Question de Mme LIENEMANN Marie-Noëlle (Paris - SOCR) publiée le 30/08/2018

Mme Marie-Noëlle Lienemann interroge M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur l'absence de réaction de la France à la suspension de diffusion qui a été prise à l'encontre de la chaîne de télévision France 2, au Gabon pour une durée d'une année.
Cette interdiction prononcée par la haute autorité de la communication (HAC) fait suite à la rediffusion, le 16 août 2018, d'un documentaire « Des secrets pas avouables » sur la famille du président du Gabon dans l'émission « complément d'enquête ». 

Cette institution a également suspendu deux journaux d'opposition gabonais, La Loupe et Échos du Nord. 
Il s'agit cependant d'une décision inédite de la HAC concernant une chaîne étrangère.

Familière des atteintes à la liberté d'expression dans son pays, la HAC s'attaque désormais directement à la première chaîne de télévision publique française, c'est-à-dire au service public français, sans aucune réaction des autorités concernées. Or cette autorité est notoirement connue pour recevoir directement ses ordres de la présidence de la République gabonaise. En effet, la HAC est dirigée par l'ancien directeur de la communication du président du Gabon. 

Ces atteintes intolérables à la liberté d'expression ne sauraient prospérer. Elle lui demande ce que comptent faire le ministre des affaires étrangères et le Gouvernement pour faire restaurer la diffusion de la chaîne France 2 immédiatement au Gabon et s'ils comptent transmettre une protestation solennelle de la France en direction du président de la République du Gabon et de la HAC.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 01/11/2018

Au Gabon, comme partout dans le monde, la France est attachée au respect des libertés fondamentales, dont la liberté de la presse et des médias. La France évoque régulièrement la question du respect des droits de l'Homme dans le cadre de son dialogue avec les autorités gabonaises, à titre bilatéral et dans le cadre européen. Elle a pris connaissance de la sanction prise par la Haute autorité de la communication (HAC) gabonaise à l'encontre de France 2 et la regrette. La France note néanmoins que la suspension de France 2 a été ramenée de douze à trois mois, suite notamment à une concertation entre la HAC et ses homologues africaines, réunies au sein du Réseau des instances africaines de régulation. Sans toutefois pouvoir s'en satisfaire, elle salue cette intervention des pairs africains de la HAC, qui illustre l'attention croissante portée par les pays du continent au respect de la liberté des médias. La France continuera de suivre la situation de France 2 au Gabon avec attention.

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