Question de M. DELATTRE Francis (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 01/02/2017

Question posée en séance publique le 31/01/2017

M. Francis Delattre. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'économie et des finances.

Alors que l'Espagne affiche une croissance de 3,2 % et, dans la foulée, la création de 550 000 emplois, notre ministre de l'économie, quant à lui, annonce, penaud, et ce malgré l'alignement des trois planètes – taux d'intérêt favorables, baisse du prix de l'énergie, parité entre le dollar et l'euro et quantitative easing –, une croissance de 1,1 %, nettement inférieure à ses propres prévisions, lesquelles tablaient, chacun le sait, sur 1,4 % du PIB.

D'après le ministre Sapin, ce chiffre aurait permis – il faut oser le dire ! – de faire « reculer le chômage ». Tous les économistes le savent, c'est seulement à partir de 1,5 % que la croissance peut produire un véritable effet sur le chômage. Au surplus, et pratiquement dans le même temps, Pôle emploi annonce enregistrer 26 000 chômeurs supplémentaires dans la catégorie A, ce qui donne très exactement un total de 3 473 100 demandeurs d'emploi, soit 600 000 chômeurs supplémentaires à l'actif de ce brillant quinquennat !

Toutefois, M. le ministre de l'économie et des finances, increvable, sonne tambours et trompettes et prédit que ses échecs annoncent une année 2017 très dynamique. Attendons-nous donc à voir passer au vert des feux dont la couleur est jusqu'à ce jour incertaine !

M. le ministre vante, entre autres, une baisse d'environ 1 milliard d'euros du déficit budgétaire, ramenant ce dernier de 70 à 69 milliards d'euros, alors qu'un taux de croissance de 1,1 %, au lieu de 1,4 %, se traduit par une diminution d'au moins 5 milliards d'euros des ressources fiscales.

M. le ministre nous dit que ses chiffres sont sincères. Sachez, monsieur le secrétaire d'État chargé du budget, que les vrais chiffres, nous irons, quant à nous, les chercher dans la loi de règlement ! (Marques d'impatience sur les travées du groupe socialiste et républicain.)


M. Jean-Louis Carrère. C'est fini ! Le temps est écoulé !


M. Francis Delattre. Enfin, malgré tous les plans pour améliorer la compétitivité de notre économie, nos parts à l'export ont encore diminué en 2016, s'établissant à 13,4 %, contre 13,6 % en 2015.


M. le président. Il faut conclure, mon cher collègue.


M. Francis Delattre. Ma question est simple : ne pensez-vous pas que vos « performances » – parce que c'est de cela qu'il s'agit ! – économiques risquent de conduire directement au suicide de l'Union monétaire, tant vos résultats sont autant de manquements à nos engagements pour la convergence des économies de la zone euro ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


M. Jean-Louis Carrère. Il est meilleur pour crier que pour poser des questions !

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de l'économie et des finances, chargé du budget et des comptes publics publiée le 01/02/2017

Réponse apportée en séance publique le 31/01/2017

M. Christian Eckert, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances, chargé du budget et des comptes publics. Monsieur le sénateur, merci de votre question, qui a quelque peu débordé de son temps de parole et dont j'ai mieux entendu le début que la fin !

Pour ma part, je vous dis « chiche » et je vous donne rendez-vous lors de la discussion du projet de loi de règlement qui est, il est vrai, le juge de paix.

Aujourd'hui, vous tirez des conséquences d'un chiffre de croissance, au sujet duquel j'ai fait quelques commentaires tout à l'heure, sur les résultats de l'exercice budgétaire. Toutefois, je vous l'ai dit, les résultats de l'exercice budgétaire de l'État, à la fin du mois de janvier, sont connus. Par rapport à l'an dernier, sur le seul budget de l'État, nous avons, en effet, 1 milliard d'euros de moins de déficit. Je l'ai dit à ce micro, je l'ai écrit, nous l'avons mentionné dans des communiqués. Je vous donne donc rendez-vous lors de la séance consacrée à l'examen du projet de loi de règlement !

Pourquoi toujours mettre en doute des chiffres qui pourraient nous rassembler ? Vous avez le droit de les critiquer, mais pourquoi dire que ces chiffres seraient faux ?

M. Jean-Louis Carrère. Parce que cela leur fait plaisir !

M. Christian Eckert, secrétaire d'État. Quelle que soit alors la majorité, nous aurons rendez-vous au mois de juin ou au mois de juillet prochain pour voter la loi de règlement.

Vous avez également évoqué les chiffres du chômage. Reconnaissez, monsieur le sénateur, que, en un an, 110 000 chômeurs de moins sont inscrits à Pôle emploi. Vous pouvez dresser un bilan sur l'ensemble du mandat, ou sur le seul mois de décembre, mais nul ne peut contester que, en un an, 110 000 chômeurs de moins sont inscrits à Pôle emploi ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

Vous dites qu'il faut 1,5 % de croissance pour faire diminuer le chômage. L'économie est une science, certes. Pour autant, elle n'est pas forcément une science tout à fait cartésienne, comparable, par exemple, aux mathématiques. Ainsi, il apparaît que certains facteurs autres que la croissance peuvent avoir des conséquences sur l'emploi.

Faut-il faire de la croissance en soi un objectif ou faut-il finalement attacher plus d'importance à ses effets ? Je vous donne rendez-vous sans problème, monsieur le sénateur, lorsque nous serons saisis du projet de loi de règlement ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du RDSE.)

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