Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 13/02/2020

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur l'impact du changement climatique sur la viticulture.
Une étude menée par une équipe internationale de chercheurs, dont des scientifiques français de l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) et de Bordeaux Sciences Agro, a été publiée le 27 janvier 2020 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas). Les chercheurs ont sélectionné onze des cépages les plus courants à travers le monde et ont créé un modèle mathématique apte à déterminer la période de leurs divers stades de développement, avant de les croiser avec différentes données de projection du changement climatique. Les résultats sont alarmants, indiquant que 56 % des régions viticoles du monde pourraient disparaître avec un réchauffement de 2°C, 85 % avec un réchauffement de 4°C. Néanmoins, introduire davantage de diversité de cépages de vigne pourrait réduire de moitié ces pertes potentielles dans les régions viticoles dans le scénario à + 2° C et d'un tiers dans le scénario à + 4° C.
En conséquence, il lui demande ce qui est envisagé afin d'adapter la viticulture française au changement climatique.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 11/06/2020

L'adaptation des pratiques aux enjeux environnementaux et au changement climatique pour les filières agricoles est une priorité. En effet, les effets du changement climatique sur les filières agricoles sont déjà visibles et les impacts multiples. Ces conséquences sont cependant variables selon les filières. Ainsi pour les filières végétales, on constate par exemple une baisse de rendement (exemple : maïs fourrager), un déficit du stock de fourrage et des difficultés d'implantation de cultures (exemple : colza). En ce qui concerne les filières animales, les conséquences du changement climatique sont déjà considérables : lors des deux périodes de canicule en 2019, il y a eu une surmortalité de 40 % dans les élevages de volaille et de porcs, animaux élevés en bâtiment. Enfin, l'agriculture peut apporter des solutions pour lutter contre le changement climatique, en réduisant les émission directes et indirectes de gaz à effet de serre (exemple : développement de la fertilisation organique) et en augmentant les puits de carbone (exemple : développement de l'agroforesterie). Les effets du changement climatique ont été également décrits sur la vigne et le vin pour lesquels on observe des stades de développement plus précoces avec des dates de vendanges avancées dans l'ensemble des vignobles (quinze jours dans le sud de la France, plus de trois semaines en Alsace), une augmentation de la teneur en alcool potentiel des raisins, etc. Au niveau national, le ministère de l'agriculture et de la forêt est en train d'élaborer une feuille de route sur l'adaptation au changement climatique. Dans le cadre des actions prévues par le second plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC-2), cette feuille de route déclinera, de manière concrète, des mesures permettant l'adaptation des secteurs agricole, agro-alimentaire et forestier. Une des mesures de la feuille de route devrait, notamment, consister à demander aux différentes filières de définir des stratégies d'adaptation, à l'instar de celle en cours d'élaboration par la filière vitivinicole. La stratégie de la filière vitivinicole face au changement climatique est en cours de finalisation, après une phase de concertation au niveau de chaque bassin de production. Elle est articulée autour de huit domaines : approfondir la connaissance des zones viticoles, agir sur les conditions de production, favoriser un matériel végétal adapté, agir sur les pratiques œnologiques, s'adapter aux évolutions des marchés, recherche et développement et transfert, contribuer à l'atténuation du changement climatique, communiquer et former. L'évolution de l'encépagement associée à une évolution des pratiques est une des pistes envisagées pour l'adaptation au changement climatique. La liste des cépages autorisés à la plantation en France a déjà été enrichie de 37 cépages sélectionnés en raison de leur intérêt au regard du changement climatique et de la réduction de la dépendance aux produits phytosanitaires. Un certain nombre de cahiers des charges d'appellations d'origine protégées et d'indications géographiques protégées intègrent déjà, à différents niveaux, des cépages nouveaux. Une telle évolution représente un défi pour une production fortement ancrée au niveau territorial, avec des vins tirant leurs caractéristiques du milieu géographique dont ils sont issus. Les cépages constituent un des éléments essentiels de ce lien au terroir : ils sont le fruit de savoir-faire traditionnels qui ont conduit à sélectionner les cépages les plus adaptés aux conditions locales, pour produire les meilleurs vins.

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