Question de M. GILLES Bruno (Bouches-du-Rhône - Les Républicains) publiée le 21/09/2017

M. Bruno Gilles attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur les effets indésirables du Levothyrox, médicament prescrit pour le traitement des maladies thyroïdiques.
Les autorités publiques avancent le chiffre de 9 000 personnes touchées par les effets de la nouvelle formule de ce médicament, modifié par le laboratoire Merck à la demande de l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) afin de mieux stabiliser dans le temps la teneur en substance active de la molécule.
Il est à noter que les effets indésirables constatés, souvent très invalidants comme les vertiges, nausées ou maux de tête, semblaient inexistants avec la composition précédente de ce médicament.
Alors que plusieurs milliers de patients, inquiets des effets indésirables de cette nouvelle formule, dénoncent le manque de transparence et d'information, il est avancé que beaucoup de ces derniers sont liés aux difficultés à trouver le juste dosage, particulièrement sensible, du Levothyrox .
Compte tenu d'une prescription qui touche plus de 3 millions de patients en France, soit un des médicaments les plus vendus, il lui demande de quelle manière le Gouvernement compte mesurer scientifiquement les effets indésirables répertoriés selon les dosages prescrits, rassurer les patients en souffrance et enfin informer sur ce que l'agence du médicament serait en mesure de proposer comme traitement de substitution dans un délai court.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 28/09/2017

À la suite d'une enquête de pharmacovigilance, l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a demandé la modification de la formule du Levothyrox® en raison d'une instabilité de la teneur en principe actif et de la présence d'un excipient à effet notoire, tel le lactose. La nouvelle formule, plus stable, a été mise sur le marché en mars 2017. Depuis cette date, les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) de Rennes et de Lille ont recensé, sur les 3 millions de patients, 9 000 cas déclarés d'effets indésirables, dont aucun effet grave. Sans minimiser ni nier les symptômes ressentis par certains patients, ils sont invités à se tourner vers leur médecin traitant ou leur endocrinologue pour trouver avec eux le dosage le plus précis issu de la nouvelle formule du Levothyrox®. Il faut garder à l'esprit que le seul danger pour ces patients est qu'ils arrêtent de prendre leur traitement. Le risque sanitaire pour les patients de la nouvelle formule est inchangé. L'ANSM a vérifié la conformité de la nouvelle formule et n'a relevé aucune impureté dans le Levothyrox. Une enquête de pharmacovigilance supplémentaire est en cours et donnera ses résultats en octobre. L'ANSM sera parfaitement transparente sur toutes ces mesures de suivi ; elle communiquera et invitera les associations de patients pour leur présenter les résultats. En outre, la ministre des solidarités et de la santé reconnaît que cette spécialité bénéficie, en France, d'un quasi-monopole, qu'il convient d'ouvrir à d'autres médicaments. À très court terme, la L-thyroxine gouttes peut constituer une alternative pour les patients atteints de symptômes persistants, à la condition que les stocks disponibles restent suffisants pour ceux pour lesquels les comprimés ne sont pas utilisables. L'importation de médicaments alternatifs au Levothyrox® présentes en Europe a également été décidée. Il y a néanmoins des délais législatifs et réglementaires incompressibles qui garantissent la sécurité des médicaments. Le délai d'arrivée de ces médicaments en France sera connu prochainement. La ministre a décidé de lancer une mission visant à améliorer la communication sur le médicament et l'information des patients et des professionnels de santé. 100 000 courriers ont été envoyés par l'ANSM aux professionnels de santé (médecins, pharmaciens, etc.) pour les informer du changement de formule. La mission devra prendre en compte les nouveaux moyens de communication et être vigilante sur la qualité de l'information. Enfin, deux rencontres ont été organisées, les 6 et 8 septembre 2017, par la ministre des solidarités et de la santé, avec l'association « Vivre sans thyroïde » et l'association « France Asso Santé » puis avec l'association française des malades de la thyroïde pour les informer des mesures prises pour accompagner les patients touchés par des effets indésirables, pour permettre l'arrivée de médicaments alternatifs sur le marché français, et enfin pour mieux informer à l'avenir les patients et les professionnels de santé sur les médicaments.

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