Question de M. HUSSON Jean-François (Meurthe-et-Moselle - Les Républicains) publiée le 25/07/2019

M. Jean-François Husson attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur les conséquences qu'emportent pour nos agriculteurs, la campagne d'information sur la consommation de lait cru et de fromages au lait cru par les enfants.

Si la problématique de la contamination du lait cru doit être considérée avec vigilance, alerter de manière aussi stricte sur les risques n'est pas sans conséquences pour les producteurs. Le lait cru est une filière de qualité qui valorise les territoires. En effet, ce sont les fromages au lait cru qui représentent la majeure partie des produits commercialisés sous les signes d'identification de la qualité tels qu'appellation d'origine protégée (AOP) ou contrôlée (AOC). Alors que la restauration collective doit se tourner de plus en plus vers les produits locaux (50 % de produits biologiques, de qualité et durables à horizon 2022 suite à la loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018 pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dite « loi EGALIM »), une telle communication peut avoir pour conséquence la suppression des produits au lait cru pour l'ensemble des clients des cuisines centrales même lorsque ceux-ci ne sont pas concernés par le risque. Le résultat s'avère contre-productif et contradictoire avec les objectifs énoncés : le développement de produits fermiers locaux et l'approvisionnement de la restauration collective par les producteurs fermiers.

Alors que les résultats de l'étude de cohorte européenne « PASTURE » démontrent les bénéfices de la consommation de lait cru et de fromages au lait cru sur la santé (réduction du risque d'allergies, d'asthme, …), il lui demande de développer davantage la recherche sur le rapport bénéfices / risques afin de rétablir une information équilibrée pour les consommateurs et mettre fin à la communication alarmante qui risque de porter atteinte à l'activité des producteurs fermiers et à la préservation de notre savoir-faire.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 05/09/2019

Le ministère de l'agriculture et de l'alimentation est très attaché au développement des produits agricoles sous signe de qualité, qui permettent de répondre aux attentes du consommateur tout en maintenant un tissu économique rural dynamique. S'agissant des fromages, les trois quarts sont fabriqués à base de lait cru. Aliments de qualité, typiques, ou élaborés dans le respect de de l'environnement et du bien-être animal, ils font partie du patrimoine alimentaire français. Ces fromages au lait cru renferment une flore vivante variée, qui peut être favorable en termes de santé (bactéries lactiques diverses). Cependant, ils peuvent également comporter des agents pathogènes ; cette présence peut être observée dans un contexte où les animaux des troupeaux laitiers sont porteurs asymptomatiques de divers pathogènes dans leur tube digestif (salmonelles, E. coli, etc.). Cette présence d'agents pathogènes peut poser des problèmes de santé majeurs, particulièrement pour les populations sensibles, dont les enfants. En moins d'un an, on a recensé trois séquences de cas groupés (soit une trentaine d'enfants atteints) de syndrome hémolytique et urémique (SHU) chez les tout petits (nourrissons et enfants de moins de 5 ans) à la suite d'une infection à E. coli hautement pathogène en lien avec la consommation de fromages au lait cru. Il s'agit d'un syndrome d'insuffisance rénale aiguë, entraînant chez ces très jeunes enfants hospitalisés en urgence, un risque de séquelles rénales ou neurologiques définitives voire de décès. Si les bonnes pratiques d'élevage, l'hygiène de la traite et de la fabrication des fromages au lait cru permettent de réduire ce risque, elles ne permettent toutefois pas de garantir une absence d'exposition des consommateurs à ces pathogènes en consommant du lait cru ou des produits au lait cru. Ce risque majeur a conduit le ministère chargé de l'agriculture à rappeler les règles essentielles de consommation des fromages au lait cru et l'existence de populations à sur-risque comme les enfants selon l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Il existe en effet un sur-risque significatif (110 fois plus de risque de SHU) dans la tranche 0-5 ans par rapport à la population générale adulte. Ce sur-risque diminue ensuite avec l'âge, et rejoint la population générale à partir de l'âge de 15 ans. Dans ce contexte, la direction générale de l'alimentation a engagé des travaux avec les organisations professionnelles nationales pour coordonner les éléments de communication apportés par chacun et pour améliorer la surveillance et la gestion de ce risque sanitaire majeur.

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