Question de Mme LOPEZ Vivette (Gard - Les Républicains) publiée le 03/10/2019

Mme Vivette Lopez attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur l'influence de l'enherbement des vignes dans la propagation des incendies en période de sécheresse dans des zones géographiques spécifiques.

En effet, alors que la vigne était jusqu'à présent reconnue pour sa capacité à ralentir la propagation du feu, les pompiers impliqués sur les incendies du Gard de l'été 2019 ont constaté que l'enherbement des vignobles permettait désormais à un feu de passer d'un espace boisé à un autre par la vigne, occasionnant ainsi de graves dégâts.

L'enherbement de la vigne consiste à maintenir et à entretenir un couvert végétal, naturel ou semé, entre les rangs et autour de la parcelle afin d'améliorer la structure et la portance du sol mais aussi de protéger le sol des agressions climatiques qu'elles soient érosive, hydraulique ou encore éolienne. Si ces intentions sont louables et réellement bénéfiques dans certaines régions, la sécheresse occasionnée par le réchauffement climatique nuance ces effets dans certaines zones géographiques.

À cet égard, la sécheresse occasionnée par le changement climatique sur les vignobles du département du Gard enherbés et donc moins caillouteux, ont incontestablement permis aux feux de suivre les bandes enherbées et de se propager plus vastement.

S'il ne s'agit pas de remettre en cause globalement ces méthodes d'enherbement qui favorisent la biodiversité, il devient impératif de prendre des mesures de bon sens pour prévenir les risques et préserver le rôle du vignoble dans la prévention des incendies au sein des zones à risques. Les vignes qui jouxtent les pinèdes et les garrigues doivent être à cet égard considérées comme telles, rendant l'actuelle obligation d'enherbement caduque et remplacée par la possibilité de désherbage mécanique.

Elle lui demande aussi dans quelle mesure il entendrait modifier les cahiers des charges des signes de qualité en viticulture afin d'obtenir qu'au sein de la politique agricole commune (PAC) les « bonnes conditions des terres », (bonnes conditions agricoles et environnementales dites BCAE) intègrent ce type de recommandations.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 19/12/2019

La filière viticole est confrontée à de nombreux enjeux, parmi lesquels la réduction du recours aux produits phytosanitaires et l'adaptation au changement climatique. Elle s'est fixé des objectifs ambitieux en matière de réduction des produits phytosanitaires incluant l'interdiction du désherbage chimique sur 50 % des surfaces d'ici trois ans. Elle travaille également à l'élaboration d'une stratégie nationale d'adaptation au changement climatique prenant en compte la diversité des situations selon les bassins de production. Dans ce contexte, l'enherbement des vignes ou des tournières présente de nombreux avantages : réduction des intrants, préservation des sols et de la biodiversité et stockage du carbone. Il s'agit de tirer parti des fonctionnalités naturelles des sols pour réduire la dépendance de l'exploitation aux intrants. L'enherbement des parcelles de vigne ou de leurs abords peut être rendu obligatoire dans les cahiers des charges des appellations d'origine protégées ou indications géographique protégées, sur demande de l'organisme de défense et de gestion qui regroupe l'ensemble des opérateurs de l'appellation ou de l'indication géographique concernée. La pertinence de ces mesures au regard des conditions locales et leur articulation avec les contraintes liées au changement climatique sont examinées par l'institut national de l'origine et de la qualité lors de l'instruction de ces demandes. Le risque incendie peut faire partie des contraintes à examiner. Il convient de rappeler que l'enherbement des vignes implique un entretien régulier du couvert végétal afin que celui-ci conserve les propriétés recherchées et ne favorise pas la propagation des incendies.

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