Permettez-moi de rappeler ici, comme je le fais à chaque fois, que les chiffres soient bons ou mauvais, qu'il faut étudier les statistiques sur une période d'au moins trois mois. C'est d'ailleurs ainsi que travaillent l'ensemble des services statistiques. Que dit l'INSEE ? Si l'on prend les chiffres du BIT, auxquels vous nous renvoyez à chaque fois que l'on réalise des comparaisons internationales, le chômage a baissé en une année de 10,5 % à 9,9 % en France. Voilà la réalité !

Mme Sophie Primas. Dites-le aux Français, ça leur fera plaisir !

Mme Myriam El Khomri, ministre. Par ailleurs, nous avons lancé le plan d'urgence pour l'emploi en janvier dernier, afin de mettre toutes les chances possibles de notre côté dans le combat contre le fléau du chômage, pour mettre toutes les chances du côté des demandeurs d'emploi, notamment les moins qualifiés.

Alors, non, on ne peut pas parler de trucage des statistiques quand on lance un plan de formation avec l'appui des présidents de région ! Concrètement, le plan « 500 000 formations », c'est, par exemple, la démarche que nous avons lancée pour développer l'emploi local à Saint-Nazaire avec le président Retailleau (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.), pour limiter le recours au travail détaché et développer la qualification des demandeurs d'emploi. Il s'agit là d'une exigence morale, sociale et économique !

M. le président. Il faut conclure !

Mme Myriam El Khomri, ministre. L'aide « embauche PME », quant à elle, a été sollicitée par 720 000 PME.

M. le président. Concluez !

Mme Myriam El Khomri, ministre. Nous restons déterminés à accélérer notre action, car nous savons qu'il est nécessaire de créer beaucoup plus d'emplois dans notre pays. C'est ce que nous avons commencé à faire : depuis un an, 185 000 nouveaux emplois ont été créés. Voilà un autre exemple concret de notre politique ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur certaines travées du groupe écologiste.)

M. le président. La parole est à Mme Corinne Imbert, pour la réplique.

Mme Corinne Imbert. Madame la ministre, j'observe tout d'abord que vous ne parliez hier que de 140 000 emplois créés. Le nombre d'emplois créés a donc augmenté de 45 000 en vingt-quatre heures…

Ensuite, je vous rappelle que, par définition, les chômeurs en formation ne sont pas des personnes en situation d'emploi et n'ont pas de contrat de travail.

Cessez de reporter la faute sur autrui, assumez et agissez ! Pendant quatre ans, c'était la faute du gouvernement précédent. Hier encore, vous disiez que « le problème, ce ne sont pas les chômeurs, mais le chômage ».

Soyons sérieux ! Nous attendons du Gouvernement qu'il se préoccupe prioritairement du travail et de l'emploi. Encore faudrait-il pour cela faire preuve de courage et d'humilité ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Ladislas Poniatowski. Très bien !

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