Question de M. MOHAMED SOILIHI Thani (Mayotte - LaREM) publiée le 30/05/2018

Question posée en séance publique le 29/05/2018

M. Thani Mohamed Soilihi. Monsieur le président, madame la ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur, mes chers collègues, depuis le 10 mai, Mayotte subit ce que les spécialistes appellent un « essaim de séismes ».

Plus de 800 secousses ont été enregistrées, dont la plus importante d'entre elles et depuis trente ans, a atteint une magnitude de 5,8 sur l'échelle de Richter, le 15 mai dernier.

L'île se situe en zone sismique modérée et n'est historiquement pas une région où les séismes sont fréquents.

Aussi, cette activité, encore actuelle, continue et quotidienne, dont l'intensité et la durée demeurent incalculables, terrorise légitimement la population.

La propagation de rumeurs sur les réseaux sociaux alimente la panique générale, entraînant ainsi la saturation des standards des lignes de secours.

La population, peu informée sur la conduite à tenir en pareille situation, préfère passer la nuit dehors, en dépit des règles de sécurité habituelles.

Par ailleurs, eu égard à la précarité de l'habitat, les dégâts commencent à se faire sentir.

Au sein des bâtiments publics, tout d'abord, puisque des salles de classe, et parfois même des écoles entières, ont été, en raison de leur potentielle instabilité, temporairement fermées dans plusieurs communes.

Les habitations privées sont, elles aussi, touchées.

S'il appartient aux propriétaires de mandater un expert pour faire constater les dommages subis, peu de familles ont, en réalité, les moyens financiers de faire réaliser cette expertise et, le cas échéant, de se reloger.

Qu'entend faire le Gouvernement pour rassurer la population, non habituée à ce type de catastrophes naturelles ?

Cette situation étant inédite, dans quelle mesure pourrait-on mobiliser immédiatement des moyens exceptionnels pour mieux diagnostiquer le phénomène, accompagner les familles les plus modestes mais aussi pour que, collectivement, État, département et communes soient mieux préparés à faire face à une crise majeure ?

À l'avenir, l'ensemble des infrastructures ne devra-t-il pas respecter les normes de construction parasismiques ? (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 30/05/2018

Réponse apportée en séance publique le 29/05/2018

Mme Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le vice-président Thani Mohamed Soilihi, la région de Mayotte est actuellement touchée, il est vrai, par ce que les experts nomment « un essaim de séismes » – vous l'avez dit. Contrairement à la sismicité classique dans laquelle un choc principal est suivi de répliques de magnitude décroissante, le phénomène d'« essaim sismique » n'a pas d'événement dominant. Il est d'ailleurs à prévoir que cette activité perdure sans, à ce stade, pouvoir en donner une durée très précise.

Ce phénomène inquiète légitimement les Mahorais, qui n'en ont pas l'habitude. L'État met naturellement tout en œuvre pour informer la population en continu et de manière fiable. La préfecture diffuse quotidiennement, par voie de communiqués de presse et de messages sur les réseaux sociaux, toutes les consignes nécessaires en matière de prévention et d'anticipation en s'attachant à relayer les analyses du Bureau de recherches géologiques et minières, le BRGM.

L'objectif est justement de prévenir tout développement de rumeurs, vous l'avez dit, ou de mauvaises interprétations d'informations collectées sur internet.

Par ailleurs, les consignes de sécurité sont, elles aussi, systématiquement transmises aux maires, aux acteurs économiques, aux agents publics et aux médias.

À ce stade, vous l'avez dit, quelques dégâts matériels font tous l'objet d'expertises, notamment dans les écoles de Dembéni et de Combani. L'État mobilise aussi l'ensemble de ses services pour y répondre.

Notre état-major de zone et de protection civile de l'océan Indien a dépêché, au cours de ces derniers jours, une mission de reconnaissance pour anticiper une éventuelle projection de renforts et préparer le plan d'intervention.

Par ailleurs, des échanges sont en cours à l'échelon interministériel pour préparer le déploiement prochain, depuis la métropole, d'une mission d'expertise interservices composée de spécialistes, notamment de la sécurité civile, et de scientifiques spécialistes en sismologie. (MM. François Patriat, Claude Haut, André Gattolin et Jean-Marc Gabouty applaudissent.)

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