Question de M. REGNARD Damien (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 11/04/2019

M. Damien Regnard appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse quant aux vives inquiétudes que suscite la disparition de l'enseignement du portugais dans le cadre de la réforme du baccalauréat.

Qu'il s'agisse des associations de professeurs de langue portugaise, des élus français d'origine lusitanienne ou encore de nos compatriotes qui ont des liens forts avec le Portugal, tous sont inquiets quant à l'avenir de l'enseignement du portugais en France.

Leur incompréhension est d'autant plus grande que la France, qui a célébré en 2017 son plus récent accord bilatéral de coopération éducative et linguistique, vient d'obtenir le statut d'observateur associé au sein de la communauté des pays de langue portugaise (CPLP).

Il souhaite savoir si le Gouvernement entend se donner les moyens de pérenniser l'apprentissage de la langue portugaise en France et de quelle manière il entend rassurer l'ensemble des acteurs préoccupés par cette réforme du baccalauréat et qui attendent du ministère de l'éducation nationale un véritable soutien pour faire face aux incertitudes auxquelles ils sont confrontés.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 19/12/2019

La France et le Portugal ont noué des relations de confiance et d'amitié qui se traduisent notamment, sur le plan culturel et linguistique, par l'enseignement de la langue de nos partenaires. En outre, de manière plus générale, une nouvelle dynamique en faveur des langues vivantes a été mise en œuvre, dans laquelle l'enseignement du portugais a toute sa place. Le Président de la République a en effet souhaité, le 26 novembre 2017 en Sorbonne, que tous les élèves maîtrisent deux langues européennes au lycée. Dans leur rapport, rendu au ministre de l'éducation et de la jeunesse en septembre 2018, Chantal Manès-Bonnisseau et Alex Taylor ont identifié des leviers de progrès qui ont abouti au « plan langues vivantes » qui se déploie aujourd'hui de l'école au lycée et qui fait du plurilinguisme un atout décisif pour l'avenir en même temps qu'un symbole fort de notre ancrage européen. Introduit au début des années 1970 dans l'enseignement secondaire, le portugais était alors majoritairement choisi en première langue par des élèves d'origine portugaise. Il est aujourd'hui principalement choisi par des élèves non lusophones, en seconde et en troisième langue. Sixième langue vivante la plus apprise dans le système scolaire français, il concerne aujourd'hui 18 635 élèves au collège, au lycée général et technologique et au lycée professionnel. Ces effectifs sont en augmentation de plus de 40 % depuis dix ans. Étape nouvelle à la rentrée 2017, l'assouplissement de la réforme du collège a permis de donner davantage de liberté, d'autonomie et de pouvoir aux équipes pédagogiques au sein des établissements, au plus près des réalités locales et des besoins des élèves. Elle a également permis d'enrichir l'offre éducative et de proposer une diversification des parcours des élèves, en particulier dans le champ des langues vivantes. Les classes bilangues ont été réouvertes pour permettre l'apprentissage de deux langues dès la classe de 6e. Les classes bilangues anglais-portugais concernaient ainsi 1 166 élèves à la rentrée 2018. Dès la classe de 5ème, un nouvel enseignement de langue et culture européennes a été créé pour renforcer l'apprentissage des langues vivantes, jusqu'à deux heures à chaque niveau. L'ensemble de ces mesures a contribué à renforcer l'enseignement du portugais. Dans le cadre de la réforme du lycée et du baccalauréat, l'enseignement de deux langues vivantes (A et B) est obligatoire pour tous les élèves de la voie générale et des séries technologiques. Le portugais y est proposé au titre des langues vivantes A et B ainsi qu'au titre de l'enseignement optionnel de langue vivante C. L'enseignement de spécialité « Langues, littératures et cultures étrangères et régionales » est proposé en classe de première à la rentrée 2019 et terminale à la rentrée 2020 en allemand, anglais, espagnol et italien, ainsi que dans sept langues régionales. Une expérimentation de l'enseignement de cette spécialité en langue portugaise est mise en œuvre dans l'académie de Guyane et en Ile-de-France. Par ailleurs, les sections internationales s'inscrivent dans le cadre de partenariats bilatéraux conclus entre la France et le Portugal. Elles préparent les élèves à présenter l'option internationale du brevet et du baccalauréat (OIB). Au collège, elles permettent aux élèves lusophones d'approfondir la maîtrise de leur langue maternelle et aux élèves non lusophones de développer une pratique du portugais, écrite et orale, de haut niveau. La langue est enseignée par le biais d'études approfondies de la littérature portugaise. Au lycée, l'ambition est d'amener les élèves au niveau C1 du Cadre européen commun de référence pour les langues. L'institut Camões a participé aux groupes de travail mis en place par le ministère pour actualiser, ces dernières années, les programmes de langue et littérature de ces sections. À la rentrée 2018, on comptait 21 sections internationales portugaises, scolarisant 911 élèves, dans les académies de Grenoble, Lyon, Nice, Strasbourg, Paris, Créteil, Versailles ainsi que dans l'académie de Guyane. L'évolution de ces effectifs est également à la hausse : en 2014, on comptait 740 élèves dans 15 sections. L'enseignement du portugais se développe en outre dans sa variante brésilienne en sections internationales depuis la rentrée 2013 dans l'académie de Guyane et depuis la rentrée 2014 au collège international de Noisy-le-Grand (académie de Créteil). La politique du ministère en matière de ressources humaines pour l'enseignement du portugais va aussi dans le sens d'une tendance favorable : en 2019, 5 postes étaient offerts au CAPES externe de portugais (3 en 2018) et 7 postes au CAPES interne, qui n'en offrait aucun en 2017 et 2018. Le nombre d'assistants de langue portugaise est enfin à la hausse : 47 assistants à la rentrée 2019 contre 41 en 2016 et 2017. Le Gouvernement s'efforce ainsi de soutenir l'enseignement du portugais en France et, plus généralement, d'élargir la coopération franco-portugaise dans le domaine de l'éducation. Cette politique repose sur des mesures ambitieuses destinées à promouvoir la langue et la culture lusophones, le développement d'échanges et de projets communs.

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