Question de Mme MORHET-RICHAUD Patricia (Hautes-Alpes - Les Républicains) publiée le 10/11/2017

Question posée en séance publique le 09/11/2017

Mme Patricia Morhet-Richaud. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

Le plan Loup 2018–2022, actuellement en cours de négociation, doit concilier, « la cohabitation entre une espèce protégée, le canis lupus, et l'élevage dans les départements où le prédateur est présent ».

Une concertation est actuellement organisée, dont les modalités ont été dénoncées par de nombreuses organisations agricoles, tant le parti pris en faveur du loup est avéré.

Protégé au niveau européen par la convention de Berne, le loup est une espèce prioritaire, conformément à la directive Habitats, et la France doit donc veiller à sa totale conservation.

Compte tenu du nombre d'attaques en constante augmentation, peut-on encore s'interroger sur la viabilité du loup en France ?

Malgré des mesures de protection coûteuses et contraignantes, ces dommages sont les conséquences de l'inefficacité des dispositifs et doivent conduire à tout remettre à plat.

Dans mon département, les Hautes-Alpes, les alpages de haute montagne sont désertés, comme en zone centrale du parc national des Écrins, où les élus poussent un cri d'alarme.

À vouloir fermer les yeux sur la prolifération du loup, c'est la biodiversité qui est en danger, c'est l'érosion qui menace les populations, ce sont les milieux qui se referment et les risques d'incendie qui augmentent, c'est le tourisme qui est compromis, c'est la pérennité du pastoralisme et de notre agriculture qui n'est plus assurée.

Monsieur le ministre d'État, merci de bien vouloir m'indiquer dans quel état d'esprit vous abordez le prochain plan Loup et en préciser les mesures. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Jean-Claude Luche applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 10/11/2017

Réponse apportée en séance publique le 09/11/2017

M. Stéphane Travert, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Madame la sénatrice, il n'y a pas de « y'a qu'à, faut qu'on » dans ce dossier depuis que nous l'avons pris à bras-le-corps dès notre arrivée aux responsabilités, en mai dernier. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Nous entendons parfaitement la détresse des éleveurs…

M. Gilbert Bouchet. Heureusement !

M. Stéphane Travert, ministre. … et, avec mon collègue du ministère de la transition écologique et solidaire, nous souhaitons porter un plan Loup pluriannuel, qui puisse à la fois protéger les éleveurs, entendre leur détresse, et respecter la biodiversité.

Comme vous, madame la sénatrice, je suis attaché à l'agropastoralisme et je sais ce qu'il représente localement en termes d'aménagement du territoire ou paysager.

C'est uniquement par la concertation que nous aboutirons, ensemble, à la mise en place d'un plan pluriannuel…

M. Gilbert Bouchet. Ça fait longtemps !

M. Stéphane Travert, ministre. … qui puisse respecter, à la fois, la pression de la prédation et les engagements pris par la France les années précédentes en matière de biodiversité. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Nous restons bien évidemment à la disposition des élus,…

M. Gilbert Bouchet. Ils ne savent plus quoi faire !

M. Stéphane Travert, ministre. … que nous rencontrons d'ailleurs régulièrement. Je me suis déplacé en Aveyron il y a quelques semaines, j'ai pu constater de visu la détresse des éleveurs confrontés à la prédation du loup de manière très importante. Certains départements sont touchés de manière très forte, comme le vôtre, et les attaques atteignent parfois le nombre de 110 par an.

Nous devons trouver les solutions à même de répondre à la prédation, en travaillant sur la pression qu'elle exerce sur les territoires.

Pour résoudre toutes ces questions, nous devons tous travailler ensemble – préfets, acteurs locaux, etc. – et donner la main aux territoires. (Vives protestations sur plusieurs travées du groupe Les Républicains.) Nous sommes bien évidemment à l'écoute des territoires.

M. Gilbert Bouchet. Ce n'est pas vrai !

M. Stéphane Travert, ministre. Nous souhaitons trouver des solutions pérennes…

M. Gilbert Bouchet. Ce n'est pas vrai !

M. Stéphane Travert, ministre. … afin de sortir d'un débat public qui s'électrise chaque fois que ces questions sont abordées.

M. Gilbert Bouchet. Il faut venir aussi dans la Drôme !

M. Stéphane Travert, ministre. Il nous faut retrouver de la cohérence, de la concertation et de la sérénité. Voilà la méthode avec laquelle nous travaillons, madame la sénatrice ! (M. François Patriat applaudit. – Ouh ! sur plusieurs travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à Mme Patricia Morhet-Richaud, pour la réplique.

Mme Patricia Morhet-Richaud. En 2020, la population lupine pourrait concerner beaucoup plus de départements français. Si, pour l'économie des territoires ruraux tournés vers l'élevage, la situation est déjà très préoccupante, la progression du loup dans les zones plus urbaines ne sera pas sans conséquence. Des problèmes de sécurité publique se poseront et les Français désigneront alors les responsables ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Jean-Claude Luche applaudit également.)

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