Question de Mme ESTROSI SASSONE Dominique (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 25/05/2018

Question posée en séance publique le 24/05/2018

Mme Dominique Estrosi Sassone. Ma question s'adresse à M. le ministre de la cohésion des territoires.

Il n'y aura pas de plan Macron pour les banlieues, pas plus que de plan Borloo, sèchement enterré, mais un changement de méthode – une philosophie de mobilisation générale envers les habitants des quartiers prioritaires se traduisant par une série de mesures. Je n'en cite que quelques-unes : 15 000 places de stage pour les collégiens de la classe de troisième, la création de 30 000 places de crèche pour faciliter le travail des femmes, des actions pour favoriser la formation en matière de vigilance collective, ou encore le recyclage du testing.

Tel est ce qui ressort du long monologue prononcé mardi dernier par le Président de la République.

C'est un camouflet et une déception sévère et amère pour les élus locaux, pour les associations de proximité, mais aussi pour les habitants, auxquels on doit redonner de l'espoir et l'envie de la France. Pour tous ceux-là, monsieur le ministre, il faut avant tout rétablir l'ordre et la sécurité,…


M. Roger Karoutchi. Très bien !


Mme Dominique Estrosi Sassone. … de manière totale et pérenne, en luttant contre l'économie souterraine et les trafics qui gangrènent le tissu social, en mettant fin aux actes barbares des voyous, au communautarisme, au prosélytisme islamique !


M. Roger Karoutchi. Bravo !


Mme Dominique Estrosi Sassone. Quand le Gouvernement va-t-il de nouveau réinvestir, de façon ferme, le champ régalien dans ces quartiers ? Quand les principes de la Républiques pourront-ils être rétablis dans ces territoires oubliés de la République ? (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministre de la cohésion des territoires publiée le 25/05/2018

Réponse apportée en séance publique le 24/05/2018

M. Julien Denormandie, secrétaire d'État auprès du ministre de la cohésion des territoires. Madame la sénatrice, cela ne va pas vous étonner, je n'ai pas l'impression d'avoir entendu exactement le même discours que vous, il y a trois jours…

Le Président de la République a commencé par une parole très forte (Exclamations sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.), en disant que l'enjeu n'était pas multiple, mais unique : il s'agit de rétablir la République partout et pour tous, de donner à chacun les mêmes chances et de faire en sorte que cette émancipation soit possible pour tous les jeunes, quel que soit le lieu où ils habitent.

Pour répondre très précisément à votre question, le Président de la République a ouvert son propos par la question de la sécurité, en rappelant que l'engagement de ce gouvernement était d'augmenter de 1 300 postes l'effectif des fonctionnaires de police d'ici à 2020, pour 60 quartiers prioritaires.

Quant aux images insoutenables que vous avons vues à Marseille il y a quelques jours, elles entraîneront directement la création de plus de 60 nouveaux renforts, qui seront déployés d'ici au début de l'année prochaine. (M. Stéphane Ravier s'exclame.)

Il a précisé quels liens devaient se nouer pour lutter profondément contre les trafics de stupéfiants : les liens entre la police municipale et la police nationale, pour lutter contre la radicalisation et permettre l'identification des éléments les plus dangereux.

Il a rappelé, enfin, que la sécurité du quotidien passait par cette société de la vigilance que beaucoup d'entre vous appellent de leurs vœux.

Le Président de la République a également rappelé que cette République pour tous et partout passait par l'émancipation, par la lutte contre cette discrimination insoutenable dont sont victimes les jeunes de ces quartiers. Aujourd'hui, au prétexte que l'adresse inscrite en haut à gauche de leur CV est estampillée « politique de la ville », ils ont entre deux et trois fois moins de chances d'obtenir un entretien d'embauche.

Cette émancipation, elle passe aussi par des places de crèche, par le doublement des classes dans l'éducation nationale, par un investissement de près de 2 milliards d'euros dans la formation professionnelle pour les jeunes et les moins jeunes de ces quartiers éloignés de l'emploi.

La question, finalement, n'est pas de savoir s'il y a un plan ou non, mais s'il y a une vision et une volonté.

M. le président. Il faut conclure, monsieur le secrétaire d'État !

M. Julien Denormandie, secrétaire d'État. La réponse est clairement oui ! Irons-nous jusqu'au bout ? La réponse, là encore, est clairement oui. Nous ne lâcherons rien ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour la réplique.

Mme Dominique Estrosi Sassone. Monsieur le secrétaire d'État, effectivement je n'étais pas à l'Élysée pour entendre le discours du président Macron, mais j'ai lu dans la presse qu'il avait dressé un constat particulièrement grave, puisqu'il a ouvertement dit que nous avions perdu la bataille contre le trafic !

Je suis désolée, mais je n'ai pas eu l'impression que le Président de la République était particulièrement convaincu en annonçant ses mesures. Je pense que, décidément, il a une difficulté avec les territoires, qu'il s'agisse des banlieues ou de la ruralité. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et du groupe Union Centriste.)

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