Question de M. COURTEAU Roland (Aude - SOCR) publiée le 03/05/2018

M. Roland Courteau appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire sur une étude menée par une cinquantaine de chercheurs européens publiée par la revue « Nature » présentant, pour la première fois, et mesurée sur le long terme (145 ans) l'évolution de la flore de 302 massifs européens : Alpes, Pyrénées, Carpates, sommets d'Écosse, de Scandinavie, de Norvège, etc.
Il lui signale que selon cette étude « le nombre d'espèces végétales ayant colonisé les sommets européens entre 2007 et 2016 serait ainsi cinq fois supérieur à celui observé entre 1957 et 1966. »
Ainsi, dans près de neuf cas sur dix, les scientifiques ont constaté que « les plantes ont profité de conditions météorologiques de plus en plus clémentes pour coloniser (les sommets). Une migration qui concerne même les espèces réputées pour se déplacer lentement. »
Il souligne que, si dans un premier temps, la biodiversité croît, sans extinction observée dans l'immédiat, les chercheurs mettent en garde contre la disparition de certaines plantes des sommets, incapables de rivaliser avec les espèces généralistes plus compétitives venues des niveaux inférieurs.
Il précise que ces écosystèmes montagnards pourraient être « fortement perturbés à l'avenir » et que certaines espèces généralistes risquent, dans ces conditions, de supplanter des espèces emblématiques, et souvent endémiques.
Il l'interroge, par ailleurs, sur les propositions avancées par certaines associations comme France Nature Environnement qui suggère de maintenir, au pied de ces massifs montagneux, un important réseau de forêts matures ou mises en libre évolution dans la mesure où ces forêts non exploitées constituent des réservoirs de biodiversité et permettent d'atténuer les effets du réchauffement climatique.
Il lui demande de bien vouloir lui faire connaître son sentiment sur cette situation ô combien inquiétante et, hormis l'indispensable lutte contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, quelles autres initiatives sont susceptibles d'être prises afin d'atténuer l'impact du changement climatique sur la biodiversité dans les massifs montagneux.

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Transmise au Ministère de la transition écologique et solidaire


Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 20/06/2019

Le changement climatique est source de nombreux impacts pour nos milieux naturels, via par exemple l'augmentation des températures ou encore l'élévation du niveau de la mer. Afin de préserver les services écosystémiques indispensables rendus par les espaces naturels (filtration de l'eau, stabilisation des sols, préservation d'une source d'alimentation, etc.), une des réponses consiste en effet à poursuivre la dynamique de protection de ces milieux, notamment pour les milieux les plus vulnérables, notamment les zones humides, le littoral, les forêts, la montagne. Il est ainsi intéressant de développer une stratégie de gestion des aires protégées face au changement climatique afin de valoriser les différents services écosystémiques que celles-ci rendent. En effet, un milieu naturel en bon état écologique est naturellement plus résilient face aux pressions anthropiques et au changement climatique. La question de l'adaptation au changement climatique constituera une des grandes orientations d'une nouvelle stratégie de création et de gestion des aires protégées que le Gouvernement mettra au débat avec les acteurs lors d'un forum national qui se tiendra le 25 octobre 2019 à Biarritz. L'élaboration de cette stratégie et ce forum font suite au plan biodiversité adopté par le Gouvernement le 4 juillet 2018 et aux annonces du Président de la République du 6 mai 2019 en matière d'extension des aires protégées. Cela permettra à la France de renforcer son exemplarité sur le plan international en préparation du congrès mondial de l'union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qu'elle accueille à Marseille mi-2020, et de la conférence des parties de la convention sur la diversité biologique qui se déroulera à Pékin fin 2020. C'est dans le cadre de l'élaboration de cette stratégie que la question du renforcement de la protection de forêts matures en libre évolution à proximité des massifs montagneux pourra être posée, sachant qu'il existe déjà dans les massifs montagneux, d'une part, un réseau important d'aires protégées comme les réserves et parcs nationaux, d'autre part, une proportion importante de forêts publiques, pour lesquelles la sylviculture n'est pas possible, qui est de fait en libre évolution et préservée par le statut conféré par le régime forestier. Il est enfin à rappeler qu'en application du plan biodiversité adopté par le Gouvernement en juillet 2018, est prévue la création en novembre 2019 d'un nouveau parc national visant notamment à protéger des forêts matures entre la Champagne et la Bourgogne. La pression de la sylviculture y sera atténuée au sein de son cœur qui comprendra, en outre, une réserve intégrale en libre évolution de 3 000 hectares.

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