Question de M. BOCKEL Jean-Marie (Haut-Rhin - UC) publiée le 10/11/2017

Question posée en séance publique le 09/11/2017

M. Jean-Marie Bockel. Ma question au Gouvernement porte sur la situation dans le Golfe, qui nous interpelle, car elle concerne notre sécurité, avec la lutte contre le terrorisme, mais aussi notre économie, et pas seulement sous l'angle de nos approvisionnements énergétiques.

Samedi dernier, le prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane, a lancé une purge sans précédent, avec l'arrestation d'une cinquantaine de hautes personnalités, dont onze princes et quatre ministres en exercice, déférés devant la justice pour corruption.

Il s'agit bien sûr d'un enjeu interne de pouvoir et de modernisation du royaume, notamment pour réaliser la mutation de son économie et certaines évolutions sociétales – je pense notamment aux droits des femmes, même s'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

C'est aussi un message au monde : à un moment où la guerre au Yémen s'enlise, où l'Iran est de retour sur la scène internationale, les tensions sont croissantes entre les deux puissances. Le tir, samedi, d'un missile sur l'aéroport de Riyad en provenance du Yémen en est une parfaite illustration. De même, la démission, à Riyad, du Premier ministre libanais Saad Hariri, chef d'un gouvernement qui inclut le Hezbollah, souligne cet antagonisme. Et je n'oublie pas, bien sûr, les tensions internes aux pays du Golfe, avec le boycott du Qatar.

Dans cet « Orient compliqué » – le général de Gaulle disait : « Je pars avec des idées simples dans l'Orient compliqué ! » – où tout s'accélère, quel rôle la France compte-t-elle jouer pour la paix du monde et la défense de ses intérêts ?

La France, amie de l'Arabie Saoudite, du Qatar, du Liban et de l'Iran, n'a-t-elle pas un rôle essentiel de médiation à jouer – je le dis à un moment où le Président de la République est aux Émirats Arabes Unis et où il envisage, nous dit-on, de se rendre bientôt en Iran ? (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste. – Mme Patricia Schillinger et M. Richard Yung applaudissent également.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement publiée le 10/11/2017

Réponse apportée en séance publique le 09/11/2017

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur Bockel, si je ne devais employer qu'un seul mot pour répondre, je parlerais de dialogue.

Au sujet des tensions que vous évoquez, monsieur le sénateur, la France est évidemment favorable au dialogue. Le Président la République, accompagné du ministre de l'Europe et des affaires étrangères – et c'est pourquoi je le représente en vous répondant –, est actuellement présent sur ce territoire pour l'inauguration du Louvre d'Abu Dhabi.

Il a eu l'occasion de multiplier les échanges et il le fera encore pour rappeler la nécessité du rassemblement. Il l'a fait hier avec les plus hautes autorités émiriennes, avec lesquelles nous avons une relation de confiance.

Mais, vous avez raison, nous vivons un moment de tension extrêmement forte.

Permettez-moi d'évoquer cinq sujets.

Premièrement, la France a été extrêmement ferme dans sa condamnation du tir d'un missile balistique qui visait, depuis le Yémen, la capitale de l'Arabie Saoudite. Cette situation n'est pas acceptable et il faut évidemment s'engager fortement pour empêcher qu'elle ne se renouvelle.

Deuxièmement, la démission du Premier ministre libanais, M. Hariri, ouvre une période d'incertitude, car il jouait un rôle majeur. Il est essentiel que la France se tienne aux côtés du Liban et soutienne l'unité, la souveraineté et la stabilité de ce pays, ami historique de la France, avec lequel nous partageons beaucoup.

Troisièmement, les tensions internes au sein du Conseil de coopération du Golfe doivent très vite trouver une solution dans le cadre du dialogue entre ces pays, sans interférence extérieure.

Nous soutenons évidemment les efforts de médiation du Koweït, qui, selon moi, permettent d'incarner cette exigence de dialogue.

Quatrièmement, nous estimons, comme l'AIEA et l'Union européenne, que l'Iran a jusqu'à présent respecté l'accord sur la dénucléarisation. Nous appelons l'Iran à continuer à respecter strictement ses engagements.

Cinquièmement, la France suit évidemment avec intérêt le mouvement de réformes profondes engagées en Arabie Saoudite et souhaite soutenir la génération qui assume cette responsabilité, incarnée par le prince héritier Mohammed ben Salmane.

M. le président. Il faut conclure !

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État. Soyez assuré, monsieur le sénateur, que nous sommes pleinement engagés dans cette région cruciale pour notre sécurité, notre économie, nos intérêts et ceux de l'Europe. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – Mme Sophie Joissains applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Jean-Marie Bockel, pour la réplique.

M. Jean-Marie Bockel. Les parlementaires que nous sommes, parties prenantes de la diplomatie parlementaire à travers les groupes d'amitié et notre commission des affaires étrangères, se retrouvent pleinement dans cette feuille de route claire. Il n'y a plus qu'à faire, maintenant 

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