Question de M. GOLD Éric (Puy-de-Dôme - RDSE) publiée le 01/11/2018

M. Éric Gold attire l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur la disparition programmée du fonds d'intervention pour la sauvegarde de l'artisanat et du commerce (Fisac). Ce fonds est d'une importance majeure car il est le seul outil national de soutien à l'artisanat dans les territoires fragiles et en particulier dans les communes rurales. Depuis sa création en 1989, le Fisac a permis de préserver les services artisanaux et commerciaux de proximité et d'œuvrer en faveur de la revalorisation des centres-villes, qui en ont bien besoin. Les collectivités, comme les chambres consulaires et les entreprises artisanales, sont convaincues du caractère essentiel du Fisac pour le maintien de l'attractivité économique des territoires fragilisés. Or, les crédits alloués au Fisac ont fondu ces dernières années, passant de 80 millions d'euros à une quinzaine cette année. Dans le projet de loi n° 1255 (Assemblée nationale, XVe législature) de finances pour 2019, c'est même sa disparition complète qui semble annoncée, le programme étant mis en « gestion extinctive » selon les termes du ministère de l'économie et des finances. Pour l'heure, la seule initiative de refonte du Fisac émane du Sénat, à travers la proposition de loi portant pacte national de revitalisation des centres-villes et centres-bourgs, adoptée le 14 juin 2018, qui propose de remplacer le Fisac par un fonds pour la revitalisation par l'animation et le numérique des centres-villes (Franc). Ce fonds serait notamment alimenté par une contribution des grandes surfaces. Ce texte est pour l'instant mis en attente à l'Assemblée nationale, où il a été renvoyé à la commission des affaires économiques. Il lui demande quelles sont les intentions du Gouvernement concernant l'avenir du Fisac, mais aussi concernant la possibilité de mise en place d'un fonds transitoire, et la place accordée aux collectivités territoriales dans l'optique d'une refonte du Fisac.

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Réponse du Ministère de l'économie et des finances publiée le 14/03/2019

Afin de contribuer à l'effort national de maîtrise des dépenses publiques et dans le cadre du plan « Action publique 2022 », pour laquelle le ministère de l'économie et des finances est sollicité, la loi de finances pour 2019 ne prévoit pas de nouvelles capacités d'engagement pour le fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce (FISAC) et met donc ce dispositif en gestion extinctive. Cette évolution est logique. Elle tire les conséquences du « chef de filat » octroyé aux régions par la loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, dite " NOTRe", en matière de développement économique et d'aides aux entreprises. Ainsi, les régions jouent aujourd'hui pleinement ce rôle de financeurs de premier niveau des entreprises. Cette évolution est entièrement justifiée car les régions connaissent par définition mieux le tissu local et les enjeux de développement de proximité. Les crédits prévus pour le FISAC font même parfois doublon avec les actions déployées dans certaines régions. De plus, cette dépense budgétaire n'est pas efficiente car elle n'est plus adaptée aux besoins de l'économie de proximité : ses crédits budgétaires ont amorcé une forte décrue depuis près de 20 ans (de 78 M€ votés en LFI 2010 à 16 M€ en 2018). De fait, ce fonds ne possède plus la surface financière nécessaire pour développer une politique structurante de soutien aux entreprises de proximité. Les disponibilités du FISAC doivent ainsi être comparées aux ressources mobilisées par les régions pour le développement économique (534 M€ en prévisions d'investissements pour 2018 et 196 M€ au titre des dépenses de fonctionnement, hors agriculture, pêche, tourisme et recherche/innovation - http://regions-france.org/wp-content/uploads/2018/09/RDF-Chiffres-Cles-bd-180905.pdf). Par ailleurs, le FISAC, par sa mécanique d'appel à projets, nécessitait un temps long (supérieur à un an) entre le dépôt d'un dossier et l'octroi d'une décision d'aide, ce qui pouvait pénaliser certaines entreprises dans le cas de projets structurants et urgents. Enfin, d'autres moyens d'action plus efficaces sont privilégiés par l'Etat : la revitalisation des centres-villes et des territoires est une problématique complexe et transversale. Une approche budgétaire cloisonnée n'est pas pertinente pour régler ces difficultés qui touchent aux transports, au logement, à la vacance commerciale, à l'exode des cadres vers des bassins d'emplois plus dynamiques. C'est pourquoi l'Agence nationale de la cohésion des territoires aura pour mission de favoriser le développement de l'action territoriale de l'Etat et de ses opérateurs, en conduisant notamment des programmes nationaux territorialisés et en soutenant les projets portés par les collectivités territoriales, à des fins d'aménagement et de cohésion des territoires ; la mise en œuvre du programme gouvernemental « Action cœur de ville » en faveur des villes moyennes constituera ainsi une priorité de la future Agence. De nombreux financeurs publics sont associés à cet effort majeur : Action Logement, agence nationale de l'habitat (ANAH), caisse des dépôts et consignations (CDC)…pour un montant global de 5 Mds€ sur cinq ans ; le programme « Action cœur de ville » repose sur une action interministérielle massive et globale pour contribuer à la redynamisation des centres-villes, en particulier des villes moyennes. Il est en effet essentiel de freiner l'exode démographique et la paupérisation des centres-villes en difficulté, afin de faciliter le retour et le développement des commerces, qui dépendent étroitement de leur clientèle. C'est la démarche la plus importante et originale entreprise depuis des décennies pour revitaliser les centres-villes en difficulté. Dans le cadre de ce plan, 50 M€ seront consacrés par la CDC aux études d'ingénierie. Ces ressources seront notamment mobilisées au profit de l'économie de proximité. Par ailleurs, le ministère de l'économie et des finances (MEF) contribue activement, par ses actions, à cette priorité gouvernementale. Ainsi, le MEF participe au recensement et à la diffusion des bonnes pratiques de revitalisation commerciale, y compris dans ses aspects numériques, notamment grâce au plan « France Num » et à la diffusion d'un guide de sensibilisation des TPE-PME au numérique. Il a publié en novembre 2018 un appel à projets pour une étude sur la vacance commerciale et mettra en œuvre la loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique (ELAN), qui prévoit une dispense d'autorisation d'exploitation commerciale pour les projets s'implantant dans les périmètres des opérations de revitalisation de territoire. Parallèlement, le préfet pourra suspendre, en tant que de besoin, l'implantation de projets commerciaux en périphérie lorsque ces projets seront susceptibles de compromettre la redynamisation commerciale des centres-villes. Enfin, le développement de l'artisanat est soutenu : les ressources des chambres de métiers et de l'artisanat ont d'ailleurs été largement préservées, dans un contexte budgétaire contraint, pour tenir compte des grands chantiers portés par ces établissements consulaires. D'autres budgets peuvent être mobilisés. En particulier, la dotation d'équipement des territoires ruraux, est attribuée par le représentant de l'État dans le département pour participer à la réalisation d'investissements, ainsi que de projets dans le domaine économique, social, environnemental et touristique ou favorisant le développement ou le maintien des services publics en milieu rural. De même, la dotation de soutien à l'investissement local concourt à des projets de nature à soutenir les grandes priorités gouvernementales, dont ce plan.

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