Question de M. SAVIN Michel (Isère - Les Républicains) publiée le 23/01/2020

M. Michel Savin interroge M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la place de l'éducation physique et sportive dans le futur concours et dans la future formation des enseignants.

Après avoir supprimé l'option sport au baccalauréat, c'est désormais la place même du sport qui est questionnée dans le concours et la formation des instituteurs.

Dans un récent document transmis aux enseignants, le ministère a indiqué vouloir supprimer le caractère obligatoire de l'oral d'éducation physique et sportive (EPS) pour tous les prétendants au concours. Dans le même temps, les craintes sont grandes quant au taux horaire assuré pour la formation au sport des futurs enseignants dans le cadre de la révision des programmes.

Il y a quelques mois, une volonté de donner une place plus grande à l'EPS à l'école était affirmée, comme le préconise la Cour des comptes dans un récent rapport. Alors que la France est 119ème sur 146 pour la pratique sportive des jeunes, il est urgent de soutenir la pratique de l'éducation physique dès le plus jeune âge et d'apporter aux enseignants les outils nécessaires.

Il souhaite donc connaitre les intentions du Gouvernement à ce sujet.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 19/02/2020

Réponse apportée en séance publique le 18/02/2020

M. Michel Savin. Monsieur le ministre, voilà quelques jours, vous annonciez vouloir expérimenter dans plusieurs centaines de classes une mesure d'activité physique et sportive quotidienne obligatoire de trente minutes. C'est une très bonne nouvelle, alors que les rapports s'accumulent pour souligner le retard de la France dans la pratique sportive des élèves.

Toutefois, dans le même temps, c'est la place même du sport qui est questionnée dans le concours et la formation des professeurs des écoles, qui seront réformés à l'horizon 2022. Quelques mois après la suppression de l'option sport au baccalauréat, c'est de nouveau une mauvaise nouvelle qui est annoncée. Nous ne pouvons que le regretter.

Dans un récent document transmis aux enseignants, le ministère a indiqué vouloir supprimer le caractère obligatoire de l'oral d'éducation physique et sportive pour tous les prétendants au concours. Dans le même temps, les craintes sont grandes quant au taux horaire assuré dans la formation au sport des futurs enseignants dans le cadre de la révision des programmes.

Depuis quelques mois, comme je l'ai rappelé en introduction, vous mettez en avant une volonté de donner une place plus grande à l'éducation physique et sportive à l'école, comme le préconisait la Cour des comptes dans un récent rapport. Alors que la France est 119e sur 146 pour la pratique sportive des jeunes, il est urgent de soutenir la pratique de l'éducation physique dès le plus jeune âge et d'apporter aux enseignants les outils nécessaires.

Monsieur le ministre, face à ces enjeux, quelles sont vos réelles intentions ?

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Savin, je vous remercie d'avoir abordé ce sujet et rappelé l'importance qu'il revêt à nos yeux. Il me semble qu'il fait l'objet d'un consensus national.

Je ne saurais développer ici toutes les dimensions de l'activité physique à l'école. Pour en venir d'emblée au cœur de votre question, je rappellerai que nous menons une réforme globale de l'entrée dans la carrière enseignante. Cette réforme implique à présent, après la mise en place des deux premiers piliers qu'ont constitués la préprofessionnalisation et l'évolution de la formation initiale, de s'interroger sur la place du concours et son contenu.

Le ministère de l'éducation nationale a choisi de conforter la mastérisation, tout comme la formation universitaire : la voie de référence est le master « métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation » (MEEF). Cette transformation suppose d'adapter les épreuves du concours. Le cycle de concertation que nous menons actuellement et qui s'achèvera bientôt permet de travailler à cette adaptation dans l'écoute et l'échange. Le ministère a bien pris en compte les observations formulées : l'éducation physique et sportive sera valorisée lors des épreuves orales du futur concours de recrutement des professeurs des écoles. Je tiens à vous rassurer sur ce point.

Plus globalement, la promotion de la santé et du sport s'inscrit pleinement dans les objectifs de l'éducation nationale ; elle passe notamment par l'enseignement de l'éducation physique et sportive (EPS).

Le certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et sportive (Capeps) externe constitue le principal débouché des étudiants de la filière sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) qui se destinent à une carrière d'enseignant. Il est également la principale voie d'accès au recrutement en EPS, avec près des trois quarts des postes offerts. Les taux de pression pour le Capeps externe restent élevés au fil des sessions, du fait du vivier important que représentent ces étudiants.

Par ailleurs, les concours internes, qui viennent compléter les recrutements, permettent à la fois d'offrir une possibilité de titularisation aux contractuels exerçant déjà dans les établissements scolaires et de garantir une voie de promotion aux enseignants titulaires, par le biais de l'agrégation interne.

Les volumes de recrutement de professeurs d'éducation physique et sportive restent suffisamment élevés pour permettre un recours limité aux contractuels : la couverture des besoins exprimés par les académies lors du mouvement reste globalement satisfaisante. En octobre 2019, la part des contractuels s'élevait dans cette discipline à 2,9 % des effectifs enseignants, ce qui est très inférieur à la moyenne constatée à la même date pour l'ensemble des disciplines.

Depuis deux ans, une attention particulière est portée à cette discipline du fait, notamment, d'un accroissement prévu des départs à la retraite dans les prochaines années. Le volume global de postes offerts a par conséquent augmenté de 4 % pour la session 2019 et de 2,3 % pour celle de 2020, principalement au titre du Capeps externe. Le Capeps interne a également été réévalué : 80 postes seront ainsi offerts au titre des sessions 2019 et 2020, contre 70 postes en 2018.

Comme vous le voyez, monsieur le sénateur, le Gouvernement fait de l'éducation physique et sportive une vraie priorité. Mme Maracineanu, Tony Estanguet et moi-même soutenons par ailleurs une dynamique particulière en la matière dans la perspective de la préparation des jeux Olympiques de 2024.

Mme la présidente. La parole est à M. Michel Savin, pour la réplique.

M. Michel Savin. Merci de votre réponse, monsieur le ministre. Les professeurs d'éducation physique et sportive ont un rôle important à jouer dans la pratique sportive, mais aussi au titre d'autres missions : ils ont ainsi un rôle de formation et d'information sur d'autres sujets qui concernent les jeunes, tels que la lutte contre le racisme ou l'homophobie, ou encore les agressions sexuelles. Tous ces enjeux qui intéressent notre jeunesse doivent être abordés au sein de l'école : les professeurs d'EPS ont un rôle de prévention et d'information à jouer en la matière.

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