Question de M. BOURQUIN Martial (Doubs - SOCR) publiée le 11/10/2017

Question posée en séance publique le 10/10/2017

M. Martial Bourquin. Monsieur le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement, le rapprochement de Siemens et d'Alstom pour constituer un Airbus du ferroviaire afin de faire face notamment à la concurrence asiatique interroge. Je dois dire que vos réponses de tout à l'heure n'ont pas dissipé ces interrogations.

Il y a eu la vente de la branche énergie d'Alstom. Cela n'a pas été un succès – c'est un euphémisme ! Cela tourne au désastre ! Ma question est donc simple et directe : pourquoi refusez-vous d'acheter les actions Bouygues avant le 17 octobre pour que nous ayons un droit de regard sur ce projet de fusion ? Si nous n'avons pas ce droit de regard, inévitablement – Siemens a la majorité absolue et l'on connaît aussi la volonté de l'Allemagne de faire en sorte que son industrie soit la plus forte –, nous aurons de graves problèmes. Nous l'avons fait pour PSA. À l'époque, Pierre Moscovici avait proposé une entrée dans le capital de PSA. Les résultats sont là !

Arrêtons de brader les joyaux industriels et faisons en sorte de prendre ces actions pour avoir un droit de regard sur cette fusion ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRCE.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement publiée le 11/10/2017

Réponse apportée en séance publique le 10/10/2017

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement. Nous croyons – c'est manifestement une différence entre vous et nous – à la construction européenne. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRCE.) Nous croyons à la réussite française dans le cadre de la construction européenne. Le nationalisme économique ne constitue en aucun cas une mesure.

Monsieur Bourquin, vous avez cité à l'instant un exemple assez pertinent, celui de Peugeot. Que pensez-vous de Peugeot, qui vient d'acquérir une grande société en Allemagne ? Elle s'appelle Opel ! Pensez-vous que les Allemands y ont vu une menace pour leur économie ?

M. Gérard Longuet. Opel appartenait déjà aux Américains !

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État. N'ont-ils pas plutôt considéré qu'il y avait là un enjeu de coproduction industrielle pour faire un leader mondial de l'automobile ? Voilà ce dont on parle !

Si nous appliquions votre préconisation – ainsi que celle qui a été défendue tout à l'heure –, nous bloquerions immédiatement le rapprochement entre Siemens et Alstom. En effet, la condition de ce rapprochement pour faire un grand leader européen du ferroviaire, c'est justement que la France ne lève pas l'option.

Alors, oui, nous pourrions avoir une approche spéculative ! (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRCE.) Oui, nous pourrions envisager de toucher le bénéfice de 8 euros ! Je n'entends pas faire de leçon d'économie. Je me contenterai de souligner que si nous levions cette option, de toute façon, le cours, au moment même où nous revendrions nos actions, serait largement inférieur.

M. Marc-Philippe Daubresse. C'est vous qui le dites !

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État. Ce dont il s'agit aujourd'hui, c'est d'accepter le fait que nous sommes dans une économie mondialisée. Ce qui signifie, n'en déplaise à ceux qui pensent qu'on peut raisonner sur un enjeu comme le ferroviaire à la seule échelle de la France, que nous avons des concurrents. Je pense notamment à un grand concurrent chinois, CRRC, qui devient le leader mondial. Il n'est pas encore arrivé sur le marché européen, mais il est allé sur le marché américain où il est immédiatement devenu le numéro un.

On peut penser qu'il vaut mieux nous replier sur nous-mêmes avec nos petits bras musclés et faire confiance aux entreprises ou, au contraire, faire le pari audacieux de miser sur le rapprochement entre la France et l'Allemagne de deux fleurons industriels qui ont des complémentarités évidentes. On peut choisir de ne pas avoir peur de cette ambition, celle qui a permis, au cours de l'année écoulée, à 96 entreprises françaises d'acquérir en Allemagne et de contribuer à la création de cet Airbus ferroviaire européen ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République en marche.)

M. le président. La parole est à M. Martial Bourquin, pour la réplique.

M. Martial Bourquin. Monsieur le secrétaire d'État, votre angélisme me sidère ! (Exclamations sur les travées du groupe La République en marche.) Dans l'accord, Alstom conserve la possibilité de supprimer des emplois sur les sites en sous-charge, comme Belfort.

Mme Éliane Assassi. Exactement !

M. Martial Bourquin. General Electric, à Grenoble, ce sont 345 emplois supprimés sur 800. L'entrée d'un fonds de pension américain au capital de General Electric aboutira bientôt à n'avoir qu'une vision purement financière.

On a perdu la branche énergie d'Alstom. Allons-nous, demain, perdre la branche ferroviaire d'Alstom ?

M. le président. Il faut conclure !

M. Martial Bourquin. Ce que je vous propose, c'est la création d'un EADS franco-allemand avec les deux États qui prendront les garanties pour que l'ensemble des sites soit préservé, avec les emplois. Prenez vos responsabilités !

M. le président. Il faut conclure !

M. Martial Bourquin. Arrêtez de botter en touche ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRCE.)

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