Question de M. MAZUIR Rachel (Ain - SOCR) publiée le 22/02/2018

M. Rachel Mazuir appelle l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur le rôle des optométristes face à la pénurie d'ophtalmologistes
Fin janvier 2018, le Gouvernement a été interpellé par la profession des optométristes pour lui demander de leur laisser vérifier la vue des Français, qui supportent des délais d'attente très longs chez les ophtalmologistes. En effet, ces délais atteignent plusieurs mois voire un an dans certaines régions.
Cette situation ne va pas s'arranger dans les années à venir puisque le nombre d'ophtalmologistes continue de diminuer, en raison de départs à la retraites massifs et non remplacés - 300 ophtalmologistes partent à la retraite chaque année - alors que les troubles de la vue sont en pleine croissance, parallèlement au vieillissement de la population.
Si la loi prévoit que les ophtalmologistes peuvent déléguer à un orthoptiste, salarié ou libéral, les renouvellements de lunettes et lentilles pour les cas les plus simples (personnes âgées de 6 à 50 ans sans problème de santé), rien n'est prévu pour les optométristes.
Or, formés à bac + 5, les optométristes sont compétents pour diagnostiquer la correction et pour dépister les pathologies de la vision. Cependant, l'optométrie n'est pas une spécialité reconnue en France, alors qu'elle l'est dans de nombreux pays. L'optométriste est ainsi prescripteur en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Suisse.
La reconnaissance encadrée de cette profession (avec pourquoi pas, la création d'un ordre professionnel et d'un numerus clausus, etc.) pourrait permettre d'améliorer l'accès aux soins des Français, en ramenant les délais d'attente à une temporalité raisonnable.
Il souhaite donc savoir quelle est la position du Gouvernement quant au rôle des optométristes et plus généralement quelles mesures il envisage afin de réformer la filière visuelle.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 12/07/2018

Deux professions de santé interviennent d'ores et déjà dans le champ de la prise en charge visuelle de la population en complément des ophtalmologistes : les orthoptistes et les opticiens-lunetiers dont le périmètre de compétence est en évolution. Les opticiens-lunetiers ont été autorisés, dans le cadre du renouvellement des verres correcteurs, à adapter l'ordonnance médicale initiale de l'ophtalmologiste. Le décret du 7 décembre 2016 relatif « à la définition des actes d'orthoptie et aux modalités d'exercice de la profession d'orthoptiste » élargit et complète le champ des actes relevant de la compétence des orthoptistes. Il introduit la notion de protocoles organisationnels permettant ainsi une collaboration renforcée avec les ophtalmologistes. De plus, la réingénierie de la formation des orthoptistes a été menée à bien et le nouveau diplôme, reconnu au niveau licence, permet de former des professionnels aux compétences élargies. Enfin, dans le cadre de l'article 51 de la loi n°  2009-879 du 21 juillet 2009, portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, de nombreux protocoles de coopération organisent un transfert d'activités entre les ophtalmologistes, les orthoptistes et les opticiens-lunetiers. Une évalution devra permettre de juger si ces évolutions permettent d'assurer une prise en charge de qualité dans des délais compatibles avec l'état de santé de nos concitoyens ou si demeurent des besoins de santé non couverts, susceptibles de faire appel à de nouveaux métiers, comme la profession d'optométriste qui est reconnue aux États-Unis et dans d'autres pays européens.

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