Question de M. PIERRE Jackie (Vosges - Les Républicains) publiée le 19/10/2016

Question posée en séance publique le 18/10/2016

M. Jackie Pierre. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Monsieur le ministre, la manifestation qui a rassemblé, cette nuit, 500 policiers sur les Champs-Élysées, indépendamment de tout mot d'ordre syndical, est une première qui témoigne, s'il en était besoin, du degré d'exaspération de l'ensemble des forces de police.

Dès minuit, ils étaient plus de 400, venus de Paris et des environs, rassemblés devant l'hôpital où un de leurs collègues, gravement brûlé dans sa voiture à Viry-Châtillon, la semaine dernière, se trouve toujours entre la vie et la mort.

Il y a urgence à répondre au grand malaise qui s'installe dans l'esprit de ceux qui ont la charge de nous protéger. Devant des situations qui se répètent désormais, vos réponses quantitatives deviennent de plus en plus dérisoires.

On renforce les dispositifs, mais on persiste dans les erreurs d'appréciation. Ce qui est en cause, c'est l'absurdité d'une politique menée depuis cinq ans, c'est la culture de l'impunité, qui fait que les délinquants sont trop souvent considérés comme des victimes, c'est la désagrégation de l'autorité de l'État, qui ne sait plus, comme on a pu le voir à Notre-Dame-des-Landes ou sur la place de la République, faire respecter l'ordre républicain et la validité des décisions démocratiques, c'est, enfin, l'attitude d'un gouvernement qui tient pour suspects les policiers. (Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.) En effet, le projet de loi « Égalité et citoyenneté » que nous avons examiné la semaine dernière prévoit que les policiers seront contraints de fournir des vidéos attestant leur bonne foi lorsqu'ils procèdent à des contrôles d'identité…

Monsieur le ministre, avez-vous conscience que la réalité apporte un démenti quotidien aux choix que vous avez faits depuis le début de ce quinquennat ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 19/10/2016

Réponse apportée en séance publique le 18/10/2016

M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, je vous remercie de votre question, à laquelle je veux apporter des réponses très précises.

Nous sommes dans un exercice politique, la primaire, qui ne porte d'ailleurs pas si mal son nom… (Rires sur les travées du groupe socialiste et républicain. – Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Monsieur le sénateur, vous affirmez que les politiques quantitatives ne servent à rien. Je vous invite à vous rendre avec moi dans les commissariats et les brigades de gendarmerie, quand vous le voudrez, pour entendre ce que l'on y pense de la suppression de 13 000 emplois au cours du quinquennat précédent. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRC, ainsi que sur certaines travées du RDSE.) Accompagnez-moi devant les CRS et les gendarmes mobiles pour mesurer les conséquences de la suppression de quinze unités de forces mobiles durant le quinquennat précédent ! (Nouveaux applaudissements sur les mêmes travées.)

Venez expliquer dans les gendarmeries et les commissariats de police combien la politique que vous avez menée, qui a conduit à une diminution de 15 % des crédits d'investissement, laissant gendarmes et policiers dépourvus de moyens de protection, d'armes, de véhicules, était excellente ! (Nouveaux applaudissements sur les mêmes travées. – Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Sophie Primas. Cinq ans !

M. Bernard Cazeneuve, ministre. Madame la sénatrice, en cinq ans, nous aurons créé 9 000 emplois dans les forces de sécurité ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.) Nous aurons augmenté de 15 % les crédits d'investissement pour la police et la gendarmerie. Nous aurons acquis, cette année, près de 6 000 véhicules, alors que le gouvernement précédent avait été incapable de remplacer ces matériels ! (C'est faux ! sur les travées du groupe Les Républicains.) J'ai créé, à Rosny, le premier escadron de gendarmerie mobile depuis 1998. Nous aurons créé vingt-deux pelotons supplémentaires dans les escadrons de gendarmerie mobile !

M. le président. Il faut conclure !

M. Bernard Cazeneuve, ministre. Croyez-moi, monsieur le sénateur, ceux qui ont manifesté cette nuit savent parfaitement quelle est la différence entre votre politique et la nôtre. Ils expriment une exaspération que je comprends, même si je leur dis très clairement que l'on ne peut pas, quand on est policier, défiler avec des voitures de service et des gyrophares, parce que cela n'est pas conforme à la déontologie de la police dans la République. (Bravo ! et applaudissements prolongés sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur certaines travées du groupe écologiste et du RDSE. – Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Jackie Pierre, pour la réplique.

M. Jackie Pierre. Le patron de la police a jugé inacceptable cette manifestation. Ce qui est inacceptable, monsieur le ministre, c'est la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui notre police ! (Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.) Vous oubliez trop facilement que vous êtes au pouvoir depuis quatre ans et demi !

M. le président. Il faut conclure !

M. Jackie Pierre. Pour ma part, je tiens à rendre un hommage appuyé aux forces de l'ordre, dont le travail est de plus en plus difficile, et à leur apporter mon soutien le plus total ! (Les huées sur les travées du groupe socialiste et républicain couvrent la voix de l'orateur. – Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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