Question de M. CARDOUX Jean-Noël (Loiret - Les Républicains) publiée le 14/02/2019

M. Jean-Noël Cardoux attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation au sujet de l'avis de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) sur la contamination de venaison.

Le 15 mars 2018, l'ANSES a publié un avis, sur sollicitation de la direction générale de l'alimentation et la direction générale de la santé, au sujet de la qualité de la venaison issue de gibier sauvage.


L'agence rapporte que la viande de gibier (essentiellement chevreuil, sanglier et cerf) serait entre autres contaminée par le plomb. Pour ces raisons, elle recommande de limiter la consommation de grand gibier sauvage à trois repas par an. De plus, elle conseille aux femmes en âge de procréer et aux enfants d'en éviter toute consommation, « compte tenu des effets nocifs du plomb observés durant la période de développement fœto-embryonnaire et au cours de l'enfance ».

En fonction des divers renseignements recueillis, il semblerait que les analyses aient été faites à partir de morceaux situés dans les zones à proximité immédiate de l'impact de la balle ou même à partir de la récupération de certains déchets. Ces éléments, corroborés implicitement par les travaux de l'ANSES, ont été confirmés par le directeur de la direction générale de l'alimentation, auditionné dans le cadre de la mission sur les dégâts de gibier.

Un tel avis, laissant planer un danger sanitaire sur les potentiels consommateurs, est mal venu au moment où des initiatives locales de collecte et de valorisation de la venaison sont mises en place dans différentes régions. Cette démarche volontariste présente un intérêt économique évident quand on sait que la quasi-totalité du gibier importé en France provient d'Europe de l'est.

Dans ces conditions, il serait souhaitable que la direction générale de l'alimentation et la direction générale de la santé saisissent à nouveau l'ANSES afin de diligenter une étude plus complète, sur la base d'échantillons plus nombreux. Le réseau SAGIR (« surveiller les maladies de la faune sauvage pour agir ») pourrait être utilement utilisé.

Ainsi, il lui demande, en tant qu'autorité hiérarchique de la direction générale de l'alimentation, de prendre l'initiative d'une nouvelle enquête sur le taux de toxicité de la venaison.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 04/04/2019

En mai 2015, la direction générale de l'alimentation (DGAL) et la direction générale de la santé (DGS) ont saisi l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) pour la réalisation d'une expertise relative au risque sanitaire lié à la consommation de gibier au regard des contaminants chimiques environnementaux majeurs (dioxines, polychlorobiphényles (PCB), cadmium et plomb). Sur la base des résultats d'analyses des prélèvements de gibier effectués dans le cadre des plans de surveillance et plans de contrôles (PSPC) conduits par la DGAL, les résultats de cette expertise mettent en évidence une préoccupation sanitaire liée à l'exposition au plomb présent dans la viande de grand gibier sauvage. En effet, le plomb est susceptible d'entraîner de graves intoxications, notamment chez les enfants et les femmes enceintes (saturnisme). Par ailleurs, les études d'alimentation totale 2 (EAT2) et infantile (EATi), réalisées par l'Anses, jugent les niveaux d'exposition au plomb suffisamment préoccupants pour ne pas écarter de risque pour certains groupes de consommateurs. Aussi, compte tenu du niveau de contamination au plomb du grand gibier sauvage, des préoccupations sanitaires associées à l'exposition au plomb par voie alimentaire et du nombre important de chasseurs ciblant ce type de gibier en France, l'Anses recommande de : limiter la consommation de grand gibier sauvage à une fréquence occasionnelle (de l'ordre de trois fois par an) ; pour les femmes en âge de procréer et les enfants, éviter toute consommation de grand gibier sauvage, compte tenu des effets nocifs du plomb observés durant la période de développement fœto-embryonnaire et au cours de l'enfance. Afin de lui permettre de préciser les recommandations de consommation émises, l'Anses conseille toutefois de documenter de façon plus exhaustive : les niveaux de contamination du petit et du grand gibier sauvage ; l'exposition alimentaire des consommateurs de viande de gibier (fondée sur des données de consommation de gibier représentatives). Aussi, la DGAL va solliciter une assistance scientifique et technique (AST) à l'Anses sur les modalités de mise en œuvre d'un plan de prélèvements exploratoire sur le gibier sauvage afin de mieux estimer son niveau de contamination en contaminants de l'environnement (et notamment en plomb). Ce plan, dont la mise en œuvre est programmée pour 2020, permettra de compléter utilement les données déjà collectées annuellement par la DGAL dans le cadre des PSPC conduits conformément à la directive 96/23/CE du Conseil du 29 avril 1996 relative aux mesures de contrôle à mettre en œuvre à l'égard de certaines substances et de leurs résidus dans les animaux vivants et leurs produits et abrogeant les directives 85/358/CEE et 86/469/CEE et les décisions 89/187/CEE et 91/664/CEE, qui précise les couples analytes/matrice à prélever au niveau national. Les nouvelles données obtenues permettront, une fois transmises à l'Anses, d'affiner les recommandations de consommation de gibier sauvage.

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