Question de Mme DINDAR Nassimah (La Réunion - UC) publiée le 10/05/2018

Mme Nassimah Dindar attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur le développement du trafic de drogues dures à La Réunion.

Cette île était jusqu'alors protégée par ses frontières maritimes et aéroportuaires, et se trouvait à l'écart des grandes routes de la drogue.

Or, désormais, comme les fracas de l'actualité l'ont prouvé, elle n'est plus épargnée : policiers et gendarmes ont mené dans le nord et le sud du département de vastes coups de filet concernant d'importants trafics de drogue.

À La Réunion aussi maintenant, de nouvelles formes de délinquance et d'addiction ne cessent de gagner du terrain.

Partout, dans le monde occidental, le trafic de cocaïne explose. La Réunion n'est pas en reste. À titre d'exemple, les douaniers avaient saisi 145 grammes de cocaïne en 2015, ce chiffre est passé à 172 grammes en 2016 et à 1,3 kg en 2017.

On est certes loin des chiffres de certains territoires de métropole, où ce sont des kilos et des kilos de poudre qui sont interceptés par les forces de l'ordre.

Depuis un peu plus d'un an, notre petit territoire n'est plus épargné par les drogues de synthèse ou chimiques. Les réseaux sociaux ont montré les ravages impressionnants causés par ce cannabis de synthèse fabriqué en Asie.

Face à cette situation inquiétante qui tend à se développer rapidement et avant d'arriver à une situation catastrophique sur l'île de La Réunion, elle aimerait savoir quels moyens le ministre de l'intérieur va mettre en place dans les meilleurs délais afin d'endiguer les trafics et préserver au maximum une population essentiellement jeune et à la recherche de sensations et de conduites à risques.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 13/09/2018

Alors que la production de drogue dans le monde n'a jamais été aussi élevée, les forces de sécurité de l'État (police, gendarmerie, douanes) luttent activement contre ce fléau et ses conséquences en matière de sécurité et d'ordre publics. Les saisies de drogues en métropole et outre-mer témoignent de cet engagement. En 2017, 87,5 tonnes de cannabis ont été appréhendées (contre 71 tonnes en 2016, soit une hausse de 23 %), soit le plus haut niveau atteint depuis dix ans, et 17,5 tonnes de cocaïne (contre 8,5 tonnes en 2016, soit une augmentation record de 105 %). Cette abondance de drogues n'épargne pas La Réunion. La massification des déplacements des hommes et des marchandises comme la modernisation des outils de communication offrent de nouvelles opportunités au marché de la drogue : trafiquants comme usagers communiquent aujourd'hui via les réseaux sociaux et messageries cryptées, commandent sur internet (darkweb)toutes sortes de stupéfiants, notamment des drogues de synthèse, et utilisent tous les vecteurs d'acheminement possibles (voies maritimes et aériennes, envois postaux). Aux côtés des services douaniers spécialisés dans le contrôle des flux de marchandises, les forces de police et de gendarmerie de La Réunion sont particulièrement engagées dans ce combat. Plus de 2 000 procédures en matière d'infractions à la législation sur les stupéfiants ont été diligentées par la police et la gendarmerie nationales en 2017 (+ 20 % par rapport à 2016). Des investigations approfondies ont permis cette même année le démantèlement de 33 trafics de stupéfiants à La Réunion (+ 22 % par rapport à 2016) et 152 interpellations ont été réalisées pour des faits d'usage-revente (+ 16 % par rapport à 2016). 1 837 faits d'usage de stupéfiants ont été constatés (+ 21 % par rapport à 2016). Ainsi qu'en témoignent ces chiffres, la lutte contre les trafics et l'offre ne peut se concevoir sans la mise en œuvre concomitante d'une stratégie de lutte contre la demande et les usages, ces deux dimensions du marché des drogues étant indissociables. Ces résultats ne signifient pas que l'action de l'État ne doive encore s'améliorer et notamment continuer à s'adapter aux évolutions du marché de la drogue. Pour donner un nouvel élan et une nouvelle ambition à cette action, le Président de la République a annoncé le 22 mai 2018, dans son discours « La France, une chance pour chacun », l'élaboration d'un plan de mobilisation générale de lutte contre les trafics de stupéfiants. Il permettra en particulier de renforcer la coordination entre l'ensemble des services concernés et par suite l'efficience de l'action. Par ailleurs, la lutte contre les stupéfiants est un volet important de la police de sécurité du quotidien (PSQ). Lancée en février 2018, la PSQ monte progressivement en puissance sur tout le territoire national, avec en particulier un renforcement de la présence policière sur la voie publique, par exemple dans les lieux que cherchent à s'approprier les trafiquants. Le plan de lutte contre les trafics de stupéfiants annoncé par le Président de la République sera pleinement cohérent avec les dispositions du nouveau plan national de mobilisation contre les addictions actuellement élaboré par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et conduites addictives (MILDECA). La lutte contre la drogue implique en effet une politique globale, interministérielle, qui associe prévention et répression, santé et sécurité. Il convient à cet égard de souligner que le travail de prévention des addictions conduit sur l'île de La Réunion comme ailleurs par les policiers formateurs anti-drogue (PFAD) de la police nationale et les formateurs relais anti-drogue (FRAD) de la gendarmerie nationale se poursuivra, en collaboration avec les responsables d'établissements scolaires, afin de limiter « l'entrée en consommation » des jeunes Réunionnais. Dans ce domaine en particulier, l'action de l'État ne saurait à elle seule suffire. La prévention, indissociable du volet répressif, est en effet de la responsabilité de tous. Les collectivités territoriales et les acteurs locaux (associations, etc.) doivent y prendre toute leur part.

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